Parmi les lecteurs et lectrices fidèles qui arpentent nos pages, il ne vous échappera que cet album a déjà été chroniqué il y a quelques mois lors de sa sortie . Mais entre temps, le trio, véritable fer de lance du collectif Métal Urgence qui nous vient tout droit de Limoges, n'a pas chômé. Suite à des prestations scéniques remarquées, ils ont opéré un changement de label passant de Asylum Ruin Records à L'O.M.C Laudun et une distribution chez les renommés Season of Mist. Et il y a fort à parier que si vous étiez passés à côté en mars de cette année, Syrinx a désormais les cartes en main pour s'imposer dans votre esprit comme l'un des dignes représentants du metal extrême made in France.

Véritable parpaing dans les gencives, « Contest the void » est un premier effort intense qui laissera plus d'un auditeur sur le carreau. Dès le premier titre « Cold Turkey » le ton est donné . Syrinx fait dans le Death moderne de haute volée et l'expression power trio prend tout son sens. Xavier martèle ses fûts à une vitesse surréaliste digne d'un maître Jedi. Les riffs de guitare sont à la fois nerveux et terriblement efficaces, la complexité étant ici mise au service de la puissance. La basse ronronne, claque, précise et ronflante et se permet dès ce premier titre un passage en tapping assez impressionnant. Le tout est porté par le chant furieux de Rémi entre growls typiques du death et hurlements plus hardcore, servi par une production de premier ordre. Car c'est un fait, quand on s'aventure à jouer une musique dite extrême à des tempos très rapides, le son doit être gros mais parfaitement intelligible pour permettre à nos petites oreilles d'assimiler le déluge de violence qui nous tombe dessus à bride abattue. Et de ce point de vue, Syrinx nous flatte assurément les tympans.

Au fur et à mesure que les titres s'enchaînent, le groupe met en avant une grand richesse rythmique et harmonique : breaks imparables sur « Feeling the sickness », alternance de rythmes binaires et ternaires savamment employée… Ça groove, ça transpire, ça tabasse dans un tourbillon d'intensité qui n'épargne personne. Il faut attendre le cinquième morceau « Friend » pour que l'on puise émerger la tête hors de ce torrent de colère musicale. Mélancolique et mélodique, ce titre aux sonorités fleurant bon le post hardcore est l'occasion d'un featuring avec Olivier (chanteur de Erlen Meyer) et Jérèm (chanteur de Barbarian Koala). L'un hurlant, l'autre lui répondant en chant clair, apportant une nouvelle dimension à cet album, une fraîcheur bienvenue à mi-parcours .

Il nous fallait bien ça avant de replonger tête baissée dans la deuxième partie de cet opus. Toujours dans la veine death metal, voire deathcore par moments, Syrinx a su tirer le meilleur parti de ses influences old school et nouvelle génération pour définir leur son. On peut penser à Canibal Corpse et Morbid Angel, plus souvent à Gojira ou encore Dying Fetus mais le groupe ne tombe jamais dans la copie carbone et maîtrise son sujet sur le bout des doigts, apportant sa propre pierre à l'édifice.

« Contest the void » est au final tout aussi savoureux qu'éprouvant à écouter. Il ravira sans équivoque les amateurs de musiques extrêmes de tout poil et pourrait se targuer, de par son côté moderne et efficace, de séduire les non-initiés. Un premier album dont ses auteurs peuvent être fiers et que je vous recommande grandement d'écouter.