C’est sur la réflexion d’une coïncidence ironique que je prends connaissance du premier E.P des Parisiens de CHABTAN. Coïncidence, car dans la religion Maya, Buluc Chabtan était le dieu de la mort soudaine et du sacrifice. Il était également associé au nombre onze qui figure parfois dans le glyphe au-dessus de sa tête, ce chiffre sera d’ailleurs le titre de l’enregistrement « Eleven ». Quoi de plus ironique que de découvrir une formation musicale dont le concept est fondé sur les mythes Mésoaméricains alors que la fin du monde, annoncée par ces mythes mêmes, aura lieu d’ici quelques jours ? Peut-être n’aurez-vous-même pas le temps de lire cet article ?

L’idée du thème peut néanmoins rappeler le groupe NILE et leurs mystères Egyptiens, mais le fait de relater une culture Latine, et surtout de cette partie du globe, comporte une certaine originalité. Les textes et les ambiances ont été travaillés dans le sens de ces croyances. Les titres des chansons reflètent ainsi des images de violences extrêmes, « Bloodstained Hate », « Worshipping Death », « Divine Vengence » ne drainent pas vraiment une impression amicale et incarnent impeccablement le dieu en question.

Le combo n’est pas encore signé et recherche actuellement un label, mais les six morceaux, sans compter l’intro et l’outro, ont tout de même bénéficié de la participation d’Andrew Guillotin (CARNAL LUST, THE ARRS) qui s’est chargé du mixage et du mastering, ce qui n’est pas rien. Et puis, six chansons, c’est largement suffisant pour se faire une idée et juger du potentiel de cette jeune formation! Le contexte musical de CHABTAN est donc un mélange de « Death Mélodique », parfois de « Death » brutal sur certains passages. Mais on ressent également un énorme penchant pour le « Metalcore/Deathcore ». Les parties de chant sont assurées par deux voix différentes, l’une gutturale, l’autre étant caractéristique des courants précédemment cités et usant (ou abusant) de screams. Du coup, les quelques paroles en chant clair (« Betrayer », « Divine Vengence ») peuvent surprendre, mais c’est bien arrangé et ça se fond bien dans l’univers sonore. Les titres dégagent une atmosphère pesante, comme si la divinité Maya était en guerre. Les instruments transmettent d’ailleurs cette impression. Les guitares sont lourdes et la batterie assène des blasts de folie. Ses martèlements semblent annoncer une fatalité irrévocable et installent un climat inquiétant et étouffant. Au-delà de ces ambiances, les musiciens font preuve d’une grande technicité qui ne semble pas révéler de faiblesse. Malgré tout, on regrettera sans doute un manque de punch au moment des soli, qui à mon goût, ne sont pas assez approfondis et n’apportent pas vraiment grand-chose aux morceaux, donnant l’impression qu’il s’agit d’une simple ligne mélodique. De plus, on aurait également souhaité que le son se démontre plus puissant, plus massif. Il s’avère en tous cas que ce soit les seuls points à travailler.

La thématique abordée sur ce premier E.P soulève un voile mystérieux qui donne envie d’en découvrir davantage. A cela s’ajoutent des musiciens plutôt doués, des compositions bien travaillées et adaptées. La légende de CHABTAN est en bonne voie et le secret ne demande qu'à être exploré. Nous attendons donc la suite avec impatience.