Même si le nom d’HELMUT, jeune loup fondé en 2007, ne vous dit rien, le groupe tout droit venu de Suisse n’en est pas à son premier méfait, même si leur premier opus prenait forme sous des traits autrement plus virulents et brutaux. Malgré le court laps de temps, les Helvètes sont capables de faire preuve de réflexion à la vitesse de l’éclair et pour ce «XI IX XI», ils semblent en être arrivés à deux conclusions. De une, on peut se montrer viril et rock’n roll avec d’autres armes que la brutalité. De deux, il n’est pas obligatoire de venir du Texas pour s’adonner aux trips sudistes sentant bon la graisse et l’huile de vidange. D’ailleurs, pour cette deuxième phrase, des Normands répondant au patronyme d’HEADCHARGER y ont également réfléchi et ont l’air de s’être accordé à la même conclusion que leurs voisins (avec une petite longueur d’avance, certes).

En résulte donc un «XI IX XI» "hardcore", puant le "stoner" et le "blues" à plein nez. L’influence d’un ZZ TOP n’est pas loin, un DOWN non plus d’ailleurs. Et le résultat n’y va pas par quatre chemins. C’est bourré de testostérone, grasouillet à souhait. Mais surtout direct et immédiat. Pas besoin de jouer à la surenchère de sophistication, même si le mélange est appliqué avec la précision d’un petit chimiste en herbe, le tout est intense et groovy, provient des tripes. L’esprit rock’n roll est là, la concentration de Harley en plein milieu d’une campagne du Nevada sableuse et désertique n’est pas loin. HELMUT surprend par sa maîtrise alors que le groupe n’en est finalement qu’à son stade juvénile et convainc sans peine par son doigté et son feeling. Tout ça sort des tripes sans prétention aucune avec une telle sincérité qu’elle arrive à passer au-delà du stade du simple copiage. Même si on pensera à de nombreuses reprises à des groupes comme ZZ TOP, DOWN, CROWBAR, HEADCHARGER mais également d’autres ombres planantes en périphérie telles que MESHUGGAH ou des Géorgiens de BARONESS, les influences du groupes qui doivent se révéler extrêmement variées sont très bien digérées pour être recrachées avec une identité plutôt bien affirmée pour leur âge. Même si on peut percevoir quelques subtiles traces d’immaturité çà et là (en terme d’influences bien trop évidentes par moments), force est de constater que le quintette possède de l’or dans les doigts et nul doute que lorsque l’osmose entre toutes ces personnalités arrivera à maturité, on arrivera à quelque chose d’énorme tant HELMUT possède dans sa besace de solides arguments pour rallier les foules à sa cause.

En attendant, «XI IX XI» joue dans le rayon des fruits et légumes des fins gourmets. Une bonne grosse patate dans les faces suivie d’une belle banane sur les visages. Le tout généreusement assaisonné à l’huile d’olive, et voilà un solide petit déjeuner pour attaquer la journée du bon pied !