Prenez six musiciens californiens originaires d'Europe de l'Est et d'Orient qui ont déjà fait deux EP et 4 albums sortir un cinquième album et ça vous donne l'excellent "Aria" du groupe Viza.

A la base neuf dans le groupe, au fil du temps certains sont partis et d'autres arrivés pour en arriver au résultat actuel : un album décapant et surprenant. Excellemment bien produit, mêlant de multiples influences extrêmement différentes et qui vont pourtant si bien ensemble.

L'album ouvre avec "Never Feel" sur une batterie à la caisse claire survitaminée avant d'accueillir le reste de la bande sur des sonorités proches d'un très bon groupe au nom de System of a Down, et qui se rapproche même de son frontman Serj Tankian pour être plus précis, et cette ressemblance n'est pas anodine, je reviendrais sur ce point plus tard. "Aria" commence donc avec une chanson très rock, presque banale si l'on connaît déjà la suite de l'album, mais c'est surtout pour habituer nos oreilles au son des ces spécimens. La chanson est très bien faite, les guitares sont propres et la batterie suit le rythme en apportant une touche légèrement décalée qui donne une toute autre proportion à la musique. Ce qui permet l'auditeur d'accrocher l'oreille est donc cette voix très particulière à la Serj Tankian et cet apport d'un instrument oriental qu'est l'oud, une sorte de grosse guitare à 5 cordes doublées, très surprenant, et cet instrument conforte l'influence de l'arménien de SoaD qui est aussi adepte de ce genre de sonorité.

Là où on voit la différence de voix entre K'Noup Tomopoulos (chanteur de Viza) et Serj, se passe principalement au moment d'élever un peu la voix, comme dans la chanson qui suit "Never Feel" et qui se nomme "QuickSand". La puissance de chant est différente, mais colle bien avec le reste du groupe, ce qui permet au groupe d'avoir une propre identité au lieu de faire un simple copié/collé.

La troisième chanson "Midnight Hour" est très orientale, tout comme "Vanished" ou encore "Beneath the Waves", un vrai plaisir pour les oreilles. Les chansons nous transportent ailleurs et nous permettent de découvrir de nouvelles sonorités que nous n'avons pas forcément l'habitude d'écouter. Les chansons "Viktor's Vanguard" et "Forward March" sont elles plus celtiques avec un côté très folk en gardant une influence rock-metal, un mélange parfaitement bien réalisé. On adorera écouter l'accent de K'Noup quand il chante "C'est la vie", est-ce un clin d'œil à la France où ils y ont fait une tournée de quelques dates il y a peu ? On notera aussi la ballade "The Girl That Doesn't Exist" très spéciale, mais une fois de plus, j'accroche au son, j'accroche aux idées, aux influences, au mélange des genres, j'accroche à tout, j'adhère même devrais-je dire. L'album se termine sur "Take Over The World" qui rappellera la bonne époque d'un System Of A Down un peu fou, qui s'achève sur "Brunette" qui revient aux origines orientales du groupe en rappelant à nouveau les très bons SoaD.

En conclusion Viza nous offre ici un très bon album pour tous les fans de Serj Tankian et System of a Down en général, sans tomber dans le plagiat et le manque d'inspiration, au contraire. Cet album sera aussi parfait pour tous les amateurs de rock-metal, de world music, de folk et ceux qui aiment les mélanges des genres et qui se sentent prêts à ne pas écouter un groupe commun que l'on peut entendre partout. Viza est vraiment un groupe à part, pris sous l'aile de Serj Tankian depuis 2010, avec leur album Made in Chernobyl enregistré dans la firme de l'arménien "Serjical Strike Records" et pour lequel ils ont ouverts une tournée quasi complète avec lui, tout s'explique. Ce n'est donc pas non plus innocent si l'on peut trouver sur internet cette phrase de Serj Tankian, à propos de Viza, "It's the one of the most unique and interesting band I have ever encountered".