Entreprenons un périple, une excursion, une expérience solitaire à travers un désert de sable et de pierres, au volant d'un 4X4 boueux et bruyant... Le moteur émet des déflagrations inquiétantes à chaque soubresaut de terrain partout accidenté, la tôle semble se déchirer à chaque mètre parcouru, ne laissant aucun répit à notre dos coincé dans le siège déchiré du « bolide ».

Les paysages sont dorés et blancs, à perte de vue, la poussière omniprésente semble nous arracher les yeux à chaque bourrasque, pas une âme qui vive dans tout l'horizon, à part quelques fennecs un peu perdus détalant au son des pneus énormes écrasant le sol et quelques scorpions semblant attendre patiemment une quelconque proie à piquer...

Deux carcasses d'un animal à moitié englouti jonchent le sable sec et nous décidons de stopper notre course pour quelques instants près d'une dune oubliée de tout. La chaleur est insupportable et le vent nous amène des bouffées de sables dans la gorge... Nos gourdes sont pleines mais remplies d'eau brûlante à moitié croupie et on se demande si on aura la force et la résistance nécessaires pour parcourir notre destin...

Non, ce n'est pas un essai de mon nouveau road-movie, mais bien le sentiment que j'ai en écoutant ce Poisoned Altars des ricains de Lord Dying... Ecrasante, étouffante cette dominante d'un seul accord tout au long des huit morceaux (le fameux gros si de la septième corde de guitare), saturé, épais, à n'en plus finir... Quelques changements de rythmiques nous retirent parfois de cette torpeur obsédante et même les quelques soli pas très mélodiques disséminés ne peuvent nous sortir la tête du sable ni de cette impression de course acharnée contre la fureur placide d'éléments plus forts que la résistance humaine.

Et ce n'est pas le chant qui nous aide à crier à l'aide, car il reste bloqué sur une ou deux notes, saturées, hurlées, entre thrash et hard-core, même l'essai de mélodie sur « An open Sore » n'est pas assez présent pour chasser l'épreuve torride du mouvement perpétuellement lourd et gras de cette machine implacable...

Quand on voit le visuel promo des trois musiciens de Portland, on se dit réellement qu'ils ont du passer du temps dans le désert, la sueur perle encore dans leurs cheveux et leurs regards vides semblent avoir vu passer un grand nombre d'hallucinations pour dépasser les portes de la conscience, sous peyotl ou autre substance tendancieuse... Pour fans ultimes de stoner et de sludge uniquement, qui ne cherchent ni mélodie, ni couleur dans la musique...