Sortir un album totalement acoustique est toujours un exercice de style périlleux, surtout si ce sont des arrangements de morceaux déjà existants ; il faut une belle maîtrise musicale et réfléchir aux ambiances à désirer, pour ne pas faire tomber l'auditeur dans l'ennui et la platitude.... N'est pas Marillion qui veut, leur dernier « Live at Cadogan Hall » est un monument et une référence du genre, en poussant à l'extrême l'utilisation d'instruments inhabituels pour eux (dulcimer, xylophone, harmonium....)

« Essential » est donc une relecture de leurs précédents albums, « Inside » et « Aerial » et il est plaisant de constater que ça démarre plutôt bien. « Aerial » se trouve être un joyau d'émotion, grâce à la douceur et la justesse de la voix de Sandy et l'homogénéité des instruments, on plane encore avec « Can you ? » et « Inside » nous montre l'étendue harmonique du pianiste Pierre-Henri, les couleurs qu'il sort de son instrument sont vraiment intéressantes.

Mais LE problème du tout-acoustique se pose ensuite : trop c'est trop. Une impression de déjà-vu s'installe gravement, le chant se fait rébarbatif et trop fragile, les notes trop longues sur toutes les fins de phrase deviennent lassantes par leur répétitions systématiques, les rythmes et les accords de guitares se confondent en un seul et même phrasé, sans que l'oreille ne puisse discerner la moindre nuance....

Pourtant, il faut attendre le huitième morceau « Impending Dawn » pour sentir à nouveau tout le feeling du groupe, une sorte de torpeur, comme une attente musicale et bienfaitrice, transcendée par un superbe solo de flûte traversière... le génie continue avec « Precious Pond » et ses belles mélodies autant instrumentales que vocales, le « Roads » des Portishead clôturant l'album étant hélas quant à lui très dispensable....

Ici, point d'expérimentation sonore, une section rock traditionnelle et un quatuor à cordes, qui, hélas, n'apporte pas grand chose aux chansons, leurs partitions étant essentiellement jouées pour l'accompagnement, un simple synthé aurait pu faire le boulot à leur place... La grande déception de cet album...

Les membres de The Last Embrace ont su se faire plaisir, cela se ressent, et nous ont montré que les versions acoustiques de leurs compositions pouvaient être aussi intéressantes à écouter que les originales, mais n'aurait-il pas été plus judicieux de faire un EP avec 5 ou 6 titres maximum ? Car sur la longueur, on se perd dans les méandres des accords trop fades et des rythmiques trop attendues (les passages un peu latinos ou bossa auraient pu être évités...) Mais ces versions doivent très bien marcher en concert et je pense qu'ils doivent réussir à créer une certaine ambiance fédératrice et intimiste auprès du public... Rendez-vous en 2014 pour un album plus électrique....