L'Espagne n'est pas ce que l'on peut appeler une terre propice au développement du metal. Les groupes ayant émergé sont assez peu nombreux, si l'on excepte les rares cas tels que DARK MOOR, HAEMORRHAGE ou les trop sous-côtés mais très talentueux WALDHEIM, avec leur excellent album de Death Melo "Fight Against Time". De "Death Melodic Metal", il en est question justement, avec les Madrilènes de HATESKOR, signé chez "NoiseheadRecords". En effet, les ibères, nés en 2010, viennent tout juste de sortir leur premier album, "Paint My Fear", avec pour ambition, peut être, de transformer l'Espagne en terre référence de metal, comme elle peut l'être en sport.

Première impression à l'écoute de cet opus, l'ensemble sonne très "nordique". En effet, les notes introduisant "Far Beyond The Stars" se font à peine entendre que l'on se retrouve saisi par la trop grande ressemblance avec des groupes comme WINTERSUN, CHILDREN OF BODOM et, forcément, NORTHER. Faire un résumé de cet album serait simple: "prenez une compil des fondamentaux du Death Melo nordique, avec ses soli à outrance, ses titres rythmés et mélodiques, une batterie entraînante, des claviers omniprésents" et vous vous retrouvez avec "Paint My Fear". Bref, pour le côté originalité, il n'est peut être pas pertinent de s'y attarder. Néanmoins, dans l'exécution, on ne peut que saluer la prestation des espagnols. Du MDM rapide, caractérisé par des riffs puissants et s'accordant à merveille avec les claviers, à l'instar de "Mirror's Eye". Avec ces mélodies, on retrouve ce qui avait fait des merveilles il y a de ça une dizaine d'années déjà, faisant du "Death Melo" un style si particulier, alliant à la brutalité ce contexte légèrement sombre que CHILDREN OF BODOM avait pu faire avec des titres comme "Bodom After Midnight" ou "Silet Night, Bodom Night". L'ensemble se veut d'ailleurs aussi incisif que ces illustres références, et risque de briser quelques nuques !

Mais pourquoi cet album ne mérite pas qu'on y accorder une attention plus importante ? En quoi cet album peut-il être décevant ? La réponse est assez simple: le chant. Les backing voices du guitariste sont utilisées à bon escient, et auraient même pu être davantage mises en avant. Le problème tient donc du chanteur principal, beaucoup trop inconstant. "Pool Of Decadence" en est la parfaite illustration, Skorza étant capable du meilleur, mais surtout du pire sur ce morceau,avec une voix parfois un peu trop caverneuse, qui ne se marie pas du tout à la rythmique instaurée par ce titre. Idem pour "The Curse", l'un des titres les plus rapides de l'album, mais avec un chant si décevant que l'exceptionnel solo de ce titre paraîtrait presque anecdotique tant la déception est grande. Ce manque de puissance vocale constitue un réel préjudice, et il faut espérer que cela n'est dû qu'à un défaut de jeunesse, d'inexpérience dans le domaine (Skorza évoluant également chez MURO, du "Speed Metal").

Pour un premier jet, HATESKOR s'en sort relativement bien, le "Death Melo" nous ayant offert tellement de plaisir que l'on en deviendrait presque trop exigeant. En définitive, on pourrait presque dire que cet album est celui que BODOM aurait dû sortir en lieu et place d'un "Are You Dead Yet" ou "Blooddrunk".