S'il y a bien un style de metal qui fait couler beaucoup d'encre, c'est bien le "metal progressif". Jugé trop dense pour certains, démonstratif pour beaucoup d'autres, ce style est bien souvent décrié. Une fois n'est pas coutume, la cible de ma chronique est un groupe de "metal progressif", un pur et dur. De la démonstration de "branlette de manche" non suppléée par des parties vocales. Juste un groupe qui fait chanter ses instruments et manie l'instrumental comme personne. Il nous propose "Hijack", un album qui fera taire tous les détracteurs de ce genre.

Mais avant de vous parler du contenu, il sera inévitable de passer par la case présentation, car le passé du groupe n'est pas anodin. Si je chronique cet album, ce n'est pas un hasard. Le progressif n'étant pas forcément ma tasse de thé, il faut avouer que PLUG-IN possède de sérieux atouts pour convaincre la plupart des amateurs de bon son à y jeter une oreille.
1999 rime avec premier EP et line up stable jusqu'à l'année suivante, car le trio va ensuite perdre son batteur qui ira rejoindre les rangs de LOFOFORA. PLUG-IN entrera alors en hibernation pendant 2 ans pour ensuite revenir sur le devant de la scène en 2001 et faire la première partie de BUMBLEFOOT ! Le rêve ne s'arrête pas là et c'est par la suite que Mobo et Fanalo sont recrutés par Ron Thal pour intégrer son groupe sur la tournée Française. L'exposition médiatique n'a jamais été si forte et en 2005, PLUG-IN peut donc se remettre sur rail et travailler sur leur premier album.
Si les quelques problèmes de temps et de matériel ont entaché la sortie de ce "Hijack", l'attente en valait largement la peine. Car en plus de proposer un album de qualité, ce quatuor a réussi a réunir les guitar heros les plus en vogue de la planète metal afin de proposer de sacrées interventions au niveau des solos de guitare.

Shredders de tous les coins de la planète, vous allez être heureux ! L'année 2011 sera la vôtre ! "Hijack" sera un album qui risque d'être usé par les nombreuses écoutes. Les Bordelais ont pris leur temps, 10 ans en tout; mais ces dix ans d'attente en valait clairement le coup. Ce neuf titre renferme un travail monumental qu'on avait pas vu depuis longtemps. Ce qui est surprenant lors de l'écoute de ce Cd, c'est la différence entre les interventions des invités et le travail fait pas le combo lui-même. La différence ne s'entend pas ! Ce quatuor est loin d'être manchot. Heureusement que les infos présentes sur l'album précisent qui fait quoi comme solo, car la qualité de ces derniers est identique pour les deux camps. Lorsqu'il mêlent leur talent comme sur les titres "Texas Instruments" où Denis Cornadeau vient préter main forte à Fanalo, ou bien sur "Ron To The Hill" ou Ron Thal et Jean Fontanille viennent également faire chanter leurs guitares avec celle de Fanalo, l'alchimie est telle entre les guitaristes, que l'on prend un réel plaisir à écouter cette galette où maîtrise technique est le maître mot. Cependant, le coté agréable de ce disque réside dans la production qui ne donne pas un coté trop machinal comme l'on en entend bien trop souvent de nos jours. Ayant voulu conservé un mixage naturel, cet album sonne comme une session de jam entre musiciens exceptionnels. Certes, il n'est clairement pas destiné à tout ceux dont le "metal prog" n'est pas la tasse de thé, mais bel et bien à toute cette frange d'amateurs de bonne musique ou s'enchevêtrent diverses mélodies et rythmiques affolées.
Le seul point faible de cette galette reste la mise en retrait de la section batterie/basse. Plutôt axé sur les guitares – ce qui n'est pas une mauvaise chose au final, puisque l'album est très bon – la partie rythmique est délaissée injustement, car elle en a aussi dans le ventre. Sur des titres comme "Dangthal" ou "Hijack", on aurait préféré qu'elles aient leur moment de gloire, faisant preuve de prouesse technique hallucinante, mais il ne faut pas oublier que si tout ces guitar heros sont là, ce n'est pas pour rien...
On ne boudera pas notre plaisir pour autant et on ira se délecter par exemple des battles de guitare de Matthias Eklundh (FREAK KITCHEN) et Christophe Godin (MORGBL), qui se donnent la réplique a coup de solo bien senti. Des collaborations de ce style, le disque en regorge et va vous transporter au fil de ses mélodies.

À la fin de l'album, l'auditeur en ressortira tout chamboulé. Autant d'émotion en si peu de temps fait forcément quelque chose. Cet album est là pour donner suite à un trop plein d'idée qui a fourmillé dans les têtes pendant une dizaine d'années. Avoir en plus la chance de côtoyer les meilleurs guitaristes du style est un cadeau en or que le quatuor s'offre et offre à ses auditeurs. En un album, PLUG-IN vient de rentrer dans la cour des grands, et les faire sortir sera une tâche difficile tellement ils ont l'air décidés d'en découdre avec le reste de la scène "prog/instrumentale". Un album à posséder pour tous fans qui se respectent.