Comme les maîtres du hardcore new school que sont Nostromo, Unfold nous arrive de Suisse, officiant dans un registre cousin (germain) des premiers cités. Nos amis helvétiques ont déjà sorti un album, 2 split et un mcd, ce Aeon Aeony qui a été produit par Pelle Henricsson (Refused, The Hives, Breach) et Magnus Lindberg (Cult of Luna) est donc leur deuxième album.
Celui-ci est composé de 10 morceaux hardcore à tendance doomesque et post rock dans la mouvance créée, par Neurosis, de groupes tels que Cult of Luna ou Isis.
En réalité il ne reste plus grand-chose des influences hardcore si ce n’est la voix hurlée de Danek qui sait se placer habilement sur la structure des morceaux pour en faire émerger toute la violence. Une petite tentative de chant clair est réalisée sur « We remember the king », et même si elle n’est pas transcendante celle-ci est plutôt réussie et de bon goût. Passons maintenant aux guitares. A l’instar de ses grands frères de Cult of Luna elles sont très lourdes avec un son bien gras typé stoner en plus distordu, sous accordées bien évidemment pour permettre aux riffs oppressants de prendre toute leur ampleur. Les riffs oppressants sont parfois suivis de mélodies lancinantes dont le plus bel exemple est celle présente sur « Sabre Lilas » accompagné par un chant désespéré tout en nuance.

Les guitares sont appuyées par une basse monstrueuse, distordue et inquiétante, dont les lignes très rythmiques ne font que renforcer les atmosphères chaotiques créées par les guitares et le chant. Cette basse est assurément le point fort de ce groupe et apporte énormément à la musique. Ces atmosphères sont rendues dynamiques par une section rythmique parfaitement adaptée au style suivant les variations de rythme et les subtilités mises en place avec un son de caisse claire raisonnant très appréciable. Cependant elle évite habilement les remplissages abusifs. Tous ces éléments nous donnent donc une musique aux ambiances progressives allant du chaos oppressant, aux montées mélodiques épiques en passant par des passages stridents ou des parties calmes en son clair faisant parfois penser à des groupes de rock tels que Mogwai ou Godspeed you black emperor. On retrouve également deux interludes au piano, que je trouve plutôt dispensables, mais elle restent cependant réussies.

On a donc à faire avec ce Aeon Aeony a un album tout à fait honorable, nous offrant de bons moments d’émotion et de violence. Cependant la qualité n’est pas homogène tout au long des différents morceaux que ce soit, entre les différentes compos ou au sein d’une même chanson. Album très conseillé donc pour les amateurs du genre, en revanche pour les autres ce groupe ne fait pas vraiment le poids par rapport aux grosses pointures que j’ai citées précédemment même si Unfold a réussi à se créer une véritable personnalité.