Quand on se penche sur le style industriel, on se rend compte que ce mouvement est plus vaste qu'il n'y paraît. Quand est-ce que cela a commencé et combien de formations sont concernées et combien en ont subi les influences ? Bien sûr, il y a les figures de proue et celles-ci sont incontournables, NINE INCH NAILS, MINISTRY, FRONT LINE ASSEMBLY, FRONT 242 ou plus proches comme PUNISH YOURSELF mais aussi beaucoup d'autres ! Puisqu'il vient de nous quitter, on peut aussi citer BOWIE car celui-ci s'en est inspiré pour ses albums « 1.Outside » et « Earthling » en 1994 et 1996 mais aussi « Scary Monsters » en 1981. BROKEN DOWN arrive en 2016 avec un album « The Other Shore » qui va devoir faire suite à tout cela.

Cette demi-heure de musique manque à mon goût de production. Il n'est jamais facile de travailler avec l'électronique mais celui-ci se doit de sortir de l'ordinateur en vous mettant une belle claque. Dommage que BROKEN DOWN n'y soit que partiellement parvenu. A mon goût la production est un élément primordial pour ce style, tout comme pour le rap et la techno car la production est indissociable de la composition. Elle se doit d'être impeccable et dans la mesure du possible puissante et claire. BROKEN DOWN n'y arrive malheureusement que partiellement et de ce fait, je trouve que les compositions ont un peu de mal à décoller.

Après une introduction, « Baine », qui donne le ton, BROKEN DOWN se lance sur « Mr Sun ». Le tempo est lent et le chant plutôt torturé. Certaines parties de chant clair sonnent parfois bizarrement mais ça passe avec le style. On retrouve une sorte de rap d'ailleurs dans la façon de se placer rythmiquement. Je trouve « The Other Shore » un peu plus intéressant pour son utilisation de sonorités un peu plus extrêmes. Cela permet de s'éloigner du rock et franchir enfin le pas vers un peu plus de personnalité et d'identité. Ce titre fonctionne bien avec ses guitares saturées en retrait et son piano devant. « Rearview Mirror » est la bande-son d'un tableau post apocalyptique avec sa ligne de piano lancinante. Là encore l'effet fonctionne bien et comme ce titre est instrumental, on se laisse bien porter par l'ambiance. « Scribble Your World » fait penser à NINE INCH NAILS avec ses batteries électroniques et ses grosses basses. Dommage que le son ne soit pas un peu plus poussé encore une fois. On remarque une belle tentative en arrière-plan avec les guitares saturées auxquelles les vois gutturales font un bel écho. Je trouve la suite avec « Alienated Music » un peu légère mais quel album ne renferme pas un morceau un peu plus faible ? « This Art is Mine » ré introduit un duo avec un chant féminin. Celui-ci fonctionne d'ailleurs plutôt bien. « Speculator » se fait un peu plus nerveux tandis que « Puzzle » conclue ce disque d'une manière un peu plus apocalyptique.

De mon point de vue, BROKEN DOWN pose un premier jet qui a certaines qualités mais auquel certains points doivent être renforcés à l'avenir tels que la production et le chant. Mais il y a au moins quelque chose dans ce projet qui n'est pas donné à tout le monde, c'est une identité. Alors certes ma chronique pourra paraître sévère mais il y a une certaine frustration à écouter certains groupes qui pourraient décoller si tous les éléments étaient travaillés jusque dans les moindres détails. Ceux qui ont marqué durablement le monde des Arts sont ceux qui étaient les plus méticuleux, pas forcément les plus originaux.