Hacride nous revient après quatre longues années d'absence depuis Lazarus . Pour ceux qui ne sortent pas souvent de leur grotte, les français se sont taillés une très solide réputation depuis leur album « Amoeba » en tant que fer de lance du métal moderne à la sauce hexagonale . Puissant et technique, Hacride a rapidement mis tout le monde d'accord, des beaufs ne jurant que par une double pédale sidérurgique alliées à une guitare saturée agressée par un médiator constamment en aller retour (mais si vous savez, les mêmes qui portent 12000 patch sur leur veste en cuir aux concerts et qui gueulent « A poil entre chaque morceau »!) en passant par les amateurs de groove et de diversité jusqu'aux élitistes décortiquant schémas rythmiques et harmoniques pour voir comment tourne le morceau dès la première écoute . Tout ça pour dire que les Hacride sont attendus au tournant .

Les 4 ans d'absence s’expliquent sans doute par une refonte partielle du line-up (nouveau batteur et nouveau chanteur) et aboutissent à un changement de Label, Indie recordings . Mais, quatre années c'est long, on mûrit on prend du recul et on évolue, et bien entendu la musique d'Hacride n'échappe pas à cette loi implacable du temps qui passe . Je pense que cette évolution musicale va faire couler beaucoup d'encre, en déconcerter un bon nombre mais aussi leur ouvrir des horizons plus larges . Car oui ils ont cédé à l'appel du chant clair abondant très en vogue en ce moment dans ce milieu (Klone, Lizzard...) et ce parti pris divisera . Selon moi, ils ont opté pour cette direction avec intelligence et élégance , mais nous y reviendront .

L'album sur une première plage assez étrange et qui pour tout dire ne m'a guère convaincu . Synthés très aériens et épiques, arpèges de guitares doucereux...mais que leur est-il donc arrivé ? La distorsion rugit enfin passés les quatre minutes, certes...Néanmoins cette intro me laisse dubitatif . On embraye sur le deuxième titre « StriveEver to more » Et ô joie ! Ca y est ça groove, les Harcide nous balancent du gros riff déstructuré et efficace . Un break puis le chant arrive aérien sur une tournure en 9/4 chère à des groupes comme Tool . L'évolution est flagrante et peut choquer . Pourtant les éléments qui faisait l'identité et la force du combo sont toujours présents : puissance et technicité . Seulement ils y ont incorporés toute une foule d'autre éléments . Le troisième titres « Synesthesia » fleure bon le post hardcore « cult of lunesque » tandis que le titre suivant « Overcome » a une couleur Nineties voire grunge très prononcée renvoyant autant à Pantera qu'à Alice in Chains . Surprenant encore, les samples ou synthés sur ce morceau sont très présents et de bon goût cette fois . Le riff de couplet est une merveille de groove ou le B.A.BA d'un batteur de haute volée qui sait varier les débits . Qu'on comprenne ou pas l'astuce rythmique elle est est tubesque et imparable .

Les rabats joie pourront arguer que l'ombre de Tool s'est mis sérieusement à planer au dessus des français mais qu'importe . Hacride réussit le pari de proposer une musique plus accessible et dans l'ère du temps tout en conservant son intégrité . Chapeau bas !