On ne présente plus Sargeist, mythique groupe de la scène black finlandaise, déversant sa haine depuis maintenant 15 ans. Quatre ans après le bon « Let the devil in », Sargeist revient avec son quatrième opus studio « Feeding the crawling shadows ». Faisant désormais partie de l’écurie allemande World Terror Committe (Valkyrja, Horna,…), le black metal des finlandais n’a pas bougé d’un iota depuis 1999.

En effet, Sargeist reprend la même recette avec un son froid, une production rugueuse, et un black metal primitif et minimaliste. Mais, voilà, la sauce Sargeist ne prend plus. Passées les 48 minutes du disque, la musique des finlandais est rentrée dans une oreille puis ressortie par l’autre. Les riffs épiques et mélancoliques de « let the devil in » ont complètement disparu, comme si Sargeist avait opéré un retour en arrière (une régression ?). La déferlante de riff acérés et les blasts quasi-omniprésents rendent le tout linéaire et répétitif. Malgré quelques variations, comme le mid-tempo « Unto the temple Undead », l’ensemble reste très redondant et « chaotique » d’un point de vue structurel. La production est tellement dense qu’il en devient difficile de discerner les différents riffs, tout comme la voix très en retrait, voire enterrée dans le mix. La basse n’est certes pas l’instrument le plus valorisé dans le black metal, mais ici elle intervient plus par intermittence comme un bourdonnement désagréable en fond sonore.

Dans le black metal il y a deux genres de groupes : ceux qui se renouvellent en étendant leur son vers d’autres directions et ceux qui continuent inlassablement à pratiquer la même musique, avec une succession d’albums plus ou moins marquants, catégorie dont fait indéniablement partie Sargeist. Les puristes trouveront sûrement leur compte dans cette dernière galette des finlandais. Néanmoins, l’aspect répétitif, chaotique et l’absence totale d’innovation me fait penser que Sargeist fait du surplace, et s’enlise petit à petit dans une musique routinière sans grand intérêt…