CHRONIQUES DE CONCERTS

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Power Prog & Metal Festival 20
Avec : Trollfest, Septicflesh, Korpiklaani, Rhapsody of Fire, Finntroll, Evergrey, Sonata Arctica, Accept, Powerwolf, Freak Kitchen, Epica, Blind Guardian…
Date du concert : 06-04-2012  
Lieu : Lotto Mons Expo - Mons [ Belgique ]  
Affluence : 13 000  
Contact organisateur : http://www.ppmfest.com  
Interview :  
   
Date de la chronique : 28 avril 2012 - Chroniqueur : La.Faux - Photographe : Diane Rx Photography https://www.facebook.com/pages/Diane-Rx-Photography/210610619008162  


Pour sa (seulement) troisième édition, le « Power Prog & Metal Festival » made in Belgium a vu les choses en grand : toujours 2 scènes mais cette fois-ci trois jours entiers de festival, avec plus de 30 groupes et environ 13 000 personnes au compteur !Si la majorité du line-up peut être rattachée à la scène power ou prog bien sûr, l’organisation a surtout eu la riche idée de convier plusieurs groupes plutôt -voire totalement- hors charte pour notre (mon ?) plus grand plaisir : Trollfest, Korpiklaani et Finntroll pour la dimension folk/pagan de ce week-end, Septicflesh pour la dimension death symphonique, et les déjantés de Freak Kitchen pour la dimension…paranormale (nous y reviendrons très vite). Notons également avant d’entrer dans le vif du sujet une propension aux représentants du bon vieux heavy metal, la tête d’affiche Accept en tête, ce qui pourrait donner lieu à un changement de nom pour « PPHM » relativement pertinent.


Place maintenant au plat principal illustré ; j’ai du me limiter un maximum en terme de photos pour ne pas trop alourdir vos estomacs dans ce report qui promet d’être déjà long, donc n’hésitez pas à aller voir ma page facebook pour beaucoup plus de témoignages visuels de ce beau week-end.


 


Vendredi :


7 groupes sont à l’affiche pour le premier jour du PPM 2012 : Goliath, Methusalem, Odd Dimension, Trollfest, Septicflesh, Korpiklaani et Rhapsody of Fire. Rien que sur cette journée, l’on retrouve la fameuse diversité –très- bienvenue évoquée en introduction ! Pour autant, soyons clairs : les trois premiers de la liste ne laisseront pas un souvenir impérissable, loin de là. Les belges de Goliath surprennent tout le monde en ouverture par un son très « core » qui ne soulève pas particulièrement d’enthousiasme. Les lumières n’ayant manifestement pas encore été tout à fait réglées, le groupe fera un passage éclair (un peu plus de 20 minutes) dans une obscurité peu propice à les juger convenablement. Les néerlandais de Methusalem, ayant déjà ouvert pour les deux anciens chanteurs d’Iron Maiden et évoluant dans un style heavy, font quant à eux preuve d’un enthousiasme qui fait plaisir à voir sur scène, mais le timbre aigu –voire suraigu- du chanteur sera rapidement irritant, sauf pour les amateurs du style.



Quant aux italiens d’Odd Dimension, ils passeront difficilement l’épreuve de la scène malgré beaucoup d’éloges sur leur dernier album, la faute à un son approximatif et à un chanteur pas tout à fait au point. Le groupe étant encore jeune, gageons qu’avec un peu plus d’expérience, il saura s’imposer. Les choses sérieuses commencent donc vers 19h avec les norvégiens barrés de Trollfest : balançant un folk métal déjanté et bourrin, accompagné sur scène d’un saxophone qui aura son petit effet, le combo réveille pour la première fois un public légèrement léthargique depuis le début, le paroxysme étant atteint en fin de set avec un circle pit plutôt honorable, une chaise circulant même dans le lot (…). La bonne humeur et l’envie de décharger une bonne dose de gros son anime le groupe tout du long et les 40 minutes passent hélas beaucoup trop vite. A voir et revoir dès que vous en aurez l’occasion, spectacle et plaisir garantis.



Après la chaleur folk, la froideur death…ce sont les grecs de Septicflesh qui prennent le relais et le changement de ton est sans appel, mais pour les fans des deux styles (dont votre reporter), l’enchaînement est jouissif. Détonnant complètement dans le line-up global de ces 3 jours, le groupe a ramené ses fans –dont certains ne sont venus que cette journée pour eux, comme certains membres de Dylath-Leen- et l’accueil est chaleureux, ce qui fait plaisir à voir. Seth Siron Anton, le charismatique leader cumulant les postes de bassiste et de chanteur, remplacera toutefois l’habituel wall of death pendant «Persepolis » par des chants scandés de la foule sur les « Burn ! Burn Burn ! », probablement par crainte que le public ne joue pas le jeu, mais il est probable qu’il l’aurait fait car le groupe a été une bonne découverte pour pas mal de monde. Dommage que son superbe micro customisé soit absent cette fois-ci, alors que ceux de Korpiklaani ou Powerwolf seront eux bien présents. Si les jeux de lumière tout en fumée et backlight ne sont pas le meilleur ami du photographe, l’atmosphère sombre et malsaine qu’ils dégagent mettent en relief la musique lourde et complexe du combo. Une heure n’est pas de trop, loin de là, et on en aurait bien redemandé quand ils quittent la scène après leur habituel dernier morceau, « Five Pointed Stars ». Encore un must !



Les finlandais de Korpiklaani réchauffent de nouveau l’atmosphère une courte pause plus tard avec leur folk festif et dansant, l’accordéon et le violon étant un vrai plus en live. Si le set donne parfois l’impression que les morceaux se ressemblent un peu –trop-, l’on ne s’ennuie pas : une heure est vite passée. Il n’est pas étonnant en tout cas qu’ils tournent actuellement avec Trollfest un peu partout en Europe tant les deux groupes évoluent dans le même style tout en ayant chacun leur propre personnalité.



Enfin, à un peu plus de 23h, ce sont les italiens rois du power metal symphonique, Rhapsody of Fire, qui clôturent cette soirée par quasiment 2h de set et moults rappels –nous y reviendrons. Petit rappel : le groupe a splitté il y a peu entre le guitariste Luca Turilli et le bassiste Patrick Guers d’une part (membres maintenant de Luca Turilli’s Rhapsody) et le reste du groupe d’autre part. C’est donc un nouveau guitariste, Tom Hess, qui accompagne Alex Staropoli et sa bande sur scène, ainsi qu’un nouveau bassiste, Olivier Holzwarth, qui n’est autre que le frère du batteur du groupe, Alex Holzwarth ! Vous avez suivi ? Alors on reprend : bénéficiant de lumières splendides –presqu’américaines au sens showman du terme-, le combo ne lésine pas avec une setlist diversifiée qui fait la part belle au Rhapsody que j’écoutais à l’époque, quand il n’avait pas encore changé de nom (de ce fait, mentions spéciales à « Land of Immortal », « Village of Dwarves » et l’inamovible « Emerald Sword »), une bonne humeur qui fait plaisir à voir et surtout de véritables démonstrations techniques. En effet, si les morceaux servent parfois de prétexte aux soli de claviers et de guitares, chaque instrumentiste aura à un moment son heure de gloire. Un premier rappel se fera ainsi sur un superbe solo de batterie, puis un second sur un solo de basse qui laissera votre reporter sans voix : reprendre intégralement du Bach sans ennuyer personne, et en étant absolument fidèle à la partition pourtant corsée, cela mérite les meilleurs applaudissements ! Quant au chanteur Fabio Lione, il a plutôt bien assuré malgré quelques couacs par-ci par-là, et il prouve encore une fois qu’un bon frontman avec de la présence est un plus indispensable pour prétendre au titre de grand groupe. Quant au nouveau guitariste Tom Hess, au-delà d’assurer ses parties sans faille comme s’il avait toujours fait partie du line-up, il se montre également plus expressif que le guitariste –quasi- historique du groupe, Roberto de Micheli, très en retrait. Un bon moment donc, même pour les personnes dont la période speed power est loin derrière. Le seul reproche que l’on pourra formuler, c’est d’avoir un peu usé et abusé de la corde des rappels : au moins 4 si j’ai bien compté, c’est beaucoup et ça lasserait presque, ce qui va à l’opposé de la logique de ce procédé.



 


Samedi :


La journée de samedi était probablement la plus homogène du week-end, au sens positif du terme : très peu de groupes décevants ou ennuyeux, et pas mal de belles découvertes.


Les choses commencent bien avec le jeune groupe de heavy belge, No Fatality, qui exploite au mieux l’horaire pas facile de midi et des brouettes avec son dynamisme et ses compo ébouriffantes. Ils ne réinventent pas le genre, certes, mais en live, ça passe tout seul. Le chanteur Gaël, dont le timbre rappelle étrangement celui de James Hetfield, assure. De ce fait, les vingt cinq minutes passent très/trop vite. Espérons qu’ils repassent par ici très vite !



C’est un autre groupe belge qui enchaîne, et le premier groupe à chanteuse du festival : Azylya. Par rapport à la précédente prestation à laquelle j’avais assistée il y a environ un an en ouverture de Whyzdom à la Scène Bastille, les progrès sont énormes : Jamie-Lee Smit chante plus juste et est plus assurée dans son jeu de scène éthéré vaguement inquiétant, et le combo en général semble mieux maîtriser ses compo et sa présence scénique. Bien sûr, une grande scène et un vrai jeu de lumières apportent beaucoup à la prestation, mais les faits sont là : après plusieurs changements de line-ups, Azylya semble enfin solide et prêt à se faire un nom. La nouvelle chanson jouée en clôture de set laisse augurer du bon pour la suite, étant plus punchy et aussi plus personnelle que les précédentes. A suivre !



Encore des Belges ? Eh oui, c’est au tour de Nightqueen –dont le symbole de chauve-souris vient d’ailleurs du nom même du groupe-, du power metal à voix féminine d’enchaîner. Avec une voix très rock qui rappelle Bonnie Tyler, la chanteuse Keely Larreina fait montre d’une belle énergie sur des compo carrées mais qui ne cassent pas trois pattes à un canard. Un bon moment donc, et qui satisfait aux critères du genre, mais pas –suffisamment- mémorable. Surnage toutefois le dernier titre pour lequel Keely aura les yeux bandés, les paroles évoquant la cécité. A surveiller, car le groupe n’a un line-up stabilisé que depuis peu, et il lui faut peut-être encore du temps pour trouver ses marques et sa personnalité.



Notons que si quelques fans du groupe étaient rassemblés au premier rang pour l’occasion, le reste du public est encore léthargique malgré quelques sursauts sur No Fatality en tout début de journée. Les anglais de Fury UK qui prennent la relève vont contribuer à éveiller un peu la foule, mais force est de reconnaître que leur heavy calqué sur Iron Maiden –pas étonnant qu’ils aient travaillé avec Blaze Bayley- n’a rien de révolutionnaire ou de particulièrement novateur. On passe un bon moment mais on n’en retient pas grand-chose une fois la demi-heure écoulée. A noter une disposition scénique curieuse avec les deux guitaristes chanteurs de chaque côté de la scène et la batterie au fond, ce qui laisse un grand vide quasi-jamais occupé sur tout le milieu.



La bonne surprise de la suite de cette journée, c’est le tout nouveau groupe italien Evidence fondé par Diego Reali –ancien DGM. Tout comme la scène speed power, j’ai un peu délaissé ces dernières années les voix masculines aigues qui ont tendance à ennuyer à la longue –Bruce Dickinson étant la seule exception ou presque-, mais force est de reconnaître que chez Andrea Casali, le frontman charismatique et survolté d’Evidence, ça passe très bien. Enfin la mayonnaise semble décoller du fond du saladier (copyright Ju), et la sauce prend. Le public est plus réactif, constamment harangué par Andrea, et la demi-heure file à un train d’enfer. En revanche, sur scène, si l’aspect heavy est plus qu’évident, la dimension prog revendiquée par le groupe est moins mise en avant voire peu discernable selon les morceaux.



Retour à un groupe qui remplit à fond le cahier des charges du PPM avec un speed power mélodique à la sauce heroic fantasy qui rappelle bon nombre d’autres groupes du genre : il s’agit des polonais de Pathfinder. La conclusion est donc logique : pour les amateurs du style, le bonheur est complet, pour les autres, il vaut mieux passer son chemin. La reprise de l’archi connue « Moonlight Shadow » en fin de set fera d’ailleurs quasi autant d’adorateurs que d’ennemis. Pour l’occasion, une ravissante soprano, Dianne Van Giersbergen, donnera de la voix sur quelques titres –dont « Moonlight Shadow »-. Si son timbre m’a laissée plutôt froide –trop d’aigu tue l’aigu-, il faut lui reconnaître une justesse sans pareil qui complète bien le chanteur Simon Kostro.



Les choses se gâtent un peu avec les deux groupes suivants, Eden’s Curse et Andromeda, qui mériteront tout deux une bonne réécoute à la maison pour se faire un avis plus objectif et plus fiable. Notons à cet égard que leur horaire de passage ne leur facilite certes pas les choses –véritable ventre mou de la journée-.


Le premier, encore jeune et chouchou de Dream Theater –il a recueilli les meilleurs éloges de James LaBrie qui a d’ailleurs guesté sur le précédent album, mais aussi de Mike Mangini, et a ouvert pour quelques concerts au Royaume-Uni - officie dans un genre qui mélange heavy et progressif. C’est un tout nouveau chanteur, Marco Sandron -ex Fairyland- qui effectue sa première prestation avec le groupe ce soir. L’on ne passe pas un mauvais moment, au contraire, mais difficile de retenir grand-chose une fois le set écoulé. Tout ça manque un peu de punch. En revanche, Marco s’en sort bien et a plutôt une bonne présence. A réécouter !



Andromeda n’en est pas à son coup d’essai : fondé il y a plus de 10 ans, le combo suédois de métal progressif bénéficie de publicité très positive pour ses compositions très personnelles et pas cliché pour un sou. N’ayant malheureusement pas eu l’occasion de les écouter avant le PPM –pas bien, je sais-, je ne pense pas avoir pu profiter du set à sa juste valeur, la voix dans les aigus du chanteur m’ayant en outre un peu bloquée. Pour autant, encore une fois, l’on passe plutôt un bon moment, et certains fans se sont déplacés spécialement pour l’occasion. C’est surtout en comparaison des tueries qui vont se succéder ensuite que la performance semble un peu fade.



Car une autre surprise de la journée –soirée, à l’heure à laquelle ils jouent-, ce sont les anglais de Hell. Quand on sait que ce groupe existe depuis les années 80 sans avoir sorti le moindre album avant 2011 –chez Nuclear Blast s’il vous plaît-, on pouvait se demander à quoi s’attendre… Eh bien si je ne suis pas sûre d’écouter un album entier à la maison, on ne peut nier que les British maîtrisent diablement –c’est le cas de le dire- bien la présence scénique. On en prend plein la vue et on s’amuse beaucoup avec ces musiciens peinturlurés de blanc et David Bower, ce chanteur coiffé d’une couronne d’épines d’argent en mode Christ bling bling, qui court partout en prenant le public à partie avec des yeux hallucinés. Les jeux de lumières sont splendides et le décor est conséquent, avec de faux vitraux et même une chaire de prêtre où David viendra prêcher avec force grimaces et gesticulations. Sur les titres suivants, il mimera même la pénitence en s’auto flagellant ave un tissu rouge en guise de fouet. Les quarante cinq minutes passent donc plutôt bien, dans l’humour et la bonne humeur.



Après Trollfest la veille, le créneau de 19h30 est de nouveau trusté par un groupe de folk metal, et pas n’importe lequel : il s’agit des finlandais de Finntroll, qui vont prouver qu’avec eux, ça déménage ! Slams et pogos fleurissent dans la fosse sous les growls de Matthias « Vreth » Lillmåns qui enchaîne les bières Maes à une vitesse déconcertante –j’en ai compté 5 et me suis arrêtée là-. Arborant leurs classiques nervures noires, les finlandais font passer leur heure de set à une vitesse tout bonnement hallucinante. Ils auraient amplement mérité de jouer plus longtemps, et une véritable ovation leur est adressée quand le groupe quitte la scène à un peu moins de 20h30.



On reste dans les terres du Nord avec les suédois d’Evergrey cette fois-ci, dont la réputation n’est plus à faire. Emmené par Tom S. Englund dont le timbre ravira les fans de Symphony X tant il rappelle par moments celui de Sir Russell Allen, le combo nous sert un métal progressif efficace et sans digressions intempestives –qui font parfois critiquer aux non amateurs l’excuse facile du « non on ne s’égare pas, c’est du prog tu vois, c’est complexe, c’est tortueux »-, tout en émotions feutrées mâtinées par moment de bons riffs comme on aime. Evergrey est un groupe à voir sur scène, notamment pour l’humour pince sans rire de Tom –est ce que c’est un truc de chanteur prog ? Une scène partagée entre Tom et Mikael Åkerfeldt (Opeth), ça doit valoir son pesant de cacahuètes-. L’atmosphère que j’avais découverte au Sonisphère l’an dernier est même encore plus prenante ce soir : la foule est entièrement acquise à la cause du groupe et connaît les paroles ou sait bien faire semblant -comme dirait Tom avant « I’m sorry » : « si vous connaissez les paroles chantez, sinon faites semblant, et si vous ne savez pas faire semblant, allez au bar et achetez-vous une vie ». Un set beaucoup trop court donc, bien que superbement clos par « A Touch of Blessing ». Coup de gueule sur les lumières en revanche, tout simplement atroces sur une bonne partie du show.



Les finlandais de Sonata Arctica, véritable tête d’affiche ne disposant hélas que d’une heure dix de jeu, prennent la relève, balançant après une intro instrumentale leur power metal symphonique bien connu. S’ils ont délaissé leur côté speed depuis quelques albums pour un aspect plus expérimental et atmosphérique –le nouveau à sortir le 18 mai, « Stones Grow Her Name », semblant s’embarquer sur la même voie non speed que « The Days of Grays »-, il est toutefois dommage que les anciens titres soient aussi peu représentés dans la setlist de ce soir, et encore plus dommageable que deux ballades plombent ce set déjà trop court. Plusieurs nouveaux morceaux seront joués, dont le futur single à la rythmique simple mais agréable, « I Have a Right ». Le leader Tony Kakko est très en forme vocalement, présentant des lignes de chant un peu modifiées et très réussies sur notamment « Replica » et « Don’t Say a Word ». Son bonheur d’être de retour sur scène après plus de dix mois hors des routes fait plaisir à voir et à entendre. Il « bouffe » littéralement l’espace par sa présence et son dynamisme, reléguant un peu le reste des membres au second plan –ce qui n’est pas un phénomène nouveau, certes. Comme d’habitude, le guitariste Elias est très concentré mais plus détendu quand il n’est pas en plein solo, et le bassiste Marko se cache derrière son micro ou en fond de scène quand les photographes s’approchent trop près. Plus surprenant, le claviériste Henka semble étrangement bougon et absent sur sa plateforme, du côté gauche –une nouveauté dans l’installation scénique du groupe-. Pour une raison qui demeure inconnue, le groupe ne jouera qu’une heure au lieu d’une heure dix, laissant pas mal de fans sur leur faim –mais par leur soif, une « Vodka » customisée version Donald Duck par Tony clôturant efficacement le set. Vivement une tournée en headline rapidement –probablement à l’automne par chez nous.


 


Vers 23h, c’est au tour de la dernière tête d’affiche du jour, Accept, de prendre possession de la scène Omega. Lumières splendides –surtout sur la batterie-, backdrop avec lion en relief et murs d’ampli au nom du groupe, le décor est planté. Toutes les personnes venues prendre une bonne dose de bon vieux heavy metal en auront pour leur argent : le sourire jusqu’aux oreilles, les allemands s’en donnent à cœur joie. Depuis leur énième reformation en 2009, c’est désormais Mark Tornillo qui officie derrière le micro –avec un timbre qui rappelle parfois feu Bon Scott-, et on peut dire qu’il assure, son inamovible casquette vissée sur la tête et de l’énergie à revendre. Les nouveaux morceaux comme « Stalingrad » passent bien en live –avec des paroles pas bien compliquées à retenir tant elles sont répétées, ce qui est souvent une caractéristique du genre- et le groupe clôt avec la manière une journée riche en découvertes et en bon son.



 


Dimanche :


La journée de dimanche est plus hétérogène que la précédente : des coups de cœur terribles –les meilleurs du week-end - et de gros coups de mou, pour résumer drastiquement.


Les choses commencent assez tranquillement avec les marseillais de Nereids qui proposent un métal symphonique à voix féminine très classique, la présence d’un violon sur scène apportant toutefois un sacré plus. Le timbre de Julie n’est pas désagréable et elle chante plutôt juste, les compositions ne brillent pas par leur originalité mais passent bien. Contrairement à Jérôme très voire trop en retrait sur sa partie de la scène, l’autre guitariste Bernie fait montre d’un enthousiasme qui fait plaisir à voir. Une chose est sûre : c’est un choix judicieux que d’être passé au PPM qui propose peu de groupes de ce type qu’au MFVF un peu plus au nord du pays, car dans un line-up uniquement composé de groupes à voix féminine, Nereids aurait plus difficilement évité l’écueil du « énième bon groupe sans plus ». La reformation ne datant que de 2010, laissons du temps au groupe pour continuer à évoluer et se forger son identité.



Le groupe suivant, en provenance de Namur en Belgique, tranche et détonne avec son metal à la croisée du southern heavy et du stoner, citant comme référence Black Label Society, Volbeat ou encore Pantera. Il s’agit de Stone Goats, un combo très récent (2010) mais composé de membres expérimentés issus du split de plusieurs précédentes formations, et qui a tout pour réussir. Présence sur scène, compositions efficaces qui donnent furieusement envie de remuer de la tête –headbanguer quoi- , on passe un très bon moment. A surveiller, et revoir d’urgence.



Beyond the Labyrinth est aussi un groupe belge, bien plus ancien et évoluant dans un style totalement différent que le groupe définit comme du « hard rock mélodique accessible à un très large public ». C’est peut-être ce qui peut poser problème : le set ne semble laisser aucune empreinte mémorable si ce n’est la présence du guitariste Geert Fieuw, arborant lunettes de soleil, guitare rose shiny et soli très travaillés.



Avec Lonewolf, le public reprend un peu du poil de la bête –c’est le cas de le dire- : nous servant un mélange de power et de heavy metal carré et somme toute classique dans son son comme dans sa thématique, le combo français ne sort pas des sentiers battus mais divertit et emporte l’adhésion. Ayant traversé bien des déboires et changements de line-up, le groupe semble de nouveau solide et prêt à conquérir de nouveaux horizons, probablement aidé par la tournée avec Powerwolf actuellement.



Manigance, le groupe suivant, est aussi français, mélangeant power, heavy et prog. Si le timbre aigu du chanteur Didier Delsaux m’a parfois rebutée, cela n’est somme toute qu’une sensibilité très personnelle qui ne retire pas à la formation le mérite de paroles exclusivement en français et d’un show sympathique –dont je raterai une partie en raison de l’interview avec Powerwolf. Il est étonnant que le groupe ne soit pas plus connu, ayant notamment ouvert pour Scorpions en 2005 et squatté le Hellfest en 2007. Gageons que le PPM aura fait de nouveaux adeptes.


Avec Power Quest, retour au classique power metal tendance speed –avec un tel nom, le suspense était de courte durée-. Si la dégaine à la « Un Dos Tres » -je vous jure- du nouveau chanteur a pu surprendre voire irriter –tout comme ses aigus intempestifs-, le reste des instrumentistes gère sacrément bien, le guitariste Alex Hilbert en tête. Enthousiaste et la banane aux lèvres, il délivre solo sur solo avec une facilité déconcertante. Sans surprise donc, le groupe a provoqué une grosse vague d’enthousiasme parmi les fans du genre dans le public, et a eu droit à une jolie ovation au moment de quitter la scène.



Au tour de Storm Warrior d’enchaîner, et les réfractaires au speed power pourront prolonger la pause à la friterie ou au bar : dans un style assez peu différent du groupe précédent, les allemands qui tirent leurs influences de groupes comme Helloween proposent quarante minutes sans répit ni baisse de régime –dans des lumières douteuses malheureusement. Le souci principal du set, c’est qu’il est difficile de distinguer un morceau d’un autre, pouvant provoquer un peu de lassitude. Dommage notamment que l’univers viking des paroles ne se ressente pas un peu plus dans la musique et le jeu de scène. Le public manifestera moins d’enthousiasme que sur Power Quest, mais l’accueil demeurera bon. Le combo assure aussi la première partie de Powerwolf sur les dates allemandes, ce qui devrait continuer à le faire connaître.



Changement de ton bienvenu avec Mystic Prophecy, du speed/trash qui remue –et ENCORE un groupe qui ouvre pour Powerwolf ; vous sentez venir le groupe suivant non ?- bien que catalogué dans le genre power. Sur scène en tout cas, la voix plutôt trash de Roberto et l’atmosphère des morceaux ne suggère pas du tout le même style qu’un Power Quest ou qu’un Storm Warrior : le son est plus old school, plus heavy. Le frontman n’hésite pas à beaucoup solliciter la foule –encore une fois dans la tradition heavy, les paroles sont simples et très répétées, ça aide- et cet aspect participatif apporte beaucoup au show. Un bon moment, bien que le combo soit probablement plus appréciable en live qu’en studio.



Après un tel teasing intensif…vous aurez probablement deviné la claque qu’a constituée Powerwolf. LE concert du PPM si l’on ne devait en retenir qu’un –pourtant un groupe sans bassiste sur scène ! Une tuerie intégrale, une heure de pur bonheur déchirée entre imagerie religieuse et histoires de vampires. Décors d’église, croix sur les costumes ou les bandoulières de guitare, maquillages blafards, le décor est planté, et le set commence avec l’art et la manière par « Sanctified with Dynamite », une tuerie de leur dernier opus «Blood of the Saints ». Aucun membre du combo allemand n’est en reste : le chanteur Attila Dorn fascine avec sa voix de ténor tantôt rocailleuse tantôt puissante, toute en justesse, les frères Greywolf courent partout et donnent vie à leur maquillage cadavérique par mille grimaces et cris guerriers, et le claviériste Falk Maria Schlegel, déguisé en prêtre, vient squatter le devant de la scène afin d’attiser la foule dès qu’il n’est pas derrière son instrument flanqué d’un phoenix rappelant le pupitre de Dumbledore (…). Les tueries s’enchaînent sans répit, notamment « We Drink Your Blood », « Resurrection by Erection », « Dead Boys Don’t Cry » ou encore « Lupus Dei », le classique morceau de fin de set. Le groupe joue autant sur scène qu’en album des images religieuses, Attila prenant même une voix de prêtre derrière son micro affublé d’un crucifix pour demander si la foule en veut plus. L’ironie est présente tout du long et apporte un réel plus au concert. Les paroles simples flanquées de « Hallelujah » intempestifs sont reprises à plein poumon, et la foule est plus compacte que d’ordinaire. Les slams commenceront dès le premier titre, semant un joli bazar –très bien géré par l’organisation- dans le pit photo. A revoir de toute urgence, et bien plus qu’une heure svp !



Une seconde tuerie –inattendue pour l’inculte qui vous sert de reporter- enchaîne aussitôt : les suédois de Freak Kitchen et leur rock/metal prog/whatever complètement barré et techniquement bluffant. De l’humour à revendre en bandoulière, le trio occupe étrangement bien la grande scène Omega où l’on a été habitués depuis vendredi à voir beaucoup plus de monde –sur scène, pas devant. Arborant une tenue à la croisée entre SWAT et parachutiste égaré avec casque et lunettes adéquates, le bassiste Christer Örtefors attise la curiosité de tous ceux qui ne connaissaient pas du tout le groupe auparavant, et qui prendront pour beaucoup une claque magistrale. Plus sobre dans sa présentation, bien qu’il utilise des guitares jaune citron ou orange vif, le guitariste/chanteur principal Mattias "IA" Eklundh conquiert la foule dès les premiers instants avec son humour pince sans rire –« les grands groupes ont de super intro instru et tout, nous on est simples alors ben imaginez que là on entre sur scène même si en fait on vient de faire les balances devant vous comme le groupe du coin au fond de son garage »-, ses cris de guerre repris par la foule dès qu’il y a un temps mort – « goody goody goody ! »- et ses tics de langage voulus dès que les acclamations lui semblent satisfaisantes –« tip top tip top tip top » à prononcer à toute vitesse-. Alternant des tueries aux titres improbables comme « Vaseline Bizniz » (tout un programme), « I Like My New Haircut », « Porno Daddy » ou « Speak When Spoken To », le trio suédois fait carton plein et apprivoise petit à petit une foule tour à tour ébahie, curieuse, puis franchement désireuse d’entrer dans le jeu à fond. Chris la fera notamment chanter en imitant des cris proches de l’orgasme et se secouant partout avant de se moquer nous : « les mecs vous avez un problème, si vous faites vraiment tout ce que je vous dis de faire, c’est grave ». Bonne humeur et énergie jalonnent donc ce show d’une heure dix qui passe très très vite. Pour beaucoup, cela aura été la révélation du festival –bien que le groupe existe depuis 20 ans !-, et c’est amplement mérité tant ils détonnent positivement dans cette affiche.



Paradoxalement, de ce fait, Epica semblera presque fade, trop huilé et trop calibré après les deux heures hallucinées et hallucinantes passées en compagnie de Powerwolf et Freak Kitchen. Pourtant le groupe servira une setlist intéressante, sans ballade handicapante et même quelques morceaux peu joués comme le très bon « Blank Infinity », ou « Sensorium » qui commençait à disparaître depuis la sortie du nouvel album. Simone fera même esquisser des sourires lorsqu’elle dira que le groupe a très envie de jouer de nouveaux morceaux mais sait que le public est attaché aux anciens –les échos franchement moyens de « Requiem for the Indifferent » seraient-ils enfin remontés aux oreilles des néerlandais ?-. De ce fait, « seulement » 3 morceaux sur la dizaine jouée seront issus du dernier opus : « Monopoly on Truth » -toujours aussi diablement long et indigeste en ouverture de show-, « Deter The Tyrant » et « Storm the Sorrow ». Comme d’habitude, c’est la tuerie « The Obsessive Devotion » qui déchaînera le plus la foule, ainsi que l’inamovible « Consign to Oblivion » en clôture. Le nouveau bassiste Rob Van Der Loo –ex After Forever et ex Delain-, pas inconnu au bataillon, assure et son sourire fait plaisir à voir, bien qu’il demeure souvent en retrait sur les extrémités de la scène ou caché derrière ses cheveux. A cet égard, il est dommage qu’il n’ait pas été introduit au public du PPM même si ce n’est pas son premier concert avec Epica, car une partie de la foule s’est demandé où était passé Yves Huts. De manière générale, l’heure et quelques s’est écoulée rapidement et Simone, quoiqu’encore fatiguée –ça en devient inquiétant- a fait une plutôt bonne performance vocale sur l’ensemble. En revanche, les jeux de lumière encore plus épouvantables qu’à Tilburg pour leur release party auront fait le malheur des photographes mais aussi du public, Mark et Isaac étant à peine visibles, Rob carrément masqué par la fumée, et ne parlons pas de Coen et Arien. Vraiment dommage ! Autre mention négative au rideau masquant le début de la scène, sans grand intérêt. Pour autant, soyons clairs : si Epica a été éclipsé de façon inattendue par les groupes précédents, la prestation du groupe était tout à fait honorable et la part belle aux anciens morceaux y était clairement pour quelque chose. La tournée en headline qu’ils ont entamé depuis quelques jours donnera l’occasion de confirmer ou infirmer ces impressions.



Finalement, pour clore ce PPM riche en émotions et en découvertes, ce sont les allemands expérimentés de Blind Guardian qui balancent leur power metal à consonance heroic fantasy devant une foule compacte toute acquise à leur cause. Modestement vêtu d’un polo noir, le leader Hansi Kürsch ne cache pas son plaisir d’être sur scène en communion avec son public, et offre une performance vocale excellente. On peut toutefois déplorer –décidément- des lumières peu flatteuses, notamment sur les premiers morceaux, ce qui tranche avec les jeux superbes sur Rhapsody of Fire deux jours plus tôt. J’ai malheureusement du partir avant la fin pour rentrer directement à Paris, et ai donc manqué une partie conséquente du show, mais les échos généraux ont confirmé l’impression que le combo m’a donné sur sa première heure de concert : en un mot, bonne. Une fin de festival avec la manière !



En guise de très rapide conclusion, je tiens à féliciter ce festival pour son organisation impeccable, professionnelle et vraiment sympathique. Une atmosphère familiale sur un festival qui a grossi aussi vite est vraiment appréciable. Merci également à Nico pour sa disponibilité sur les interviews de Septicflesh et Powerwolf. Et surtout : à l’année prochaine !



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