L'association J.A.M.A.I.S., sous l'impulsion de son jeune et dynamique président, Florian Beaufils, n'en est pas à son premier concert de rock metal dans l'agglomération lyonnaise, mais cette fois-ci, avec le concours de L'Alchimie des Ténèbres, c'est un événement étalé sur deux soirées, les 18 et 19 février, qui est organisé à l'Hôtel de la Musique de Villeurbanne. La tâche n'était pas simple, le pari pas gagné d'avance en termes d'affluence. Mais finalement, le public, forcément motivé, s'est déplacé en nombre convenable, découvrant ainsi un nouveau lieu, jusqu'ici confidentiel ou réservé aux répétitions.

Notre webzine a couvert la soirée du dimanche 19 février, à savoir quatre groupes connus en Rhône-Alpes et au-delà. A notre arrivée dans cette salle aux dimensions relativement modestes, il semble régner une certaine effervescence parmi les musiciens et les bénévoles déjà présents, sur la petite scène carrée on commence ou termine les balances. C'est un peu l'inconnu, mais pourquoi s'inquiéter puisqu'on a affaire à des musiciens expérimentés, représentant des styles différents?

Il est 17h30 lorsque SPACE CALL, formation originaire du Nord-Isère, donne le signal du départ. Ils sont quatre ce soir, le bassiste souffrant étant remplacé par le deuxième guitariste. SPACE CALL pratique un metal indus original, voire atypique - qui en déroute plus d'un. Leur album sorti à l'automne 2011, "Synchrotron", a révélé leur potentiel, leur talent et leurs qualités scéniques, notamment celles du chanteur, Cliff Estatof dont le frère Mike n'est autre que le batteur... Un "malheur" n'arrivant jamais seul, un incident technique, qui se révèlera assez sérieux, va perturber puis interrompre le jeu pendant de longues minutes. On perçoit l'embarras du quatuor qui sera ultérieurement contraint d'écourter son set de trois chansons sur dix, mais le public compréhensif encouragera les musiciens jusqu'à la fin de leur dernière chanson "Superstar". On retiendra de la prestation de SPACE CALL une musique aux sonorités parfois punk ou grunge, sur fond guerrier, servie par la voix modulable du frontman, tantôt rauque, tantôt aiguë ou claire, l'ensemble restant énergique et harmonieux. Ce groupe dont le line-up actuel date de 2006 a su se forger une identité propre, on avait pu le constater dans de meilleures conditions en septembre 2011, à la MJC-Ô Totem.

C'est un autre genre qui va maintenant tenir les spectateurs en haleine, un véritable rouleau compresseur écrasant tout sur son passage, la métaphore est facile, j'ai nommé FOAD. Lionel, frontman charismatique, imposant dans tous les sens du terme, est doté d'une voix surpuissante, gutturale au possible, lâchant des "gruiks" venant du fond de ses entrailles, il crée l'ambiance! Mais attention, âmes sensibles,s'abstenir! Le quatuor à la fois parisien et lyonnais donne dans le death-thrash, jusqu'au grind-stoner (!) en passant par le hardcore...Efficace comme il l'était dans DOGMA, le chanteur bénéficie du concours d'un excellent batteur, Polo, guitariste et bassiste n'étant pas en reste. C'est une musique lourde et grasse, puissante et stimulante que nous offre FOAD - écoutez donc leur EP de quatre titres! Une batterie rapide comme une mitraillette, mais aussi des séquences instrumentales mélodiques, un set d'une petite demi-heure seulement, agrémenté par quelques pointes d'humour. La reprise d'une chanson de SEPULTURA servira de conclusion. Demandez aux métalleux cubains - oui, il y en a - s'ils se souviennent du passage de FOAD en compagnie des montagnards de SEDATIVE dans leur île à l'été 2010 !...

<

Il est un peu plus de 19h lorsque le troisième groupe programmé en ce dimanche soir, les Annéciens de BROKEN MIRRORS, investit la scène, un peu étroite pour ce quintette. Les Hauts-Savoyards qui pratiquent un thrash-death mélodique qui sort des sentiers battus ont le vent en poupe en ce début 2012, probablement en raison de la qualité reconnue jusqu'au Japon de leur dernier album en date "The Universal Disease", sorti fin janvier et encensé à juste titre par la critique. D'ailleurs ce sont des chansons issues de cet album que François Guichard, l'un des fondateurs du groupe en 2007, et ses quatre compagnons vont interpréter devant un public attentif et content d'être là. Le chanteur-guitariste, François, s'impose d'emblée par son aisance et sa voix juste et prenante, en duo avec Florian, l'autre guitariste-chanteur. Guillaume est à la basse, Julien derrière ses fûts et Van (Vannick) aux claviers. C'est précisément ce dernier élément qui contribue à faire l'originalité de BROKEN MIRRORS. Chacun des cinq instruments est mis en valeur et joue parfaitement son rôle, créant une sorte de choeur instrumental d'une réelle beauté. Efficace, parfaitement coordonné, varié et mélodique à la fois, le jeu des musiciens de BROKEN MIRRORS les situe parmi les artistes qui montent en puissance. Saisissant au vol quelques riffs particulièrement "musclés", une poignée de jeunes fans tente sans grand succès de lancer un pogo. Décidément, les BM de 2012 jouent désormais dans la cour des grands.Qu'ils poursuivent dans cette voie...et avec ces voix ! Ils obtiendront la mention "très bien", c'est ce qu'on leur souhaite, car ces garçons simples et modestes inspirent la sympathie.

Il est 20h30. C'est au groupe venu en voisin de l'Est lyonnais, CARNAGE OF CHILDREN, que revient l'honneur de mettre un point final à cette soirée riche en émotions. Les CARNAGE, c'est ainsi qu'on les nomme quand on les connaît bien et qu'on apprécie leur travail, sont bien ancrés dans un genre que l'on pourrait appeler "death-metal old school", teinté de thrash. Les "cinq frères d'armes" se sont affirmés - et ce n'est que justice - au cours de l'année 2011 avec la publication de leur album "Way of Darkness", bien reçu par les commentateurs exigeants. C'est Alex, le chanteur, qui donne le ton avec l'énergie et la passion de sa jeunesse. Il s'agite sur la petite scène, micro en main, crie, hurle, saute dans l'arène, bondit, plaisante...mais chante aussi de sa voix profonde et forte, observant le public et ses réactions. Strictement vêtus de noir, de part et d'autre de la scène, entourant le bassiste Pascal, doyen du quintette, Gary et Hugo, guitaristes et chanteurs, toujours sérieux et concentrés sur leur instrument, semblent plongés dans leur univers. Mais quelle dextérité, quelle précision! Quant au batteur, Anthony, toujours aussi discret et efficace, on l'aperçoit à peine en arrière plan. CARNAGE OF CHILDREN nous délivrent une musique martiale, lourde et puissante, morbide et sombre, d'une esthétique indiscutable qui leur est propre. Ils ont un style personnel qui fait leur charme, ils savent le valoriser en travaillant beaucoup sans pour autant renier leurs influences. Ils ont leur public fidèle, qui les soutient et les apprécie depuis leurs débuts. Un concert avec C.O.C. est toujours un plaisir. Sensibles et réservés, les gars de CARNAGE possèdent un potentiel incontestable qu'ils sauront exploiter, tôt ou tard sur les scènes régionales ou nationales. Ils le méritent et en sont capables.

Cette deuxième soirée du Soutien Metal Fest s'achève relativement tôt - peu après 21h. Les deux premiers groupes auront joué environ 30 minutes, les deux suivants 45 minutes. Le public composé essentiellement de connaisseurs et d'amis ne s'y est pas trompé. En dépit des imperfections techniques et grâce au dévouement des bénévoles, il est permis d'affirmer que ce concert fut une réussite, musicale et humaine.Certes, l'atmosphère n'était pas vraiment "festive", mais plutôt "bon enfant". Il convient de remercier les deux associations à l'origine de ces deux soirées, les groupes du dimanche, mais aussi ceux du samedi, et tous ceux qui se sont déplacés. Des relations et des amitiés se sont nouées à l'Hôtel de la Musique, cela aussi c'est important...

SET-LIST de SPACE CALL:

1) Sceam like a pig

2) Mediatik

3) Psykotik

4) Shut up

5) Dies Irae

6) Spit on me

7) Heal Yeah

8) Synchrotron

9) Flash light

10) Superstar

SET-LIST de BROKEN MIRRORS

1) Strong Enough

2) A Thousand Voices

3) Pig Marmelade

4) Heaven Can Wait

5) Holding the Triggers

6) Aquarius

7) Erotic Thirst

8) A Dream Within a Dream