Une tuerie ! C'est pour ça que j'aime particulièrement mon hobbie de chroniqueur : autant je tombe sur des productions moyennes, voir médiocres autant j'ai la chance de croiser la route musicale de groupes comme Colossus Fall et de sa perle « Hidden into details ». Les cinq helvètes délivrent un post hardcore imprégné de sludge et soupoudré de stoner. Pour vous aider à situer le propos, on peut citer leurs compatriotes de Krüger (la ressemblance vocale est troublante...) et de Knut (en moins chaotique quand même...) en guise de comparaison (excusez du peu!).
« Hidden into details » (deuxième album du groupe après « Sempervirens » en 2012) donne à entendre neuf titres d'une lourdeur pachydermique mais qui n'en oublient pas pour autant de groover de façon étonnante ou de surprendre l'auditeur par des ossatures rythmiques savamment complexes insufflant un dynamisme noir et violent.
Aucun temps mort dans cet album qui taille ses riffs dans du béton armé livrant un album à la fois très homogène et vraiment original. Le quinquet suisse a en effet réussi le tour de force d'utiliser les motifs et archétypes créatifs de genres largement balisés non seulement en en évitant les poncifs mais en se forgeant une identité musicale singulière grâce à un périmètre créatif qui s'avère large et inventif.
Tous les morceaux sortent donc d'un même moule terriblement puissant, violemment sombre et anxiogène plaçant rapidement celui ou celle qui l'écoute d'abord en situation d'asphyxie sonore pour lui permettre ensuite d'exorciser la rage et la colère bouillonnant au plus profond de son être grâce à des enchevêtrements soniques intelligemment construits, constamment renouvelés au fil des compositions : variations rythmiques, cassures mélodiques et hamoniques dissonnantes incessantes, tempo sans cesse changeants sur lesquels vient se poser une voix hurlante et apeurante par son ampleur gutturale, par sa force animale idoine.
Seul peut-être « Phatt », titre instrumental, qui clôture ce véritable missile apparaît comme un titre post-hardcore plus « classique », sans pour autant tomber dans la facilité...
On saluera également la production maison qui fait habilement ressortir la brutalité du propos musical tout en gardant une qualité acoustique appréciable.
Amateur de sludgecore : passer à côté de cet album ne serait pas une faute de goût, non, ce serait un crime ! Une tuerie ce disque, une tuerie je vous dis...