CHRONIQUES ALBUMS

Difficile de jouer du rock progressif en ces temps où l'électro, la variété et le « star-system » sont rois et où pour réussir à percer dans la musique hors du système médiatique, il vaut mieux intituler son style de « post-quelque chose » ou « dub-truc » ou encore « électro-chose »... Mais alors, jouer du rock progressif instrumental pour un jeune groupe venant de Pologne est carrément du suicide commercial, non ? Eh bien, non, le groupe en est à son troisième album, a réussi à se faire signer chez SPV et à tourner assez aisément...

Et c'est tant mieux car ce groupe n'est pas dénué de talent, et l'on découvre au fil des chansons un univers bien particulier qu'ils tiennent bien en main, trop peut-être car il est évident qu'une impression de déjà-entendu s'installe dès « Satori », le troisième morceau, le son semble être assez continu et l'homogénéité propre à cet univers décalé perd de son souffle et de son intérêt. Il manque quelque chose, le chant certainement, ou un autre instrument un peu exotique parfois, comme une flûte traversière ou un dulcimer, ça aurait pu varier le propos un tantinet...

On nage réellement dans une découverte de mélodies et de visions, noyées de nappes de claviers majestueux et volumineux, soutenus par une rythmique assez basique malgré le caractère progressif et l'atmosphère cosmique de ces ambiances calmes et voluptueuses donne à la guitare, souvent en chorus, l'extrême liberté de se prononcer... On voyage, ça c'est sur, c'est différent de ce qu'on peut entendre sur les sorties actuelles, une vrai détente musicale, la production est volontairement vintage – on se croirait revenus parfois aux premiers Camel, Genesis et autres Yes.... et ça fait du bien...

Oui, malgré le manque de différences notoires entre les chansons, cette musique fait du bien, épure un peu le flot de notes incessantes dont nous sommes matraqués en permanence et passe très bien en fin de journée, dans le noir, dans une somnolence réparatrice... Un bon palliatif au yoga et à la méditation, pour les plus fainéants d'entre nous...