Leur prestation en compagnie de Marduk et Grave le 9 décembre au Nouveau Casino a été une excellente découverte. Les blackeux de Stockholm avaient livré une performance malsaine, sombre, brutale et diablement efficace. C’est donc tout naturellement que votre serviteur a eu la curiosité de pénétrer plus en détails l’univers de Valkyrja. Formé en 2004, les suédois ont déjà deux albums à leur actif, dont le deuxième datant de 2010, est sorti sur Metal Blade Records ; rien que ça ! Le groupe revient cette année avec leur troisième galette intitulée « The Antagonist’s Fire » sorti sur le label allemand World Terror Committee (Horna, Acherontas, Chaos Invocation, etc.).

Depuis son premier album, Valkyrja œuvre dans un black metal à la fois très agressif mais aussi très mélodique. A la première écoute de cette troisième offrande, impossible de ne pas penser aux cadors de la scène black suédoise, Dissection et Watain en tête. L’appréhension de retrouver une énième et fade copie de l’œuvre de Jon Nödtveidt ou Erik Danielsson est vite dissipée : enfin un groupe qui propose une musique très personnelle tout en restant attaché aux racines ! Enregistré au Necromorbus (Watain, Merrimack,…), « The Antagonist’s Fire » jouit d’une production de très haute volée où les sept morceaux forment un tout très homogène et compact. Visiblement Valkyrja n’a rien perdu de sa verve diabolique, et même si les morceaux durent en moyenne 7 minutes, le groupe ne s’est pas égaré dans des structures tortueuses et incohérentes, il a bâti une architecture musicale en hommage à la grandeur des forces démoniaques ! Valkyrja a créé une musique équilibrée où la brutalité, les riffs rapides et incisifs ainsi que les mélodies et les ambiances des arpèges dissonantes se marient à la perfection. Avec « Betrayal Incarnate », le groupe plonge l’auditeur dans son univers suintant la putréfaction et la haine avec un riffing acéré et des ambiances glauques regorgeant de mélodies malsaines. Comment ne pas trembler d’effroi devant les mélodies épiques d’«Eulogy (Poisoned, Ill And Wounded) » ou l’efficacité perverse du très « watainien » « Madness Redeemer » ? Il convient également de souligner la prestation "possédée" du vocaliste, son timbre gras et éraillé transpire une haine des plus exacerbées. Un seul reproche pourrait être prononcé, c’est celui de la durée du disque. En effet, la plupart des morceaux avoisinent les 7/8 minutes voire quasiment 10 minutes pour « Treading the Path of the Predator » et l’oreille peu attentive peut vite se perdre en chemin. Ainsi, à vouloir étirer ses morceaux dans la durée, Valkyrja perd quelque peu en efficacité et en force de frappe. Néanmoins la formation a eu l’intelligence de ne pas vouloir aérer son propos avec des interludes atmosphériques qui auraient rendu l’ensemble vraiment indigeste.

Sur « The Antagonist’s Fire », Valkyrja nous sert une œuvre d’une maturité remarquable. Le groupe montre ici qu’il est au sommet de son art, et démontre un travail de composition minutieusement et intelligemment pensé, le tout servi dans une production mettant subtilement en valeur chaque instrument. Un album magistral, tout simplement !