Deux ans sans nouvelles de L.O.N… De quoi inquiéter, tant ce jusqu’au-boutiste polonais nous avait habitués à un rythme effréné de sorties (une à trois par an, voir les chroniques précédentes). Il semble d’ailleurs que depuis quelques temps, les intervalles tendent à s’allonger, pour notre plus grand bonheur (À croire qu’ici, le rythme de composition décroit proportionnellement à la perte de créativité).

Car après une série d’albums qui s’auto-plagiaient, voire s’auto-parodiaient (il est en effet bien difficile de trouver une quelconque différence entre la musique atmosphérique mid-tempo, épurée et insipide proposée sur « Neoheresy », « Kry », « Wiara, nadzieja…,potepienie », etc.), il faut avouer que l’on ne trépignait pas nécessairement d’impatience avant la sortie de « Damnaretis », quinzième album d’HELLVETO.

Et alors, ces deux années furent-elles décisives ? « Damnaretis » est-il l’album du renouveau ? Du retour de l’inspiration ?
Dès les premières notes du titre liminaire, la réponse est claire : HELLVETO n’évolue pas d’un iota, à notre grand désespoir. C’est bien simple, la question se pose même de la réelle nouveauté de cet album, de sa distinction par rapport à son prédécesseur. Il s’agit donc toujours d’un pagan metal atmosphérique, mid-tempo, oscillant entre GRAVELAND et NEGURA BUNGET (l’audace et la créativité en moins). Les guitares répétitives, entre les accords plaqués et les mélodies acoustiques discrètes, sont de plus accompagnées le plus souvent par des nappes de synthés et des breaks atmosphériques épiques et par des vociférations éraillées, écorchées vives.

À faible dose, pourtant, les ambiances développées par L.O.N ont les arguments pour séduire, car les idées sont présentes (en témoigne par exemple l’hypnotique « Sznur odkupienia »). Néanmoins, dans le contexte global d’un album beaucoup trop homogène, voire beaucoup trop répétitif, l’ennui s’installe progressivement. La recette est éculée, malheureusement, et l’architecture d’ensemble est largement prévisible. On se laisse donc bercer par ces dix (trop longues) compositions, en arrière-fond, en attendant que ces (laborieuses) cinquante-trois minutes ne s’achèvent, enfin.

L.O.N démontre une nouvelle fois ses difficultés à proposer quelque chose de véritablement nouveau, de déplacer d’un iota les lignes d’une musique qui, depuis plusieurs albums maintenant, tend à s’étouffer dans sa propre routine, dans sa propre redondance et lassitude. En dépit de cette période de deux années depuis « Wiara, Nadzieja…, Potepienie », rien n’y fait, la magie n’opère plus, tout y est convenu, prévisible ; rien ne sort véritablement du lot. À trop vouloir coller à un style, on finit par y diluer son inspiration. Là où NEGURA BUNGET ou DORDEDUH parviennent à proposer des transitions logiques, des modifications rythmiques et mélodiques, HELLVETO s’embourbe dans une persévération quasi obsessionnelle. Et c’est vraisemblablement le fléau qui sclérose littéralement ce one man band.