Abordons donc le sujet du manchot. Non, pas le spécimen animal de la famille des sphéniscidés, non, non. Plutôt le spécimen musical, plus connu sous le nom scientifique de THE ONE ARMED BAND (TOAM), que l’on trouve dans l’est de la France, à Strasbourg. Un quintet jeune, prometteur et qui, malgré son nom, n’est pas maladroit du tout. Leur album, BLACK HILLS, prouve magistralement le contraire puisque l’album figure dans nos coups de cœur et se révèle être gavé de promesses et de moments musicaux qui nous ravissent. 13 titres aux ambiances marquées et aux influences aussi variées que respectables. Bienvenue dans le monde de TOAM.

La musique du groupe s’inscrit dans une lignée pop-rock, aux influences très libres. On pourra retrouver des influences bluesy, dans MY OWN GOLD, dont le duo guitares/synthé rappelle LED ZEPPELIN, tout comme son riff de guitare très hard-rock. BLACK SWAN, dévoile lui un côté légèrement plus country, teinté d’influences d’ENNIO MORRICONE dans ses mélodies instrumentales et ses arrangements. Et la force des Français est de réussir à garder une cohérence entre tous les morceaux malgré ce spectre musical élargit. La partie émergée de l’iceberg, car musicalement, l’album n’a rien à envier aux ténors du genre, et se défend par ses mélodies justes qui font souvent mouche, ses arrangements subtils et la technique dans son ensemble. Les compositions sont vraiment travaillées dans les mélodies ainsi que dans les détails qui se révèlent petit à petit. Quelques subtilités traduisent le gout de TOAM pour le travail bien fait.

A la base instrumentale rock, on entendra se greffer d’autres instruments, plus originaux dans le genre, comme le trombone (BLACK SWAN, MAD SEASON) et le violoncelle (SUMMER KNOWS, JULY) qui, s’ils restent discrets, manqueraient terriblement au son de TOAM. Plus présent, l’harmonica (COLD RAIN) apporte une touche blues plaisante, qui s’intègre parfaitement à la musique du quintet. C’est grâce à ces arrangements et discrets apports, que la musique du quintet varie ses ambiances. De la période ‘conquête de l’ouest Américain (COLD RAIN, BACK HOME) on se retrouvera dans les années hard-rock 70’s (MY OWN GOLD, THE WORLD IS ON FIRE), dans l’ambiance plus intimiste des ballades (SUMMER KNOWS, JULY), et dans la pop de WHITE TULIP. Au fil de BLACK HILLS, on est presque surpris par la tournure de chaque morceau, qui dénote du précédent et nous séduit encore plus.

Techniquement de très bonne facture, pour ce qui est de la production et du mixage, notons aussi la technique des musiciens et, surtout, celle du chanteur, Pierre Vasseur, dont la voix est l’une des pierres (sans jeux de mot) de l’édifice THE ONE ARMED MAN. Et surement un des éléments de séduction du groupe. Tour à tour agressive, lors d’incartades rock, toute en retenue sur l’intro de NIGHT TRAIN, ou carrément envoutante sur JULY, l’une des 2 ballades, cette voix captive l’auditeur et sait se faire reconnaissable.

Vous l’aurez compris, nous avons été charmé par ce BLACK HILLS qui sort de nulle part, mais qui saura faire du bruit dans le Landerneau. Le groupe impose son empreinte sonore et artistique (grâce à son logo tout simple et identifiable). Techniquement abouti, musicalement riche et varié, l’album de TOAM est, en plus, ultra-facile d’accès. Il se fait apprécier dés la première écoute, et sait captiver au fil des écoutes successives, lors desquelles on découvre, encore un peu plus, les trésors de ces collines noires. Assurément, d’autres trésors arriveront, alors nous, on suivra THE ONE ARMED BAND de près !