« Imaginez donc un voyage musical dans les terres ancestrales de l’Europe de l’Est, dans de verdoyantes forêts sauvages, dans d’isolées montagnes s’élevant majestueusement et pour lesquelles l’on peut sans honte vouer silencieusement un culte. Au fond, Negură Bunget ne correspond pas à du metal, pas à de la simple musique. C’est une ambiance, une sensation, un appel aux rêves d’aventures et de beaux paysages, un rappel que la nature est profondément puissante et belle », telle est la description que j’ai pu faire de NEGURĂ BUNGET dans ma chronique du concert nancéien de Rotting Christ le 23/10/2013.

A l’écoute du nouvel album, Tău (petits lacs montagnard en roumain), il me semble que cette description est, plus que jamais, juste. En effet, chaque morceau de cet opus aborde un paysage roumain spécifique et ses légendes, tout en recréant son atmosphère.
Il faut dire que cet album est le premier volet du concept innovant de Negură Bunget : une « Transylvanian Trilogy » dont chacun des trois albums est censé être accompagné d’un long-métrage et d’une bande-son. Si dans ce premier opus, un hommage est rendu à la nature roumaine, les deux albums suivants mettront en valeur les traditions et coutumes de ce pays.

Comme à l’habitude, Negură Bunget nous offre un black metal mélangé au folklore de l’Europe de l’Est, en intégrant des instruments traditionnels acoustiques. De ces compositions découle une atmosphère propre au groupe, que j’apprécie particulièrement.
Pour les connaisseurs, si OM est réputé être le meilleur album du groupe, j’estime pour ma part que que Virstele Pamintului a représenté, au contraire, une nette avancée dans la musique de Negură Bunget. La nouvelle musique de Negru et ses (nouveaux) musiciens s’est en effet révélée plus homogène et plus ambiante à mon plus grand plaisir.

Or, si l’EP Gînd A-Prins l’avait bel et bien sous-entendu, Tău dévoile effectivement une nouvelle page de la musique de Negură Bunget dans la mesure où il s’agit désormais véritablement d’atmospheric black metal, dans la mesure où le groupe roumain n’avait encore jamais créé, à mon goût, une musique aussi ambiante.
"Nămetenie", le premier morceau, est ainsi un délice tant il semble, dans sa première partie, être tiré d’une bande- son d’un reportage relatif à un voyage d’un aventurier solitaire dans les montagnes. Détrompez-vous toutefois : les racines primitives du black metal sont toujours présentes et les participations de Sakis Tolis (Rotting Christ) et de Rune Eriksen (ex-Mayhem) le démontrent. Il ne faut donc aucunement s’attendre à un album pleinement calme. Au contraire, tout est fait pour garder l’attention de l’auditeur.
Negru prouve ainsi encore une fois qu’il a du talent et que l’opposition des partisans de Dordeduh et de Negură Bunget n’est en rien justifiée. Seul le titre "Impodobeala Timpului" laisse une impression étrange, mais rien dans cet album n’est « pas inspiré » ou « moins bon que Dordeduh/OM ».
Je recommande particulièrement le morceau "Curgerea Muntelui" (bien que j’ai déjà eu l’occasion de le chroniquer : cf. chronique de l’EP Gînd A-Prins), où il est possible d’apprécier le son du bucium (sorte de didgeridoo) et d’une trompette. L’ambiance mystique qui s’y dégage révèle à la perfection l’aventure auditive que promet cet opus.
"Tărîm Vîlhovnicesc" est également un chef d’œuvre musical. Morceau efficace et profond, le bonus cette fois se trouve dans la satisfaction d’y retrouver la voix de Sakis Tolis.
Mais comment ne pas citer également "Picur Viu Foc" dans ces recommandations ?

Sans surprise pour moi, cet album est donc une véritable merveille. Il s’agit purement et simplement d’une ode musicale à la Nature, ce qui ne peut laisser insensibles les âmes qui s’émerveillent à la vue de montagnes et forêts…