CHRONIQUES D'ALBUMS




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LILIUM SOVA
Epic morning [ 2012 ]
Pavillon 666 - metal rock webzine CD Album - Digipack - Durée : 52.33 - Style : Metal expérimental
Informations :
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Contact groupe : http://www.facebook.com/liliumsova http://www.reverbnation.com/liliumsova
 


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ORIGINALITE
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TECHNIQUE
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PRODUCTION
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EMOTION
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Chronique : 20 décembre 2012 - Chroniqueur : Barclau
 

Des fois, ça vous arrive comme ça, vous recevez un disque, le regardez d'une façon circonspecte, le mettez, et puis il ne se passe pas grand chose, car à ce moment là, vous n'êtes pas réceptif. Cependant, un passage retient doucement votre attention. Puis soudain, un éclair vous sort de votre tâche et vous attire près du potard de volume. Là, vous poussez plus pour entendre mieux "4:00 am", par exemple. Vous vous demandez si c'est le même disque, qu'est-ce que vous avez loupé...Et vous vous rendez compte, un peu hébété, que vous tenez là quelque chose.
Alors, à ce moment là, je sors le disque, le met précieusement de côté pour le ressortir à un moment où il aura toute sa chance, comme on sortirait un champagne pour les fêtes. Vient le soir, où je suis le plus réceptif. Je mets mon casque et ferme les yeux pour laisser chaque arôme se développer. Et là: la claque! J'ouvre mes yeux, rallume la lumière, commence à ausculter l'objet, cherchant à me souvenir, savoir si j'ai déjà vu ces noms là quelque part. Non, cette claque m'arrive du néant, et me force à foncer écouter leur premier album.

Donc, attention, album énorme! A grand disque grandes références, et pour ma part, je me sens directement transporté au début des 70's, lorsque que KING CRIMSON gratifiait la musique de "Lark's tongues in aspic", "Starless and bible black" et "Red". Trois albums noirs comme jamais, préfigurant par certains passages maladifs le futur post-hardcore, mathcore, liant le rock au free jazz, poussant l'expérimental aux limites du cosmos. Je ne mesure pas mes mots, car j'ai retrouvé ici cette même folie, cette liberté d'animal sauvage, cette absence de limite. Alors, ôtez-vous de la tête la carte postale de la Suisse que vous avez, non, ici nous ne sommes pas dans les calmes pâturages alpins.
On dirait plutôt la digression d'un insomniaque vers la folie totale, passant par plusieurs phases, tantôt belles, tantôt déstructurées. Chaque morceau représente une heure de cette nuit, cette plongée. On commence par "1.00 am Locked in Syndrome". Départ avec un beau riff rock, puis reprise de volée par des cassures et dissonances. Une bonne odeur mathcore s'immisce, c'est le crescendo jusqu'à un riff pachydermique. Le son est excellent, la basse vrombit, l'orgue fait de grandes ondulations en réponse à la basse. Le morceau se finit dans le chaos, faisant remonter un relent de THE DILLINGER ESCAPE PLAN. Puis commence "2.00 am Insomnia". Le titre est plus qu'adéquat, on imagine bien quelqu'un au prise d'insomnie, se retournant dans son lit, assaillit par un gros rythme lourd sur lequel une basse hypnotique joue dans des registres distordus. Vient le sax, merveilleux, schizophrène, avec des delays, accentuant la distorsion du temps lors du sommeil. La partie qui suit est formidable et très Crimsonienne. Le batteur, Timothée Cervi, est l'exemple même du type qui tient la barque, appuie le tout en faisant lui-même des parties qu'on pourrait appeler riffs.
"3:00 am Call Of Sova" commence dans le chaos, puis propose un groove énorme, avant de s'évader dans une abstraction totale. Si "Sova" veut bien dire "hibou", on s'imagine volontiers son vol et ses cris avec les bruits électroniques (faits par un des nombreux invités du disque). D'ailleurs la pochette du disque illustre bien l'idée d'une schizophrénie homme/animal nocturne.
"4.00 Parasomnia" a une beauté maladive et calme, comme une phase de sommeil profonde, déjantée, certes...Au sax, on pourrait croire un Mel Collins partit dans un délire à la Coltrane. Tout ça sur une espèce de sourd fond sonore, comme une chape de plomb sur la conscience. Michael Borcard qui officie au sax tire des sons dingues de son instrument, le distord, y ajoute des effets pour cette dérive avoisinant les 8 mn. Le tout monte en intensité, comme un cauchemar qui atteint son pic.
"5.00 am Premonition" illustre encore parfaitement son titre, pour un morceau très court, furtif et aussi excellent. C'est surprenant de voir comme Lilium Sova est à l'aise avec toutes les durées. Et encore, attendez la fin!
"6.00 am Ondine's Curse" est simplement géniale. Eugénie Gallay est invitée...à l'accordéon! Et bien, ça marche du tonnerre, et là on a une authentique surprise. Sa mélodie suit parfaitement le mode dissonant et psychotique du morceau.
"7:00 am Dawn of sweet villain" est un titre bien post-hardcore, dissonances de guitares par Kim Makombe, invité qui se joint à la grosse basse de Cyril Chal et à la batterie. La voix hurlée de Yonni Chapatte mettrait un moshpit en fusion. Classique, intense et très efficace. Un moment qui fait du bien, quoi! Fan de CONVERGE ou COALESCE, tu peux venir jouer des coudes par ici!
Le dernier morceau, "8.00 am Epic morning", est une apothéose, comme la dernière phase de cette nuit psychotique. 22 minutes 22 (oui, comme l'heure du réveil maudit), avec une construction abstraite, commençant par une belle intro rappelant TOOL et ses rythmiques hypnotiques, puis une belle mélodie qui s'ajoute à cette construction en spirale, phase de sommeil agité. Nous sommes ensuite happé dans une suite vertigineuse sur une durée étirée. Suit un moment de grâce, comme un éveil total avec un orgue somptueux, quasi-religieux, tel que Jon Lord savait le faire. Le genre de passage intense, puissant et mélancolique que SHELS n'aurait pas renié. Aurait-on une sorte de prog-core? Je ne suis pas fan des étiquettes, mais pour le coup, ça colle! Le disque se finit sur un riff de guitare acoustique assez paranoïaque.

Pour conclure, ce disque est presque une expérience qui relie plusieurs styles mais s’accommode bien de "metal expérimental", même si on aurait pu l'affubler de maints qualificatifs. L'absence de chant (sauf une exception de qualité, d'ailleurs) est probablement un de ses points forts, rendant l'interprétation plus libre. De l'art, quoi! J'ai été biberonné au psyché et à l'expérimental et j'ai été conquis par le propos, l'atmosphère, ainsi que par cet esprit libre qui règne tout le long du disque. En fait, on ne sait jamais ce qui va nous arriver, comme quand on se couche, on se laisse aller au hasard du subconscient, et les trois fous de LILIUM SOVA en ont un qui est étrangement habité.

PS: Je conseillerais aussi à ceux qui écouteront ce disque de se pencher vers les noms cités, ainsi que sur des groupes tel BUMBLEBEES, HELLA, BUD SPENCER et NAKED CITY (pour le free-jazz cinglé).








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