SPELLCRAFT est un groupe de Black Metal espagnol formé en 1996 ; trois démos et onze ans plus tard, ils sortent un premier album salué par les fans du genre. Après une autre attente de quatre ans, voici venu leur second album, « Yersinia Pestis », qui reste dans la lignée de ce qu'ils ont l'habitude de faire - c'est à dire un raw Black Metal directement inspiré par la scène scandinave des années 1990. Corpse paints et attitude inclus.

« Yersinia Pestis » est le nom de la bactérie responsable de la peste (nommée d'après le docteur Yersin, qui l'a découverte) - un bien joli titre d'album qui présage tout ce qu'il faut de mort, de souffrance et de désespoir qui sied à un bon album de Black. La pochette de l'album est aussi dans le ton. Des ténèbres surgissent un démon, de la fumée et des serpents... On commence à comprendre où l'on va mettre les pieds...

SPELLCRAFT n'ambitionne pas de révolutionner le Black Metal, ce n'est pas leur affaire. Les musiciens souhaitent rester fidèles aux racines de ce genre musical et délivrent de bonnes compositions selon les codes déjà établis. Et la qualité est au rendez-vous, notamment au niveau des riffs de guitare (souvent réminiscents d'EMPEROR) ou la batterie qui mitraille de la double pédale à vitesse grand V tout en variant souvent les rythmes pour que jamais l'auditeur ne se lasse. Les vocaux Black ne sont pas les plus agressifs qui soient, mais restent haineux à souhait. Le chanteur utilise également une belle voix claire incantatoire sur certains morceaux comme l'épique « Taste the reptile skin » ou l'envoûtante introduction « Tierra Profanada » à l'instrumentation Folk qui laisse transparaître, pour notre plus grand plaisir, les origines espagnoles de SPELLCRAFT.

Les morceaux sont variés, tant dans leur longueur (de 1min35 à presque 8minutes), que dans les riffs riches qui foisonnent et les tempo changeants. Entre les moments calmes, les accélérations décoiffantes, les moments plutôt mélodiques ou plutôt agressifs, tout est fait pour retenir l'attention. Il n'y a que les cris du chanteur que je trouve un peu monotones et lassants à certains moments, avant qu'il ne change un peu son approche pour raviver l'intérêt - d'autant plus que sa voix est mise très en avant dans la production (un peu au détriment des guitares). Mais ce n'est qu'une question de goût, Midgard est loin d'être un mauvais chanteur de Black Metal, sa prestation est solide comme un roc dur et froid. Quant au batteur, il est parfaitement audible et martèle sèchement son kit avec une belle dextérité. Beaucoup de violence, un soupçon de mélodie, des riffs épiques et sombres... Du Black Metal, du vrai.

Vous l'aurez compris, SPELLCRAFT se situe dans la grande tradition du Raw Black Metal et délivre un travail bien ficelé et ténébreux. Rien de très inventif, mais le tout reste de très bonne facture. Les aficionados du genre devraient se pencher sur ce nouvel album et se laisser contaminer par les germes mortels qu'il contient. En espérant que l'agonie soit longue...