Un groupe de death mélodique « à-la-suédoise » parisien ? Tiens donc. Pour l’amateur ou le profane, la description interloquera, ou alors provoquera un bâillement d’ennui préventif… Car il est vrai que ce style a une tendance à l’expansion exponentielle avec une évolution qui frise le plus souvent le zéro absolu.
Méfiance, donc, au moment de recevoir en pleine face le « Beyond the Self » de FRACTAL GATES. Mais point trop n’en faut, car le quintette (composé entre autres de deux membres de feu-INBORN SUFFERING) n’en est pas à son coup d’essai puisqu’en 2009 paraissait déjà « Altered State of Consciousness ».

Et si dans l’ensemble ce second album reprend dans les grandes lignes l’ensemble des codes institués par les maîtres scandinaves… jusque dans la production confiée à maitre Dan Swanö, l’adjonction d’éléments plus « ambiants », apportés notamment par les synthés, vient mettre en lumière une dimension bien plus cosmique… complexe… et par moments irrégulier comme les fractales évoquées dès le patronyme du groupe (mais là n’est pas le sujet).

Et cette « patte », cette touche de personnalité s’incarne dès le titre liminaire, « What they bring », rentre dedans comme il faut, efficace tout autant en raison de ses rythmiques et dynamiques que par ses mélodies évoquant là aussi des références bien souvent évidentes. Mais que dire de ses moments de respiration… ses breaks subtiles, mid voire parfois down-tempo, qui profitent vraisemblablement de l’apport des « doomsters » du groupe. En effet, l’usage des synthétiseurs, réalisés par le minutieux Sebastien Pierre, apporte un je-ne-sais-quoi de subtile… venant se mêler aux leads mélodiques inspirés qui composent chacun des quatorze titres de l’album… Une atmosphère résolument « dark ».
Notons par ailleurs la présence de guests de choix, puisque Dawn Swanö vient apposer sa voix claire si caractéristique sur « Everblaze » et « Mighty Wings » ; et Sotiris (SEPTIC FLESH) vient réaliser une prestation solo à la guitare sur « Timeless ».

Cela dit, les plus exigeants et chafouins ne manqueront pas de reprocher ce qui, tout au long des écoutes, frappe l’auditeur: à savoir les influences qui ont encore tendance à hanter l’album de FRACTAL GATES : de DARK TRANQUILITY à IN FLAMES (notamment dans « on your own »), en passant par EDGE OF SANITY (voire même PARADISE LOST dans le superbe « Timeless »), c’est tout le répertoire des maitres qui reparait, comme en un flashback, à nos oreilles. Mais rendons à César ce qui est à César… il n’y a pas lieu de crier au plagiat, car… une nouvelle fois, cet album regorge de petits clins d’yeux, de subtilités que les écoutes attentives dévoileront à l’auditeur acharné et immergé dans cet univers « beyond the self ».

En définitive, FRACTAL GATES donne dans le death metal mélodique made in Suède, avec la production par Dan Swano bien associée à ladite scène… Un album sans grand génie, mais avec un soupçon de personnalité… qui demande à être accentué… développé à l’avenir…
« Beyond the self » est un album qui a au moins le mérite de faire les choses dans les règles de l’art. Les amateurs de DARK TRANQUILITY en auront pour leur argent… en revanche les réfractaires épidermiques de la scène n’ont rien à espérer de cet album. Un bon divertissement en somme… mais rien de plus.