Voilà tout juste 6 mois que notre papa du rock n’ roll national est parti subitement, sans prévenir et sans plus jamais donner de nouvelles. Il était là et pouf… on l’a perdu. Le papa du rock n’ roll national dont je parle ce n’est, malheureusement, pas l’idole des jeunes dont la perte subite m’en aurait tout juste effleuré une sans faire bouger l’autre. Non. Je parle là de Papa Schultz. Tu sais ? Le punk barbu et toujours souriant, qui trimbale sa vieille guitare sur toutes les scènes pour te faire danser sur ses compos entraînantes et chanter « mort aux vaches » à tue-tête. Ca y est, tu remets le gaillard ? Ben si tu le croises un jour, dis-lui que ses copains le cherchent partout et qu’ils aimeraient avoir des nouvelles. Samedi dernier ils ont même fait un barouf d’enfer à l’Alhambra, des fois qu’il les aurait entendus de là où il est. Et quand je dis barouf, le mot est faible. Un boxon pareil c’est difficilement descriptible, mais je t’aime bien alors je vais tenter de te raconter le bordel.



Y en avait du punk au mètre carré à l’Alhambra. Du punk vieux, du punk jeune, et même du punk intermédiaire, c’est te dire. Tous réunis là pour une grande fête en hommage au disparu. Tous réunis autour d’une scène vide et calme. Enfin au début. Le calme n’a pas duré bien longtemps. Seul présent sur scène, un portrait géant de Schultz, l’air heureux, comme on pouvait le voir le plus souvent durant ses représentations. Il a été rejoint très vite par son vieil ami et compagnon de scène, Sven. Ce dernier a choisi de rendre hommage à son camarade, accompagné de sa famille. C’est donc les Fatal Monstrum qui ont entamé les festivités. Le groupe est composé de papa Sven à la guitare et maman Sven (Maroucha) au chant. Ce sont leurs enfants qui s’occupaient de la section rythmique : petit Sven (Taw) à la batterie et petite Sven (Devi) à la basse. On retrouvait également cousin Sven (David –Stygmate –) à l’autre guitare.
Tout ce beau monde nous a offert une mise en bouche aux sonorités très intéressantes. Ils alternaient des compositions rythmées et d’autres plus calmes. Mais toutes étaient teintées de sonorités bien spéciales. A l’image de Sven en fait : enjouées et psychédéliques. Maroucha passait du français à l’espagnol, de l’espagnol à l’anglais, et était parfois secondée au chant par son compagnon. Devi à la basse délivrait une rythmique impeccable tout en dansant sur scène avec son instrument. Son frère n’était pas en reste non plus derrière ses fûts. C’est étrangement David, plus connu pour être le leader du groupe Stygmate, qui avait le jeu de scène le plus sobre bien que toujours efficace.

Le public semblait savourer la prestation de Fatal Monstrum. Chaque fin de morceau était accompagné d’une déferlante d’applaudissements. Les encouragements allaient crescendo à mesure que la salle se remplissait. Et le portrait de Schultz admirait le tout en se marrant. Ce concert entraînant était une parfaite introduction pour la suite des événements.

SETLIST:

- Plan Condor
- Are You
- Golden Parachute
- Caniche
- Mirawar
- Hoyo Negro
- Dans tes Yeux
- Necesito




Le public était enfin chaud, c’était le moment de rentrer dans le vif du sujet. Après une brève pause, c’est Sven qui est revenu sur scène, guitare à la main. Cette fois-ci il était accompagné de son autre famille. Des visages plus familiers pour le public également. Xavier à la batterie, Stef à la basse et le Schultz géant, au-dessus de tous, qui supervisait les opérations. N’ayant pas trouvé de guitare à l’échelle de Schultz, le groupe a préféré confier le travail à Tom. Ce dernier est également connu sous le nom de Tommy Gun, actuellement guitariste de The Run. Mais qui allait bien pouvoir chanter les paroles issues du répertoire complet de Parabellum ? Au lieu de filer ce rôle à une personne, pourquoi ne pas proposer à toute une tripotée d’amis et proches de Schultz de faire le boulot ? C’est donc une flopée d’artistes, connus du public pour certains, peu ou pas connus pour d’autres, qui se sont relayé le micro durant tout le set.

De plus, si t'as bien été attentif durant le concert, tu as surement vu que Xavier laissait souvent sa place à Patrick Lemarchand. Patrick qui était l'ancien batteur du groupe et qui a donné le flambeau à Xa il y a un bon moment déjà. Un autre ancien, Olivier Meyrand, venait lui aussi remplacer Stef à la basse pour jouer quelques morceaux avec ses vieux camarades
C’est tout naturellement Niko (Tagada Jones) qui a entamé les hostilités avec « Osmose 99 ». Le public était en ébullition dès les premières notes. Les pogos et les premiers slams ne se sont pas fait attendre. Les premiers d’une longue série qui n’a pris fin que trois heures plus tard. Reuno (Lofofora) a pris le relai pour « St Lazar ». La première grosse surprise fut de voir Sanseveriono prendre le micro pour nous chanter « Saturnin ». A ce moment, l’ambiance dans la salle est encore monté d’un cran. On a pu voir passer également Kick au micro et à la guitare (pour info, Kick avait écrit les paroles de plusieurs morceaux de Parabellum). Maroucha est aussi remontée sur scène pour prendre le micro. On a pu voir également Mado, la compagne du batteur, Poun (Black Bomb A), Kick (non pas celui-là, l’autre, celui qui joue de l’harmonica).

La grosse surprise, que dis-je, la grosse claque dans ta gueule, c’est le moment où sont apparus sur scène les Svinkels au complet pour chanter « Anarchie en Chiraquie ». Plus grand monde n’espérait voir les trois lascars foutre un bordel sur scène tous ensemble un jour. Et là encore, l’ambiance est montée encore d’un cran. Je ne pouvais plus compter le nombre de slameurs pris sur le coin de la gueule le temps de ce morceau. Si tu n’étais pas loin de moi, tu dois t’en souvenir aussi. Ou peut-être que c’est toi que j’ai pris au coin de la gueule ?

Se sont succédés également Dolly pour une reprise de « Bang Bang » de Nancy Sinatra, ou encore Vx (Punish Yourself) qui a partagé le micro avec Niko pour « Amsterdam » et « Cayenne ». Pour ce dernier morceau, la scène s’est vue envahie littéralement par le public. La foule déferlait sur scène pour attraper un mico et chanter "Mort aux condés". D’autres encore montaient sur scène pour mieux retourner dans le public en sautant énergiquement.

Certains musiciens ont également fait des apparitions remarquées. Entre autres, Yves Panik et son gros engin pour rythmer certains morceaux rock n’roll comme « Zig Zag Rock ».

Un train d’enfer mené tambour battant par une bande de copains déchaînés. Et Schultz qui se marrait encore et toujours...
Après toute cette pagaille, les artistes ont demandé au public de dégager la scène. Les hostilités allaient se prolonger un peu avec le Bal des Enragés.

SETLIST :

- Osmose 99
- À Saint-Lazare
- Le Dernier Trocson
- Saturnin
- Papa
- La Roue de la fortune
- Le Bal des canailles
- Le 13ème Salopard
- Stand by Your Man
- La Bande (à Bonnot)
- Comme un chien en laisse
- SVP
- Zig Zag Rock
- Welcome to Paradise
- Bang Bang
- Anarchie en Chiraquie
- Tant qu'il y aura des watts
- Amsterdam
- Cayenne
- Le bal




Après ce long set revisitant les 30 ans de scène de Parabellum, cette bande d’enragés de la scène ne voulaient pas en rester là. C’est sans temps mort qu’ils ont enchainé avec « Ace of Spade ». Et c’était parti pour encore deux heures de rock à gogo. On a vu apparaitre des artistes qui n’étaient pas montés sur scène jusque-là mais qui sont des figures désormais emblématiques du Bal des Enragés. Je pense notamment à Klodia ou encore Lolo Le Fourbe et ses déguisements toujours aussi barrés.

Comme à leur habitude, les artistes se succédaient aux micros commes aux instruments pour nous offrir des reprises toutes plus dingues les unes que les autres. Les titres étaient en grande partie les mêmes que ce qu’on a pu entendre durant leur tournée. Quelques nouveaux morceaux ont également fait leur apparition. Mais l’esprit complètement déjanté était bien là.

Les intervenants du précédent set se sont joints également à la troupe déja nombreuse. Et bien entendu, Gerard Baste, Nikus Pocus et Xanax sont revenus pour réveiller le Schultz qui est en toi.
Entre Klodia qui dansait avec le feu, Lolo qui jouait à faire des étincelles avec sa meuleuse et Poun qui balançait ses potes dans le public pendant qu’ils essayaient de chanter, personne du public ni des artistes n’a eu le moindre instant de répit. On a même pu apercevoir Yves, le guitariste des Sales Majestés monter sur scène pour mieux replonger dans la foule.

Une ambiance folle qui s’est terminée par une reprise de « What a Wonderful World » que Schultz appréciait particulièrement.

Le concert, bien que dément, était néanmoins teinté de nostalgie. L’émotion était palpable à chaque instant. Malgré ça, on s’est tous divertis comme des fous. Aussi bien dans la fosse à admirer le spectacle en cognant sur son voisin que sur la scène où les musiciens s’éclataient comme des dingues. Et Schutlz, figé à tout jamais dans nos mémoires réchauffait tout ce beau monde de son sourire immuable. Cet hommage était indéniablement à la hauteur du personnage.
On se recroisera bien assez tôt, mais d’ici là, bonne cuite à toi au royaume des punks.

SETLIST :

- Ace of Spade (Motörhead cover)
- Hate to Say I Told You So (The Hives cover)
- Rise Above (Black Flag cover)
- Bad Reputation (Joan Jett cover)
- Holiday in Cambodia (Dead Kennedys cover)
- Killing in the Name (Rage Against the Machine cover)
- I Wanna Be Your Dog (The Stooges cover)
- Maxwell Murder (Rancid cover)
- Sick Boy (GBH cover)
- Know Your Product (The Saints cover)
- You Really Got Me (The Kinks cover)
- Rockaway Beach (Ramones cover)
- I Fought the Law (The Crickets cover)
- Ring of Fire (Johnny Cash cover)
- Broken Down (Los Carayos cover)
- Mama (Los Carayos cover)
- Cheque Book (Dr. Feelgood cover)
- I Was Wrong (Social Distortion cover)
- Fire (The Jimi Hendrix Experience cover)
- Réveille le Punk qui est en toi (Svinkels cover)
- La Bière (Les Garçons Bouchers cover)
- God Save the Queen (Sex Pistols cover)
- Nice Boys (Don't Play Rock n' Roll) (Rose Tattoo cover)
- Refuse/Resist (Sepultura cover)
- Territorial Pissing (Nirvana cover)
- If the Kids Are United (Sham 69 cover)
- Vive le feu (Bérurier Noir cover)
- What a Wonderful World (Louis Armstrong cover)


Un grands merci à Rage Tour de nous avoir accordé l’accréditation malgré le peu de places restantes. Merci également à Zaza et Gaëlle pour les infos qu’elles ont pues me donner sur les divers intervenants de ce concert. Un grand bravo à l’équipe technique, le son et les lumières étaient au top.

Quant à moi, je vous retrouve très vite pour de nouvelles chroniques de concerts.