Le monde du metal français, comme celui d’énormément de pays non anglophones, se plaît à chanter en anglais, et ça ne réussit pas si mal aux groupes les plus connus de chez nous, les DAGOBA, GOJIRA, BENIGHTED, etc… Et même chez les groupes plus underground, le français n’arrive que difficilement à se faire sa place au soleil.
Dans la belle province du Québec, le constat est peu ou prou le même, les groupes les plus connus (KATAKLYSM, VOIVOD, UNEXPECT, THE AGONIST ou encore BLACKGUARD) ont optés pour la langue de Shakespeare dans la majorité de leurs paroles. Pourtant, quelques groupes d’irréductibles francophiles continuent envers et contre tout à prêcher la bonne parole dans un admirable françois… POLISHDÈBIN est un jeune groupe originaire de Lachute dans les Laurentides qui fait partie de cette race en voie de disparition et nous présente leur premier album « Brown’s Beurk ».


Le groupe, vous l’aurez compris à leur nom et à celui de l’album, chante en français des textes plutôt humoristiques, ce qui en soi les rapproche de tous les groupes canadiens français connus : MONONC’SERGE & ANONYMUS, OVERBASS, B.A.R.F, LES EKORCHÉS, KERMESS, … Mais plusieurs éléments leur permet de se distinguer un peu de ces noms : la première, c’est le coté "heavy-thrash groovy" assez dansant sonnant 80’s avec quelques soli avec une voix hurlée plus moderne, presque néo plutôt maîtrisé, Le revers de la médaille étant qu’elle s’avère difficile à comprendre la plupart du temps. Les paroles sont moins léchées que chez MONONC’SERGE et en les lisant, on a quand même moins de ces expressions québécoises incompréhensibles dans le texte, à part lors des transitions parlées du groupe. L’esprit est festif et sympa (un peu à la manière d’un MUNICIPAL WASTE) : une chanson sur la bière « Molson Black », quelques chansons simili-contestataires « Woupelaye », « Dictatura », une chanson sur le hockey : « Sport National » très sympa par ailleurs, d’autres sur des anecdotes de la vie du groupe comme « Perdu en Beauce », ou « Patatrack » qui nous narre un accident subi par le groupe après un concert. Musicalement, les titres sont assez variés et le niveau hétérogène, certains passent très bien (« Molson Black », « LaShit », « Perdu en Beauce »), d’autres sont bien plus insipides (« Le band est mort », « Polishdébin »), la production maison ne les servant pas super bien non plus. L’instrumental « The Only Song in English » est assez puissant, efficace et passe très bien sans parole. Enfin, on notera l’introduction et la conclusion, bien débiles comme il faut, la première « L’Homme Fatal » présentant une méthode de séduction peu au point, la seconde « Petite bière pour enfants » est parfaitement résumée par son titre.


Au final, POLISHDÈBIN montre avec ce premier album quelques bonnes dispositions. Le renouveau d’une certaine scène ? Il serait bien prématuré de se poser la question, d’autre part une immaturité et le niveau trop faible de certaines compos nuisent à la prestation d’ensemble. On retiendra de la bonne volonté, certaines compositions accrocheuses et convaincantes, une personnalité qui doit encore s’affirmer et mûrir et on attendra la suite pour trancher, en étant optimiste toutefois, car la marge de progrès semble grande.