Pour apprécier le second album de KADAVAR, il vous suffit d'ouvrir grand les yeux pour assimiler le "look" du trio berlinois sur la pochette du CD, puis de les fermer en écoutant ce nouvel enregistrement au nom bizarre "Abra kadavar". Le trio germain composé de Lupus Lindmann au chant et à la guitare, Mammut à la basse et Tiger à la batterie nous avaient déjà caressé les tympans "à rebrousse poil" avec son premier album éponyme paru en 2012 qui avait surpris tout le monde à sa sortie.
KADAVAR remet donc le couvert avec son menu 70's composé notamment de champignons hallucinogènes comme on savait les cuisiner il y a une quarantaine d'années dans ce style musical.

En 9 titres et plus de 40 minutes d'enregistrement, nous allons être replongés dans le chaudron rock des années 70 qui a vu à l'époque émerger tant de créativité fusionnelle et qui a donné naissance au heavy-rock, au hard-rock et aux balbutiements de ce que l'on nomme aujourd'hui métal.
Mais alors, KADAVAR n'a rien inventé, KADAVAR a tout copié, KADAVAR s'est tout approprié ? Effectivement on peut se poser la question de prime abord en entendant cette voix à la Ozzy, ce rock psychédélique et pachydermique à la BLACK SABBATH, ce hard-blues à la LED ZEPPELIN et cette fraicheur country à la CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL. Mais après écoute approfondie on balaie tout ça d'un revers d'oreilles. En effet, la passion pour cette époque bénie du rock, une certaine créativité et variété sous-jacente dans les compositions, puis cette basse bien actuelle pour soutenir l'édifice stoner, nous interpellent fortement. Nous sommes obligés d'apprécier, c'est fatalement bon et délectable. Niveau son le groupe a joué le jeu jusqu'au bout de cet heavy-rock labellisé 70's. Pour preuve l'enregistrement a été effectué avec tous les musiciens enfermés dans la même pièce, amplis à fond pour se rapprocher le plus possible des conditions "live", ça grésille et c'est excellent dans le style, bien vu on s'y croirait ! Du vintage old-school comme on n'en fait plus, ou si peu. Les titres ne sont pas linéaires et certains sortent du lot comme par exemple "Doomsday Machine" situé à l'orée préhistorique du métal. "Black Snake" nous propose une superposition voix/guitare comme l'aurait fait Rory Gallagher guitariste irlandais culte de hard-blues. "Liquid Dream" modifie la donne avec un orgue hammond en fond d'écran. "Rythm For Endless Minds" nous propose du "space rock" à la HAWKWIND complètement psyché. Quant au dernier titre, l'instrumental "Abra Kadabra", il nous propose, lui, des dérives prog inclassables à la King Crimson.

Conclusion, si le premier opus des Allemands intitulé "Kadavar" vous avait fait délirer avec ses envois prometteurs de rock envoûtant et bien ciselés, ne manquez surtout pas "Abra kadavar" qui contribue à faire monter le groupe Berlinois en puissance et lui promet un avenir lumineux dans la niche "stoner" actuelle. Pourquoi pas, appelez leur musique comme vous voudrez mais cela n'est en fait que du rock n'roll bien ficelé qui vous réjouit le corps et les neurones de façon irrésistible.