Fragile et mélancolique, sombre et authentique, astral et terrestre… tels sont les adjectifs les plus appropriés, me semble-t-il, pour décrire, timidement, l’univers de NHOR.

A travers un black metal atmosphérique aux reflets doom et néofolk, l’album Within the Darkness Between the Starlight dégage une grande sincérité de la part de son unique auteur. Dans la plus grande des solitudes, la Nature pour seule compagnonne, Nhor est parti à la recherche de son moi intérieur. Se posent ainsi inexorablement certaines questions, dont les réponses, si elles existent, sont profondément intimes. Pourquoi suis-je présent en ce monde ? Qui suis-je réellement ? A quel point suis-je lié aux arbres, aux montagnes et aux gouttes de pluie ?
Ne prenez-vous jamais le temps de vous asseoir sur un banc pour regarder d’automnales feuilles tomber ? Ne prenez-vous jamais le temps de réfléchir à votre court passage dans le monde de la Vie, à votre chemin passé, présent et futur ? Ne prenez-vous jamais le temps ?
Si vous vous reconnaissez à travers ces mots, le projet introspectif et méditatif de Nhor vous touchera probablement. Sinon, tentez l’expérience : lâchez un instant vos occupations, vivez l’instant, respirez ; il est possible que votre regard sur l’existence et la nature en vienne à changer.

C’est une histoire d’étoiles et de forêts. C’est une histoire simple et profondément émotionnelle. Mais c’est une histoire triste et sombre dans laquelle plus d’une sensation est dépeinte.

L’œuvre de Nhor débute ainsi par une élégante intro instrumentale guidée par un piano empli de tristesse. Il s’agit là des premiers pas nocturnes dans une mystérieuse forêt qui n’est éclairée que par le seul éclat de la Lune. Toutefois, "Within the Darkness Between the Starlight" vient rompre la douce ambiance créée en faisant brutalement pénétrer rage et noirceur dans ce précieux endroit d’isolation via des guitares saturées, des hurlements déchaînés et une batterie déferlante. Le morceau se fait cependant plus calme en faisant entendre une étrange voix aigüe, quasi-inhumaine, déformée par l’intensité de la douleur. A chaque écoute, je ne peux empêcher les frissons de parcourir mon corps : il me semble que chacune des peines ressenties au cours de ma vie trouvent ici un miroir dans lequel celles-ci se reflètent pour finalement s’évanouir… et ce n’est pourtant que le début du voyage. "Patient Hunter, Patient Night" nait doucement, dans un crescendo porté par un piano épuré dont la profondeur m’émeut dès les premières secondes. Cette montée en puissance aboutit à une obscure partie black qui trouve sa magie dans des chœurs ressemblant aux voix d’Alcest, magie n’étant, par ailleurs, pas en reste dans le fascinant "The Fall of Orion" où la mélodie répétitive prend une forme tout à fait hypnotique. Cette fascination perdure alors jusqu’à la fin de cette oeuvre, et plus particulièrement dans "Rohmet Etarnu", une véritable ode à la forêt dans toutes ses dimensions, qu’elle soit poumon, paysage ou maison. "Alnilam" conclue finalement en adressant un message lumineux et plein d’espoir quant à notre existence dans son ensemble.

Simple, profondément émotionnel et introspectif, Within the Darkness Between the Starlight permet d’entrer en contact direct avec l’âme de Nhor.
Mystérieuse et mystique, cette musique est une sublime poésie écorchée, admirative de la beauté d’une précieuse nature tristement trop fragile.


« Je dois tout ce que j’ai créé à l’univers. Je le dois aux étoiles & aux planètes, à la lune & à la terre, au vent & à la pluie. A la forêt & à ses créatures, tout ce que j’ai leur est emprunté. Ma musique n’est qu’une maigre interprétation de leur chant & mon imagination est juste une réplique diluée de mère nature. » - NHOR.