Après un « Blank Solstice », fort réussi, sorti en 2009, le trio Bordelais APPOLLONIA nous dévoile ici sa nouvelle œuvre : « Crimson Shades ». On aurait pu parier sur une redite, tant le précédent rejeton possédait déjà toutes les qualités d’un groupe mature et original. Loin de se reposer sur ses lauriers, le groupe a décidé d’agrémenter son « post-core » tendance « sludge » de variations pop-rock du meilleur effet (ça lorgne parfois vers la « pop-emo » des NADA SURF qui se serait acoquinée à l’énergie rock des QOTSA…).

Les bases restent celles professées pas le groupe de par le passé, mais il est fort agréable de constater que l’ouverture d’esprit de ces jeunes « apollons » s’est considérablement dilatée (n’y voyez ici aucune connotation sexuelle, quoique !). La démarche est moins « monolithique », et le pavé dans la gueule, même s'il reste bien présent, à des relents de douceur : La voix typiquement « hard-core-screamo » et déchirante, laisse place à un chant clair hyper classe et suave, toujours utilisé à bon escient (on songe presque aux BEATLES sur le sublime passage pop acidulé du titre « Redeemer »). Les guitares sont tantôt pachydermiques, parfois empreintes de psychédélisme et ô surprise, par quelques occasions deviennent acoustiques (« Sol », en conclusion de l’album). Le duo basse-batterie est particulièrement en parfaite osmose et ne tombe jamais dans l’excès. Le combo s’approche en permanence du « prog » sans tomber dans la complexité ou dans la démonstration technique « prise de tête ».

La production a été confiée à Franck Hueso, qui une fois de plus a concocté un son aux p’tits oignons. Vous l’aurez compris APPOLLONIA propose une musique tout en contraste, entre prog-rock psychédélique à la MASTODON et post-core intelligent et inspiré. Une démarche qui n’est pas sans rappeler celle des SONIC YOUTH (Attention, les deux groupes ont peu de ressemblances). Un zéro faute. Un album hyper riche et soigné, à posséder d’urgence !