Premier album de ces jeunes suisses, le trio au nom étrange de 92 nous ramènerait-il justement dans ces années 90, où tout et n’importe quoi a fleuri, les styles variés et les groupes à foison, le grunge, le metal prog, le symphonique, le gothique, l’avènement du death… et la pop, toujours vivace, omniprésente jusqu’à nos jours, resurgie des années 80, améliorée ou dépassée, selon les goûts et les couleurs…

Avec Eighty-Twelve, on se croirait revenu dans un lycée grouillant d’adolescents énergiques, parcourant les escaliers sans fin, se croisant en se saluant, riant entre eux et draguant à tous les coins de casiers… Une seconde jeunesse pour la VO d’un Dawson ou d’un Beverly Hills énième version ?
Une pop un peu psychédélique par moments, mais qui reste toujours dans le droit chemin. Le son est propre, clair, le chant est assez haut et juste, les rythmes sont entraînants, mais l’ensemble manque cruellement de peps, de testostérone et de caféine, si je peux m’exprimer ainsi…

Cela manque de dynamique, on aimerait que ça pousse un peu par l’avant mais rien ne décolle vraiment jamais. On pense même parfois aux BB Brunes qui se seraient essayés au rock mais sans trop saturer leurs guitares, de peur de troubler l’ordre public. À qui la faute ? Au style un peu dépassé, au manque de prise de risque, ou aux musiciens et leur jeunesse, maîtrisant bien leur propos mais pas toujours très inspirés, ou encore à la production assez froide et mécanique ? Ou tout cela en même temps ?

C’est un bon disque pour un premier essai, on ne va pas se le cacher, mais qui manque cruellement de reflet, d’envie, de volonté. Il manque l’éclat, la brillance qui aurait pu transcender cette musique… Le rendez-vous est pris pour le deuxième album, les gars…