En 2008, lorsque le groupe s’appelait encore GOLLUM, il perdait tragiquement son batteur, remettant en cause l’existence même du groupe et l’amitié qui liait tous ses membres. Ne se démontant pas et, par respect pour le défunt Hunter HOLLAND, changeant de nom pour HADEA, ce presque nouveau groupe dévoile aujourd’hui son premier album, à paraître le 27 Janvier 2014. Vous découvrirez un Métal expérimental de très bonne facture, au son pesant et à la production en béton, ou rien n’est laissé au hasard.

FABRIC OF INTENTION dévoile justement assez rapidement les intentions du groupe. HINGE ouvre l’album de manière brutale. La rythmique du morceau est assez changeante, entre rapidité et martellement, pour appuyer le chant et délivrer un sentiment de puissance phénoménal. Le son est très massif, et ce, en grande partie grâce à une ligne de basse (en un mixage dans l’ensemble) hyper présente et rugueuse. Clairement, HADEA veut marquer les esprits et montre qu’il ne veut pas faire de la figuration. Le morceau éponyme confirme les impressions, la musique est assez moderne, dans l’esprit d’une production à la Peter Tagtren et encore plus d’un Devin Towsend, couplé à un GOJIRA dont les rythmiques dantesques des américains s’inspirent.

FABRIC OF INTENTION avance et HADEA dévoile d’autres facettes. Une musique variée au service de morceaux aux structures tortueuses, bien que rarement très complexes. On ne parlera pas de progressif, mais d’expérimental. Après le moins réussi ONE GUARANTEE (dont seul le riff d’intro pourra être retenu), RECONSTRUCTION OF OUR WAY collera la première grosse claque à l’auditeur. Ce morceau éclectique est le plus long de l’album : presque 9 minutes de pur métal expérimental. Il est certainement le morceau le plus représentatif de l’album (en 9 minutes on peut en placer en même temps). D’un passage tout en guitare ‘palm-muted’ / chant clair et lancinant vers une évolution plus Death, le morceau ne laissera pas indifférent et dévoile une structure plus progressive (bon d’accord, un petit peu de prog’ quand même). Même le pont est travaillé, somptueux et plus atmosphérique que le reste (jusque dans les chœurs féminins). Le groupe utilise évidemment quelques samples, dont certains pourraient se retrouver chez THY CATAFALQUE. L’aspect atmosphérique on le retrouvera dans l’autre pièce maîtresse, en clôture de l’album : LARVA TO CHRYSALIS, qui passe aussi en revue tous les styles dont HADEA peut s’accommoder.

FABRIC OF INTENTION nous emmène là où HADEA veut aller sans que l’on y résiste très longtemps en fait. On plonge aisément dans leur univers plutôt sombre. Aux sujets souvent misanthropes : le pouvoir de forces mystiques et naturelles (SOURCE AND CREATOR), l’autodestruction humaine (MALICIOUS SPECIES). Pas forcément original pour le style mais cohérent. Et puis la musique est là pour appuyer le propos : pleine de cassures dans le rythme, saccadée. Le chant est violent, en écho à ces paroles. Mais l’album se clos tout de même sur une note d’espoir : un LARVA TO CHRYSALIS somptueux achève l’album sur un dernier vers (pour la route) peut-être pas si anodin : « Pour ceux qui persistent, l’atteinte du pouvoir. ». Aucun détail de l’album n’a été laissé au hasard …