En Ukraine, il y a quelques groupes qui font du metal et 90% du temps, ils font du black metal. La plupart du temps, c’est d’ailleurs du pagan black comme le font les groupes les plus connus du pays : « Nokturnal Mortum », « Drudkh » et « Kroda ». Mais il ne faut pas oublier le black death de Hate Forest ni les plus trues « Lucifugum » ou « Moloch ».
Mais enfin, si vous aimez les trois premiers, vous ferez bien de jeter une oreille sur Zgard. Ce groupe ukrainien a étonnamment sorti deux albums en début d’année à quinze jours d’intervalle sur deux labels différents et avec des line-up pas tout à fait identiques puisqu’un flutiste, Hutsul, officiait sur le premier « Spirit of Carpathian Sunset » alors que sur celui-ci, « Reclusion », l’unique membre Yaromisl s’en charge en plus du reste des instruments et des vocaux.

Là où l’autre album s’engage dans un black metal folklorique assez classique mais efficace, « Reclusion » est plus compliqué à cerner. Il suffit de voir son artwork avec des planètes qui ressemblent à tout sauf à l’image qu’on se fait de l’univers folklorique ou pagan. Musicalement, on a affaire à sept longs titres chantés en ukrainien et assez planants plus une introduction qui l’est tout autant. Le premier morceau éponyme est pas mal basé sur un riffing de guitare plutôt répétitif avec une voix rauque psalmodiée assez bizarre faisant penser à des cantiques. Cette voix est d’ailleurs un des éléments auquel il faudra s’habituer pour rentrer dans la musique de Zgard. Paradoxalement, ce titre m’apparaît être le moins bon de l’album. Les moments les plus prenants sont ceux où les effets de synthétiseurs règnent en maître avec ce travail effectué sur les ambiances comme sur les plages atmosphériques intenses de « Witchcraft of Winter », les passages symphoniques majestueux de « Eternity » ou les fioritures electro de « Despair ». Je trouve d’ailleurs dans ces nappes de claviers un effet assez aérien presque spatial qui me fait presque penser au « Sideshow Symphonies » d’Arcturus, même si le rendu final en est loin. La flûte est reléguée au second plan, mais lorsqu’elle est présente, c’est à bon escient ainsi à la fin de « Rise of Coldness » où elle donne un coté sombre à la Aes Dana.

Bref, pour les amateurs de black folklorique ukrainien, voilà un groupe à découvrir. Ce one-man projet sort deux premiers albums plutôt honnêtes (l’autre, j’ai trouvé quelques vidéos sur le net) : le premier est plus traditionnel que celui-ci qui s’avère au final plus intéressant, prenant même quelques risques progressifs convaincants comme sur « Despair ». Si les défauts inhérents au genre (morceaux quelque peu trop longs qui manquent de moments-clefs) rebuteront ceux qui n’en ont pas l’habitude ou le goût, cet album trouvera sans doute son public. A essayer donc !