CHRONIQUES DE CONCERTS

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Heritage Tour 2011
Avec : Pain of Salvation, Opeth
Date du concert : 16-11-2011  
Lieu : Le Bataclan - Paris [ 75 ]  
Affluence : 1 500  
Contact organisateur : http://www.roadrunnerrecords.com  
Interview :  
   
Date de la chronique : 25 novembre 2011 - Chroniqueur : La.Faux - Photographe : Diane Rx Photography https://www.facebook.com/pages/Diane-Rx-Photography/210610619008162  


Un report où il sera question de crème brûlée, de jeux vidéos où l’on coupe des têtes de partout, d’Europe (the final countdoooooown) et de guitares acoustiques sur lesquelles on peut chanter des chansons joyeuses, mais des chansons glauques et sombres c’est quand même mieux. Alléchant non ?


C’est une affiche excellente, intrigante et très cohérente qui est proposée ce soir : -excellente parce qu’il s’agit probablement des deux meilleurs groupes de metal prog suédois (voire de metal prog tout court ?) réunis : Pain of Salvation et Opeth, ce dernier ayant atteint il y a pile un mois le bel âge de 25 ans. -intriguante et cohérente, parce que les deux groupes ont amorcé, presqu’au même moment, un virage radical par rapport à leur musique passée. Or si l’exercice de style semble avoir conquis chez Pain of Salvation, le public est beaucoup plus divisé sur le dernier opus d’Opeth, Heritage –la « faute » à une fanbase présente depuis plus longtemps, et qui porte le groupe aux nues depuis des années…et à quelques frustrés dont je fais partie qui s’aperçoivent que leur premier concert d’Opeth –une honte, je sais- sera constitué pour moitié de titres du fameux dernier opus qui fait couler tant d’encre…et de larmes ? Curiosité et fébrilité seront donc les maîtres mots de ce concert, et le public ne s’y est pas trompé, l’événement étant complet depuis plusieurs semaines. La foule s’est même déplacée tôt –Pain of Salvation commence dès 18h45- et pas mal de personnes rateront le début du set tant l’engorgement est maximal à l’entrée. Bien évidemment, il fait déjà une chaleur de fou furieux avant que le concert ne commence, et l’entassement du public n’arrangera rien.


Comme ce sera le cas de leurs compatriotes quelques temps plus tard, les suédois de Pain of Salvation ont laissé la part belle au dernier album, Road Salt Two –la moitié des titres exactement- et à son prédécesseur Road Salt One. Seules deux « vieilles » chansons sont donc jouée ce soir : l’inusable Ashes et Kingdom of Loss, alternée avec Fandango sur la tournée. On pouvait s’en douter, une majeure partie du public est venue autant pour Opeth que Pain of Salvation (voire surtout pour Pain of Salvation concernant certains d’entre eux), et l’ambiance est donc animée dès le départ. Nul besoin de tour de chauffe ou d’exhortations de la part du leader David Gildenlöw, le public est déjà acquis à la cause du groupe.



Tous les membres manifestent d’ailleurs leur plaisir d’être là, ce qui est un constat doux-amer quand on sait que Johan et Fredrik ont annoncé début novembre seulement leur départ du groupe juste après la tournée avec Opeth, faisant un instant douter David sur la continuation de Pain of Salvation. Heureusement, il a expliqué depuis dans un communiqué qu’il ne lâcherait pas son bébé, secondé par le batteur français –cocorico- Leo. Mais revenons-en au concert : la setlist est plutôt bien agencée, et les deux tueries attendues tiennent toutes leurs promesses. Je veux bien sûr parler de 1979, véritable bijou ourlé de piano et de nostalgie pour les 70s, et de Linoleum, single carré et efficace sur lequel David montre encore une fois l’étendue de son talent vocal. Il fera même participer le public sur la chanson, le faisant scander après chaque riff, ce qui constituera résolument l’un des temps forts de la soirée.



Huit chansons seulement, c’est bien sûr trop peu, et David rassurera tout ce petit monde dépité en annonçant que le groupe sera de retour sur scène en France –en tête d’affiche, semble-t-on lire entre les lignes- en février 2012. Après un set aussi impeccable, agrémenté de bonnes balances et de lumières réussies, on en redemanderait bien ! Rendez-vous est pris, bien qu’on puisse songer qu’il faudra du boulot pour remplacer Johan et Fredrik rapidement et efficacement.


Setlist :



  1. Soflty She Cries

  2. Ashes

  3. Conditioned

  4. 1979

  5. To The Shoreline

  6. Kingdom of Loss

  7. Linoleum

  8. No Way



Une minuscule demi-heure plus tard, c’est au tour d’autres suédois, ceux d’Opeth, d’entrer sur scène. Le public se sera chauffé tout seul avant leur apparition –je vous l’ai dit, ils étaient impeccables ce soir- avec force acclamations et applaudissements ; et quand retentissent les premières notes de Devil’s Orchard, titre d’ouverture du dernier album Heritage, des explosions enthousiastes se font entendre dans le Bataclan bondé de bas en haut. Au centre de la scène, négligemment vêtu d’un tee shirt rouge et d’un jean délavé, Mikael Akerfeldt -dieu de pas mal de personnes présentes ce soir- est flanqué de la setlist ET de dizaines de feuilles scotchées au sol : il s’agit des paroles de plusieurs chansons du dernier album, mais aussi de plus anciennes comme Hex Omega.


En proposant l’incontournable Face of Melinda -temps fort du concert- en troisième position, Opeth fait encore gagner quelques degrés à la salle. Il est d’ailleurs curieux et enthousiasmant de remarquer que face à ce set beaucoup plus calme que ce que proposaient les suédois jusque là, le public à l’affût n’hésite pas à applaudir ou crier dès qu’un peu de distorsion ou de double pédale se fait entendre.



Heritage qui porte bien son nom par son hommage assumé aux 70s est donc à l’honneur ce soir. Mais si la majeure des titres choisis fonctionne étonnamment bien en live –peu à peu mes craintes face à l’un de mes absolus groupes préférés s’effacent-, je me dois de pousser un coup de gueule contre la bouse –oui, la bouse- Nepenthe qui non contente d’être un titre poussif en studio, n’est pas améliorée par le live. Cette chanson avait d’ailleurs d’autant moins sa place qu’elle a volé celle d’une Famine qui aurait été bien plus judicieuse. Un second coup de gueule –on n’est jamais aussi durs qu’avec ses idoles !- concerne encore une fois le choix des morceaux : aucun titre de Blackwater Park, pourtant THE album d’Opeth, ni même les incontournables et toujours jouées jusque là comme Demons of the Fall ou Deliverance ou encore The Drapery Falls. Et même dans les anciens albums, les choix sont curieux, comme un Closure issu de Damnation là où l’on aurait pu attendre un Windowpane. Finalement, les deux seuls morceaux un peu « bourrins » seront issus de Watershed –et c’est déjà pas mal ! A cet égard, qu’un set acoustique de 3 chansons soit enchaîné juste après Nepenthe est d’ailleurs étonnant, voire discutable. Cela étant dit, l’accueil du public est très bon et les compliments que l’on peut faire au groupe sont multiples : d’abord la présence de Mikael Akerfeldt, impeccable vocalement, et qui nous gratifie de son humour pince sans rire quasiment entre chaque morceau pour notre plus grand plaisir. Je vous parlais de « crème brûlée », que signifie donc cet obscur délire ? Pour résumer, lorsque vers la seconde chanson, Mikael a demandé si ça allait, plusieurs « and you ?? » lui ont répondu, ce à quoi il a répliqué qu’il avait très bien mangé, et que son bassiste aussi parce qu’il était dingue de crème brûlée. Et c’est une blague filée tout au long du concert que nous propose Mikael, puisqu’il interrompra parfois sa présentation d’une chanson en disant « vous savez que là, il pense à de la crème brûlée hein ? « , délire qui atteindra son paroxysme au rappel où il demandera à la foule de hurler ce à quoi peut bien penser Martin (CREME BRÛLEE !).



Ensuite, pour en revenir aux atouts du groupe ce soir : malgré un certain statisme, tous les autres musiciens participent à créer une atmosphère particulière, chaude et fascinante, qui doit beaucoup…à Heritage ! Car si oui, l’album ne m’a toujours pas convaincue en studio, le concept fonctionne très bien en live, épaulé par des lumières originales et réussies, des balances impeccables, et un je-ne –sais-quoi, ce quelque chose qui fait qu’Opeth est un groupe à voir, un groupe à part –comme si l’on pouvait en douter. La révélation qui s’impose finalement, c’est qu’on vient voir Opeth pour Opeth, et non pour leurs morceaux. Peu importe ce qu’ils jouent –ou presque, coucou Nepenthe-, on est pris et on est dedans jusqu’au bout. Mikael a d’ailleurs bien conscience du challenge que représente la nouvelle orientation artistique du groupe, introduisant Nepenthe par « si vous l’aimez pas…je m’en fous », et évoquant l’ovni The Throat of the Winter –ne figurant sur aucun album- qui a été composé pour un jeu vidéo bien sanglant où « il faut couper des têtes de partout » (sic). Et Mikael de conclure qu’il n’avait reçu aucune instruction, donc que la chanson qu’il a faite n’a rien à voir avec l’esprit du jeu. Et effectivement, ce titre qui aurait presque pu figurer sur Heritage semble bien doux et complexe pour ce type de jeu. Bien qu’un peu longuet, le set acoustique nous livre –encore- quelques petites facéties de Mikael : « ceci est une guitare acoustique, mais pourtant elle est branchée, donc elle n’est pas si acoustique que ça » (…) « ceci est une petite guitare acoustique, on peut faire des chansons joyeuses dessus » et il commence à chanter une impro en mode « the sun is shiiiiiniiiiing » avant de se couper « non mais les chansons joyeuses c’est pas mon truc, alors je vais jouer un truc sombre et glauque » en enchaînant sur Closure. La reprise du show normal continue dans la bonne humeur, avec une pointe de respect en plus quand le groupe attaque Slither en hommage à feu Ronny James Dio. La fin de la setlist est plus directe et efficace –au sens musical du terme- avec A Fair Judgement et Hex Omega qui voit les premiers petits mouvements de foule.



Vient hélas déjà l’heure du rappel. Une seule chanson, mais beaucoup d’animations pour l’introduire ! La présentation des musiciens tout d’abord, donc crème brûlée Martin le bassiste, Martin le batteur, Joakim le nouveau claviériste et Fredrik le lead guitariste. Ce dernier, sur demande de Mikael, nous gratifiera d’un puis deux riffs « neo metal suédois » -ne pas chercher à comprendre. Comme Joakim vient du même bled que les types d’Europe –Mikael nous demandera d’ailleurs si nous aussi on aime The Final Countdown- il fera à la demande de ce dernier un solo « bien néo métal suédois » (…) applaudi. Dans cette bonne humeur, alors que les suédois s’apprêtent à jouer leur morceau, plusieurs membres de la fosse commencent à bombarder de titres de chansons ! Ainsi fusent les Deliverance, To Bid You Farewell etc. ce à quoi Mikael répondra que NON, toujours avec son humour pince sans rire. Et c’est un rappel judicieux qui nous est proposé : Folklore qui porte bien son nom, et sur lequel le public participera beaucoup. La chanson est longue, riche, inspirée, comme une preuve qu’un retournement complet de style musical, du death prog schyzophrène au rock seventies un peu psychédélique et contemplatif, ca peut plaire à 1 500 métalleux. Opeth est mort, vive Opeth !



Pour ceux qui ont eu la flemme de (tout) lire :


Tueries : le public, les délires de Mikael (en vrac,  pub irlandais, crème brûlée et jeux vidéos sanglants), Face of Melinda & Porcelain Heart, l’aura du groupe. 1979 & Linoleum de Pain of Salvation.


Bémols : Nepenthe, aucune chanson de Blackwater Park (!) ni Orchid, suppression des incontournables type Demons of the Fall, passage acoustique un peu longuet.


Bilan : 9/10



 


Setlist :



  1. The Devil’s Orchard


  1. I Feel the Dark


  1. Face of Melinda

  2. Porcelain Heart

  3. Nepenthe


----Acoustic



  1. The Throat of Winter

  2. Credence

  3. Closure


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  1. Slither

  2. A Fair Judgement

  3. Hex Omega


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12. Folklore



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