Il existe un proverbe qui dit qu’il ne faut pas se fier aux apparences ni aux idées préconçues. Je me souviens d’avoir choisi de chroniquer RE1IKT parce que le groupe était estampillé « Black/Death/Indus », et bien que je ne sois pas un grand connaisseur en termes de « Black Métal », l’étiquette me semblait alléchante et promettait un mélange original. C’est donc avec surprise que j’ai pu découvrir et me rendre compte que cette formation Biélorusse, maintenant basée à St Petersbourg, pratiquait en réalité un « Métal Progressif » teinté de « Folk ». Fondé en 2006, le combo, habitué aux autoproductions, nous offre son dernier album « Reki Prabili Liod » (littéralement Les rivières émergent de la glaçe) , pour le plus grand plaisir de nos oreilles.

Bien souvent, tout ce qui vient des pays de l’Est suscite étonnement et curiosité. Qui n’a jamais douté de la qualité d’un album enregistré par un groupe de l’ancien bloc Soviétique ? Qui ne s’est jamais posé la question de savoir à quoi cela ressemblerait ? Nos réactions sont hélas parfois machinalement guidées par des préjugés. Mais le domaine artistique a largement évolué dans ces contrées et RE1IKT profite ainsi de cet essor pour poser ses marques dans un contexte déjà bien chargé par la concurrence, avec de nombreuses autres formations, mais dont certaines ne mettent pas toujours du cœur à l’ouvrage.

Pour rentrer dans les détails, on remarquera que la pochette utilise des couleurs pastelles entourées dans un cercle sur fond blanc qui lui confèrent un ton fade. Bien que ce soit l’aspect visuel qui attire nos choix en général, reconnaissons que l’illustration n’est pas le point le plus important dans la conception d’un album, et que cela n’interfère pas avec la façon dont celui-ci va être perçu. Imaginez, si l’on ne s’était pas attardé sur tous les albums dont la pochette était horrible, on serait certainement passé à côté de pas mal de bonnes choses.

Musicalement, les premières notes neutralisent tous les soupçons que je pouvais me faire sur la manière dont allait sonner ce disque. En effet, les arpèges sont clairs, bien travaillés et il ne faut pas longtemps pour réaliser que l’album bénéficie d’une qualité sonore très satisfaisante. Comme à l’accoutumée en ce qui concerne les groupes « Progressifs », les titres sont longs (environ 10 mn chacun) et bien que leur composition semble quelque peu complexe, ils délivrent de très belles mélodies et ne donnent à aucun moment l’impression de se perdre dans les accords, ni de s’ennuyer en pleine écoute. Cette sensation est peut-être dû au fait que RE1IKT nous propose une musique qui prend ses racines dans le « Métal Progressif » et le « Post Métal », auxquelles viennent s’ajouter de légères nuances de « Doom » ainsi qu’une bonne influence de musique folklorique. Les voix sont enregistrées dans la langue de Staline et sont très bien soutenues par un chanteur qui se sert des tonalités medium-graves, rappelant de temps à autre un certain SERJ TANKIAN. Le côté lyrique est accentué avec la reprise du chant traditionnel «Rana Na Ivana » et apporte par la même occasion un regard moderne sur les coutumes.

« Reki Prabili Liod » est un album très abouti, il ne laisse jamais l’auditeur sur sa faim et capte bien l’attention grâce à son architecture technique et mélodique. Pour tous ceux qui ont aimé « 10,000 Days » de TOOL, cet opus ne manquera pas de vous séduire. Il est d’ailleurs disponible gratuitement en téléchargement via le site du groupe, ou en échange d’une donation du montant de votre choix. Ces petits gars de l’Est ont réussi à créer quelque chose de spécial à découvrir absolument.