A vous, amoureux de la musique typiquement américaine qui ne serait cependant pas assez sombre à votre goût, j’ai la solution à votre problème : THE STERLING SISTERS. Tout droit venue de Baltimore, la troupe est composée de cinq artistes dont la jolie Scout Paré-Phillips (plus connue en France en tant que modèle et photographe) et George Cessna, le fils de Slim Cessna, considéré comme l'un des pionniers de l’«alternative country », encore appelée « americana » (un audacieux mélange de tout ce qui peut être considéré comme musique profondément enracinée dans la culture US : la folk, la country, le rythm and blues, le rock.)
Avec son groupe, George suit de près les traces de son père puisque THE STERLING SISTERS se veulent être les successeurs des groupes phares du genre tels que 16 HORSEPOWER, OLD TESTAMENT ou, bien évidemment, SLIM CESSNA’S AUTO CLUB. Les chiens ne font pas des chats comme on dit.

C’est donc dans un tout autre univers que l’on bascule avec « Hale », premier LP des STERLING SISTERS et il faut avoir de l’imagination pour l’apprécier à sa juste valeur.
Avec « Prelude » et « Hale » qui ont emprunté leur percussion au gothabilly et au post punk, on a clairement l’impression de débarquer dans une vielle cave, prête à accueillir un concert de BAUHAUS. D’ailleurs, la voix de George n’est pas sans rappeler celle de PETER MURPHY.
« Hale » est sans conteste un titre mi gothique, mi tarantinesque : banjo, basse death rock, chanteuse d’opéra pour vampires… Quand on ferme les yeux, on se croirait dans un bar enténébré et peu recommandable de Nouvelle-Orléans.
Avec « Raise You in the West », vous êtes tranquillement en train de vous balancer sur votre rocking chair, après que votre ranch ait été détruit par les flammes : imaginez son propriétaire empreint de mélancolie mais qui parvient pourtant à relativiser… Vous avez là l’essence de la chanson.
« Dead Dogs » et « Country Love » vous emmènent dans un road trip à la destination inconnue, traversant des routes poussiéreuses et désertées.
Dans « Last Run », Scout prend les reines ; imaginez une hybride de DOLORES O’RIORDAN (THE CRANBERRIES) et de SAPFO STAVRIDOU (une des intervenantes lyriques de CHAOSTAR). Ça ne plaira pas à tout le monde… Cependant bon nombre seront capables de reconnaître que la musique et les complaintes des STERLING SISTERS ne manque pas d’un certain charme, aussi étrange soit-il !
« Heaven » évoque assez Mr HANK WILLIAMS III et sa country punk déjantée, bien que celle des STERLING SISTERS soit un poil plus sage.
« Red, White and Beauty » est une ballade mystérieusement poétique (ou poétiquement mystérieuse ? A vous de juger) qui conclut parfaitement l’album.

THE STERLING SISTERS, méconnus chez nous, peuvent représenter une découverte musicale intéressante comme superfétatoire ! Le contenu de «Hale » est plutôt répétitif mais ô combien dépaysant ! Pour vous faire une idée, ils proposent une sorte de neo folk empruntant quelques sons de-ci, de-là… Si je devais cataloguer leur musique en un terme un peu plus réducteur, j’opterais pour la country gothique… En même temps, ça leur va plutôt bien ! Musique sans âge et sans frontière, même si la destination que vous propose le groupe ne vous plaît pas, vous vagabonderez à coup sûr… au gré des corbeaux.