Etrange ovni que nous voyons débarquer là. SQUIDHEAD, un one-man band belge nous fait découvrir son premier EP, en préparation d’un album. PROHIBITION est le nom de cet EP de cinq titres dont la particularité est de ne posséder aucune parole. Oui, oui, PROHIBITION est une œuvre instrumentale, surtout destinée aux guitaristes, il faut bien le dire, mais dont on saluera surtout la réalisation. SQUIDHEAD, alias Pierre Minet (aucun lien de parenté avec Bernard, a priori) a tout fait sur l’album : composition, enregistrement de tous les instruments, mixage, prod, …

Techniquement parlant, le son tient la route, largement. Il est au niveau des productions moyennes actuelles. Mais ce n’est pas sur ce point que l’on jugera SQUIDHEAD. Musicalement, on est davantage dans ce que l’on a tendance à appeler le djent, un dérivé du métal progressif. MESHUGGAH en est aujourd’hui considéré comme le porte-étendard. Voilà pour le petit cours d’étiquetage. Concrètement, il s’agit d’une musique assez poussée techniquement, mais avec toujours un côté mélodique en point de mire.

Les cinq morceaux de PROHIBITION ont été composés sur une guitare huit cordes. La technicité de la musique de Pierre MINET se distingue surtout par une maîtrise de l’instrument (la rythmique, le shred, le tapping) et une complexité des compositions. L’écoute de l’EP donne l’impression que la huit cordes est facilement domptée par le gaillard. Aussi bien dans la vitesse d’exécution, les quelques soli sont là pour le rappeler (THE RITUAL), que dans le déroulé de la rythmique, entre palm-mute et changements de rythmes, il y a une prise de risque non négligeable sur certains morceaux (PROHIBITION). Et s’ils paraissent simples au premier abord, ils révèlent ensuite plusieurs détails. Des superpositions de lignes de guitares (THE RITUAL), quelques passages plus groovy et des cassures rythmiques peu évidentes (RIDING THE OCTOPUS).

PROHIBITION est un EP prometteur, une carte de visite pour SQUIDHEAD. Musicalement, difficile de noter un tel album : la technique est là, la composition comme l’exécution, ainsi que l’enregistrement. Ce, malgré une tendance à la reverb trop appuyée parfois. Ce qui fait défaut à l’EP c’est l’intérêt porté à ce genre d’initiative. Un album 100% instrumental est peu évident et un peu casse-gueule. La musique de SQUIDHEAD est davantage faite pour être vivante et portée par une voix. Quarante-cinq minutes de cette trempe aurait vite fait de lasser l’auditeur. Mais laissons donc l’album arriver, car voilà bien qui pourrait surprendre …