Un One-Woman Band, voila qui n’est pas commun, qui plus est français.
Skinsitive, puisque c’est de lui que l’on parle est le bébé d’une jeune femme francilienne nommée Virginia Fernson. Ce premier album auto-produit « Her(tz)oïn » est une œuvre complexe et intense comme son titre si particulier. Nous narrant des histoires de poisson bleu mangé par un poisson rouge dans un univers à la fois personnel, imagé et psyché, elle navigue dans un univers bien à elle se révélant dans un artwork très artistique et des noms de chansons quelque peu barrés. L’album est produit par Zoé Von Herrschaft, bassiste de The CNK depuis relativement peu de temps. Et alors que je m’apprêtais à rédiger quelques mots sur le thème « il est rare de voir une femme productrice », je me suis aperçu, après recherches, que Zoé est en fait un homme à mon grand étonnement…

Musicalement, la demoiselle mène sa barque entre indie rock et metal industriel, ambiances popisantes et punkisantes, violence et légèreté. L’album est long et complexe, chaque morceau distillant une atmosphère propre sans linéarité ; d’ailleurs aucun morceau ne possède de vrai structure basique refrain-couplets. La plupart du temps, ils sont basés sur des enchainements de climax d’intensité et de passages plus intimistes. Stylistiquement, il est difficile de ne pas penser à Nine Inch Nails sur l’intensité générale mais avec des passages plus pop-rock à la PJ Harvey. La voix fait preuve d’une certaine diversité puisque derrière le ton « voix claire posée » le plus courant, on a des voix haut perchées plus baroques à la Nina Hagen (« Fuckorama », « Godless ») et quelques voix hurlées. Des passages Mansonesques enchainent sur des choses plus éthérées à la « 30 Seconds to Mars » ou nerveux et catchy à la « Skunk Akansie », très rock pas forcément si loin d’Izia (le début de « Nostalgicide » par exemple) ou encore carrément indus et inquiétant, plus proche de « The Birhtday Massacre ». Tous les morceaux ont leur propre personnalité ; cela va de l’oppression engendrée par les claviers d’un « Sickzophrenia » à la puissance de « In The Whoredom of Hell » ou alors la ballade avec « Carol-Ine ». La chanson « Skinsitive » démarre également par une introduction très pop avant de partir sur des choses plus sombres. Les paroles sont essentiellement en anglais malgré quelques passages narratifs récités en français. Parfois, il y a des phrases répétées en boucle pour donner une sensation entêtante. Parfois, c’est bien fait, parfois plus malvenu (la fin de « Anxiorexia » par exemple). J’ai une attirance particulière pour le piano dissonant d’un « Ali3n 5tar » qui montre une vraie maîtrise harmonique de la part de son auteur.

Au final, c’est un très beau premier album de plus d’une heure, vraiment personnel, on sent sans peine toute l’implication et le travail fait en amont de sa sortie. Après, il faut parvenir à rentrer dans la recette proposée qui ne sera pas du goût de tout le monde. Il y a des choses meilleures que d’autres avec en mon sens une petite baisse de régime sur la fin, mais je suppose que tout prend son sens dans le concept défendu. Bref, c’est une artiste à suivre que cet album révèle, le genre qui ne cherche pas à suivre ou à éviter quelque courant que ce soit, mais qui joue ce que sa sensibilité lui inspire et qui par ce biais, convainc…