Nouvelle découverte, nouvelle tenue assortie... Rafer arrive tout droit du sud de la France avec son premier album "The Black Hole Day" et je ressors à ce titre mon bermuda, mon tee-shirt de basket et mon bandana... et mon skate. Non pas que la région d'origine des cinq musiciens, le Gard, soit associée à cet accoutrement, mais les compositions proposées par Rafer m'inspirent à une évasion dans le milieu skate'n'roll proche de l'attitude des premières formations Hardcore.
Souvenez-vous des débuts de Mike Muir et son band...

Toutes ces similitudes se retrouvent dans la musique de la formation, des ambiances groovy, des riffs syncopés, des breaks funky et un chant souvent scandé. Je n'évoque surtout pas un plagiat, car les musiciens ont réalisé un gros travail de composition et arrivent à se détacher de leurs influences. Inspirer n'est pas copier ! Chacun de nous est inspiré par des événements, des rencontres, des écoutes... Sommes-nous des copieurs pour autant ? Le groupe s'écarte par moment des ambiances dominantes en interprétant un titre pur Hardcore "It All Fall Down" ou l’envoûtant et sombre "Guru", bienvenu dans le Doom, puis par "Last Way To Bangkok" et le refrain de "Fire Seed". Les deux morceaux ont une sonorité tendance heavy metal, le second se rapproche par son refrain au "Blackout" de Scorpions. Comme je l'ai écrit, Rafer sait composer des titres matures, aux structures évoluant musicalement à l'intérieur des morceaux même. Il est usuel qu'un titre s'engage dans une voie groovy, hardcore incitant au pogo puis nage dans une nuance funky ou mélodique pour se voir rattraper par des rythmiques syncopées, énergiques à l'identique du riff principal du morceau.

Du coté technique, les musiciens assurent parfaitement au niveau rythmique, les guitares (Ralph Schwerdorffer et Florian Merindol) délivrent des riffs saccadés, puissants et ravageurs. Le duo propose des soli clairs, intéressants et techniques, n'hésitant pas à rendre visite à des domaines jazzy, funk, heavy. La section rythmique (Patrice Gimenez - basse et Vincent Barnavol - batterie) tient parfaitement l'ensemble et appréhende sans difficultés les divers changements de tempi. Le chant éraillé assuré par David Charre est énergique, rempli de hargne colle bien à l'esprit des compositions. Son registre s'étend d'une voix caverneuse et grave ou scandé à un chant mélodique, posé et clair.

La pochette n'est pas déplaisante et en adéquation avec le contenu de l'album, la production est correcte et propre. Les instruments sont audibles, l'ensemble général est mixé sans mise en avant d'un musicien plus qu'un autre.

En conclusion, Rafer dévoile un ensemble "Do it Yourself" proche d'un album professionnel. "The Black Hole Day" permet de confirmer qu'il faut compter sur le groupe, les titres taillés doivent par leur structures et leurs attraits mettre le feu aux planches durant les prestations live.

A nouveau, un groupe français qui n'a plus rien à envier aux formations étrangères, Rafer mérite bien le détour de vos oreilles...