Qui dit folk metal suisse dit forcément Eluveitie. Dans l’ombre de la troupe emmenée par Chrigel Glanzmann, se cache pourtant depuis 2010 les genevois de DELION, dans une orientation plus black metal.

Tales of the Northern Realm est le premier effort du jeune sextuor qui n’a, a priori, rien d’original. Dans un genre qui a tendance à se répéter, pas une place n’est en effet laissée à des instruments traditionnels permettant d’apporter une réelle authenticité à sa démarche musicale.
Pourtant, débattre sur ce point n’est finalement qu’un détail puisque cet EP fait partie de ces démarrages de groupes dont on se souvient longtemps… pour les bonnes raisons.

Comme je l’avais ressenti avec la démo des espagnols de Drakum avec leur folk death metal, Delion est de ceux qui ont l’avenir devant eux pour deux raisons principales : la première, extrêmement importante dans ce genre en particulier, est celle de l’accroche : les cinq morceaux sont tous plus prenants les uns que les autres ; la seconde, logique, est celle de l’originalité : Delion n’est pas une copie d’Arkona, Finntroll ou Varg et, si l’on sent que la maturité n’est pas encore tout à fait atteinte, l’empreinte se forme déjà petit à petit, notamment à travers un esprit « RPG médiéval ».

C’est donc à travers de simples mélodies d’un ancien temps, un growl black varié, une batterie rapide et un équilibre entre agressivité et mélodicité d’une ambiance médiévale quasi-symphonique que Delion se révèle être une gemme encore brute. Mais l’attention auditive portée à ces morceaux énergiques et quasi-ludiques est couplée à l’intérêt de l’histoire épique que couvre le début discographique des suisses. Delion serait en effet un guerrier qui faisait partie d’un ordre ayant failli à la protection de son monde. La chute étant relatée dans la démo, l’EP se concentre lui sur la revanche de Delion… Royaume, grandes batailles et dragon, l’écoute de Tales of the Northern Realm est tout simplement une réelle satisfaction pour tout amateur de fantasy médiévale, qui pourra également complimenter sans hésiter la très réussie pochette ornée d’un superbe logo caractérisant très bien l’esprit belligérant de Delion.

Le réel point noir de cet EP se manifeste donc, et sans grande surprise, dans la production de celui-ci, qui est bien loin de mettre en valeur les qualités des musiciens et surtout du clavier qui sonne pour le moins bizarrement.
Cette production n’étant cela dit en rien rédhibitoire (surtout en comparaison avec leur démo), Tales of the Northern Realm reste un succès au moins artistique pour les six prometteurs genevois, en espérant bientôt découvrir un album complet afin de savourer un peu plus en longueur leur univers et la suite de ce captivant conte aux accents fantastiques.