Prêts à faire entrer un peu de fraîcheur automnale dans votre salon ? Ouvrez la fenêtre, ou placez "Agape", le troisième album de LANTLÔS sur votre platine.

Pour rappel, LANTLÔS est un projet/groupe allemand dans lequel les plus accros historiens de line-up du metal reconnaîtront Neige, ex PESTE NOIRE, ex CELESTIA, frontman d'ALCEST, etc. Etc.
"Ex-cetera" car la présence d'un musicien "renommé" dans un autre groupe induit souvent l'erreur grossière de prendre ses précédentes réalisations comme éléments de comparaison.
Car si un musicien s'implique dans d'autres groupes, n'est-ce pas justement pour faire autre chose que l'exercice pratiqué habituellement ?

Evidemment, l'exemple ne marche qu'à moitié ici, puisque les musiciens de LANTLÔS ne sont pas particulièrement expansifs, et tout le monde peut donc en déduire facilement que le groupe ne va pas donner dans le "heavy metal". La signature sur "Lupus Lounge (Prophecy records)" est aussi un bon indice quant au contenu sonore présenté ici.
Le label glisse d’ailleurs une petite note : "Lantlôs ne fait pas partie de ces groupes habituels de post-black mais fait évoluer le genre à un degré supérieur". Étonnement, beaucoup de groupes ne souhaitent pas coller d'étiquette de style sur leur musique, ce qui pourtant n'a rien de péjoratif.
Désolé donc pour LANTLÔS, mais mieux vaut appeler un chat un chat, surtout lorsque l'écoute d'"Agape" ne révèle aucun élément sonore particulièrement novateur.

Bien sûr, la musique produite n'est pas banale. Bien que déjà exploré ces derniers temps, le mélange "black metal/post rock" est toujours plaisant. "Agape" passe ainsi au sein d'un même titre à des ambiances très denses, puis soudainement, à des atmosphère planantes très épurées. Alors que l'esprit se retrouve bercé par des mélodies lointaines, le retour brutal du chant agressif ferait presque sursauter ("Intrauterin"). L'exercice vocal est ici maîtrisé, avec un timbre hurlé incisif et profond, et des parties claires murmurées lors des passages plus doux.

De la douceur ? Oui, il en est souvent question sur cette troisième réalisation et ce, malgré le reliquat de quelques blast ("Bliss").
L'opus se distingue plus de par ces atmosphères parfois "jazzy" et par sa lenteur que par sa violence. Une lenteur et un minimalisme proche parfois de l'arrêt total, comme sur le titre "You feel like memories", où les musiciens semblent tourner le dos à leur auditoire, causant presque un "blanc" lors du cheminement de l'écoute.
Clairement, "Agape" décevra les amateurs de "post black" torturé, glacial et violent, pour s'adresser un public plus attiré par l'aspect introspectif de la musique.
Assurément, LANTLÔS est à l'aise aussi bien dans ses compositions aux guitares écrasantes que dans l'art de créer des ambiances plus envoûtantes.
35 minutes, le voyage est tout de même un peu court. En effet, l'émotion finale se rapproche plus de l'impression d'avoir effectué une agréable petite ballade rafraîchissante que celle d'avoir plongé au coeur de ses plus profonds tourments.

Un disque "bien sympathique"? La dénomination fera sans doute bondir les musiciens. Mais "Agape", sans être transcendant, se laisse facilement réécouter et constitue un moment agréable de musique mais aurait certainement peut-être pu être travaillé, creusé davantage.