KiLa : Une journée en voiture et 700 kilomètres plus tard, nous voilà arrivés à Theix, petite ville du Morbihan, à deux pas de Brocéliande. C’est ici que se déroulera l'édition 2012 du MOTOCULTOR. Petites routes et enfoncement dans la campagne profonde, les groupes auront le loisir de faire tout le bruit qu’ils souhaitent, et les festivaliers aussi ! Le camping étant libre d’accès, on a tout le temps de s’installer tranquillement et de commencer les festivités, en attendant le début des hostilités dès le lendemain, en début d’après-midi.

Réveil délicat et douce rosée du matin (midi ?), l’impatience grimpe au camping et dans les files d’attente. Le soleil est de la partie et la chaleur aussi, la journée s’annonce excellente ! D'accord, ça a déjà fait couler pas mal d’encre, mais le sujet est inévitable…Première petite déception au moment de l’accès au site, l’ouverture des portes prend du retard et les rumeurs vont bon train. Avant même l’entrée sur le site, on apprend l’annulation de trois groupes : ATARAXIE, MISSEDUCATION OF MASSES et ELECTRIC WIZARD (Jus étant malade)…. Dommage, ces derniers avaient attisés ma curiosité et je me faisais une joie d’entamer les trois jours de concerts avec eux. Mais passons ! Après une petite heure d’attente, nous franchissons (enfin ?) l’entrée. Il faut dire que l’organisation est assez chaotique à ce niveau et ni festivaliers, ni photographes, ni journalistes ne savent réellement où passer…. Voilà peut être un point à améliorer pour l’année prochaine ?

Désagréments derrière nous, l’heure est donc à la découverte du site. Les 2 scènes ( une grande et une un poil plus petite ) sont côte à côte, le site est « à taille humain e » et cette proximité entre les deux scènes permettra aux plus téméraires de ne rien louper, d’ailleurs, la taille du site permet de suivre les concerts d’un peu n’importe où, que ce soit face aux scènes ou allongés dans l’herbe… et même du camping… bon point ! D’autant que la Running Order n’annonce que 5 minutes de battement entre les concerts, les 3 jours à venir s’annoncent sportifs ! Pour le reste, rien ne diffère de ce que l’on peut trouver habituellement sur le site d’un festival… Mais nous y reviendrons plus tard !

Doc Douggy : C'est donc CATTLE DECAPITATION qui ouvre ces 3 jours de festivités avec le brutal death/grind. Ah ! Mais je les ai vus au Neurotic Deathfest cette année ! Bah pas grand chose de nouveau sous le soleil de plomb de Theix, si ce n'est que le groupe nous envoie en pleine face sa musique brutale sans réelle nouveauté par rapport à leur prestation citée précedemment.

Kila : Le death made-in Etats Unis nous met directement dans le bain « brutal » que tout le monde est venu chercher ici, tous styles confondus. Les CATTLE DECAPITATION se donnent à fond et enchaînent les titres devant un public malheureusement encore éparse et relativement calme. Je ne peux m’empêcher de penser à tout ceux, fans du combos, qui sont encore dans les files d’attente. Les Américains auront donc également fait plus ou moins les frais des problèmes rencontrés à l’entrée du festival, et n’auront pas profité du public qu’ils méritaient, cela dis, leur prestation est très pro et on ne peut plus efficace.

Doc Douggy : ABSURDITY sera le groupe qui remplacera au final les grand absents du Fest ELECTRIC WIZARD, et donc pour le coup jouent à la place de TREPALIUM, qui eux joueront en cette fin de première journée. Du Death metal à petite tendance Hardcore, le combo de Strasbourg aura remplacé au pied levé, délivre un set pro et plaira aux amateurs. Mais pas vraiment chez moi. D'autant que l'enchaînement avec DEVIL SOLD HIS SOUL me permet de faire un tour du site et des exposants, la voix de leur chanteur trop hurlé et geignarde cassant des compositions et une ambiance Post-Hardcore qui aurait pu m'intéresser. Mais bon on va pas tergiverser, ce ne sont pas pour eux que je suis présent. Puis ce sont au tour des Américains d' INCANTATION (vus aussi au Neurotic). Le groupe ne fait certes pas dans la dentelle, mais restent statique malgré leurs headbangs à en donner mal à la tête avec ce soleil, qui pour plus a pour résultat de donner parfois un côté brouillon à leur Brutal Death Metal old school.

KiLa : J'étais plutôt agréablement surprise de découvrir qu'ABSURDITY avait été rajouté à l'affiche (Certes, on est loin de tous les paris qu'on avait pu faire au sujet du remplaçant d'ELECTRIC WIZARD, mais j'ai un plutôt bon souvenir du groupe et y jette donc une oreille attentive. Attention de courte durée d'ailleurs, puisque nos p'tits français ont, semble t-il, un poil fait évolué leur musique, et leur a apporté un son bien trop “moderne” à mes yeux, à la sauce “-core”. Dommage, mais ça aura eu le mérite de mettre les fans de DEVIL SOLD HIS SOUL en jambe ! Chose réussie d'ailleurs, le public semble être de plus en plus réactif. Personnellement, j'ai le même problème que Doc Douggy au sujet du combo, la voix ne me semble pas particulièrement geignarde mais extrêmement... linéaire. Je doute qu'on puisse mettre le son en cause étant donné qu'il était excellent tout au long du festival (mis à part pour un ou deux groupes, mais nous y reviendrons plus tard.). Bref ! Parfois, il ne faut pas chercher plus loin que du simple “Chacun ses goûts” ! Et justement, INCANTATION prend la suite et “soulage” les tympans des Deatheux présents sur place. “Old school”, rien ne peut mieux définir le groupe ! Les chevelures commencent à tournoyer dans le public et le combo offre un set relativement carré. Un peu rébarbatif à la longue...

Doc Douggy : Et là enfin revient l'interêt avec l'annonce des Ariègeois de STILLE VOLK sur la Supositor Stage. Voilà un groupe qu'il m'interessait de voir sur scène ayant à l'époque écouté et bien rigolé sur “Satyre Cornu” (2001). La musique folk/médievale aux instruments d'époque est là pour faire danser un public chevelu et même si le groupe vient des Pyrénées, on ressent comme une aura celtique qui s'en dégage et qui envoûte. Hélas, sur la fin j'ai l'impression que leurs chansons tournent en rond et l'ennui se pointe, d'autant qu'il va y avoir le premier groupe de Black Metal de la journée juste après.

KiLa : Je vous parlais du côté un poil rébarbatif d'INCANTATION un peu plus haut, et bien je dois dire que cette impression fera également son apparition au moment de STILL VOLK... Pourtant ultra optimiste à la base et ravie de la tournure festive que prend l'après midi, j'affiche mon premier sourire béat du festival. Pensée pour untel ou un autre, la musique celtique a cet aspect entraînant qui n'épargne personne, et a tendance à me ramener à moult souvenirs. D'autant que les instruments utilisés par STILL VOLK sont tout ce qu'il y a de plus traditionnels, ce qui rajoute un sacré plus à la prestation.

Doc Douggy : Et c'est parti pour le quart d'heure Black metal ! Hop on change de scène, rendez-vous sur la Dave Mustage (ah ce jeu de mot !) pour un goûter haut en couleur avec le duo Colombien d'INQUISITION. Depuis le temps qu'on me parlait de ces deux gaillards grimés, de la puissance qu'ils dégagent sur scène et surtout depuis la sortie de l'excellent “Ominous Doctrines of the Perpetual Mystical Macrocosm” en 2011, il me tardait enfin de les voir ! D'ailleurs, j'aurais même le droit à “Astral Path to Supreme Majesties". Le power duo guitare/batterie est des plus minimalistes mais par contre ça décoiffe ! Par contre, aux vues des discussions avec les amis connaisseurs, le son manquait de puissance et contrairement à leur habitude, ils ne joueront pas “Crush the Jewish Prophet” (sûrement dû à la signification du titre et pour éviter tout ennui...). Bon ça fait toujours bizarre de voir du Black Metal froid et épique en plein après-midi surtout quand il fait chaud, mais le duo prépare le bûcher et brûle tout sur son passage. Le chant de Dagon me fait toujours autant penser à celui d'Abbath, mais qu'à cela ne tienne, fait headbanguer un public conquis à leur cause. Première grossse surprise de la journée pour moi et un groupe que je retournerai voir volontiers !

Doc Douggy : Maintenant c'est au tour des Français de SETH qui font un retour plus que magistral au Motocultor. Forts d'une tournée Française marquante (dont un passage à Valenciennes au goût amer par la qualité sonore), j'en attend pas moins des Bordelais au chanteur charismatique. D'ailleurs depuis leur reformation, le groupe a abandonné les corpsepaints pour mettre plus en avant leur musique. Le niveau sonore est de très bonne qualité (comme pour pratiquement tous les groupes du week-end) et une setlist qui reprend donc toute la discographie du groupe mais met surtout en avant “The Excellence” avec “Let me be the Salt in your Wounds”, “Die Weihe” (et son “Jai rencontré Dieu/Il me ressemble/Il m'a laissé sa place pour être Dieu/Oh, il vous hait comme je vous hait/et Il ne souhaite que votre Mort !”) que je ne pourrai m'empêcher de reprendre en choeur comme beaucoup d'autres personnes venues en nombre pour les voir, ou encore “Acid Christ”. Malgré le fait que ce soit le premier album “Les blessures de l'âme” qui est à l'honneur avec une réedition, on aura le droit qu'à deux titres “La quintessence du mal”et “...A la mémoire de nos frères” qui conclue d'ailleurs leur set. Mais avec un retour en grande pompe, Black Messiah nous annonce un nouveau titre pour de meilleures augures “In Aching Agony” qui nous signifie bel et bien le retour de SETH. Un grand moment dans cette journée qui ne m'aura pas laissé de marbre et fera quitter le groupe sous les applaudissements du public.

KiLa : Bon, je crois bien que Doug a tout dit ! Et je préfère m'abstenir que de tergiverser sur des banalités telles que... non, rien. Pas envie de me faire huer par les lecteurs masculins !

SETLIST : Let me be the Salt in your Wounds/ A Pallbearer's Gloom/ Addicted to Psychotropic Angeldust/ Die Weihe/ La Quintessence du mal/ Acid Christ/ In Aching Agony/ … A la Mémoire de nos Frères.

Doc Douggy : On reste toujours en France, mais du côté de Marseille avec un style tout autre, puisque c'est à ETHS de se présenter sur la Dave... Je suis pas un de leur plus grand fan et après une superbe prestation de SETH, j'ai un peur, mais bon, sait-on jamais ! Au moins grosse constatation, le groupe taillé pour le “live”, s'en donne à coeur joie pour ce qui est de l'image qu'il donne comme le prouve Candice qui possède une certaine présence scénique. Mais ça s'arrête là, car pour ma part, les titres s'enchaînent et se ressemble. Malgré tout, bénéficiant d'un très bon son, le groupe s'en donne à coeur joie pour défendre leur discographie dont “III” le dernier en date. Mais après 25 minutes de set je n'arrive toujours pas à entrer dans leur univers, et me déplace au fur et à mesure vers la seconde scène où je m'attend à me prendre LA claque de la journée.

KiLa : Je me souviens avoir écouté plusieurs fois l'album “Sôma”, à l'époque, et plus particulièrement le morceau “Je vous hais”, voilà un titre qu'il m'aurait plus de ré-entendre ! Et bien non, ETHS préfère une setlist “des temps modernes”, mais quoi de plus normal avec la sortie récente d'un nouvel album ? Je ne peux pas leur en vouloir, et découvre donc les dernières compos en même temps que leur jeu de scène, qui est, on ne peut plus travaillé. Les derniers morceaux sont un poil plus incisifs que ceux plus anciens, mais la sauce ne prend toujours pas, en ce qui me concerne. Je salue tout de même le professionnalisme de la prestation des Marseillais. Candice le dit elle même “ETHS, soit on adore, soit on aime pas du tout.” Je vous laisse deviner de quel côté je me trouve...

Doc Douggy : Après un retour très remarqué sans Pepper Keenan (trop occupé avec DOWN) c'est avec grand plaisir que je retrouve CORROSION OF CONFORMITY, après un passage à Anvers (Belgique) en ce début d'année et un nouvel album éponyme qui signe le retour aux sources avec un “Crossover Crust/Stoner” de très bon cru ! On sent un power trio en pleine forme, tout sourire, Woody Weatherman toujours aussi endiablé sur sa ESP Viper ( arrêtez moi si je me trompe) qui à l'air d'avoir le même âge que le groupe. Et c'est bien sûr le dernier album en date qui est mis en avant avec pas moins de 5 titres dont “Psychic Vampire” en ouverture de set et l'enchaînement “Your Tomorrow/ The Doom” qui m'arrachera le premier headbanging furieux de la journée. Sous le signe du punk ne sont pas oubliées les premières oeuvres du trio pour le plaisir des petits et grands, venus nombreux supporter le groupe de la Caroline du Nord qui fête 30 ans de carrière, déjà ! Un concert qui passera bien trop vite hélas... Si CoC passe dans votre coin, ne perdez pas une seconde ! Et une claque, une !

KiLa : Enfin ! Les voilà ! CORROSION OF CONFORMITY ! Après un début de festival en demi-teinte, j'avoue les attendre au tournant ! L'album sorti en début d'année m'avait fait vraiment forte impression, et il me tardait de pouvoir le savourer en conditions live ! Et quelles conditions ! Le son est excellent encore une fois, et le public se déchaîne au rythme des riffs, enchaînement de slams et de headbanging, tout le monde semble conquis. Franchement, merci !

SETLIST: Psychic Vampire/ Loss for Words/ Mad World/ Your Tomorrow/ The Doom/ Vote with a Bullet/ The Moneychangers/ Deliverance/ Rat City/ Holier/ Hungry Child/ Technocracy

Et ce qui devait arriver arriva, il est temps d'aller se chercher à manger... L'un des points négatifs de cette année au passage, l'orga n'ayant prévu qu'un seul stand snack et qui est pris d'assaut en ce début de soirée. Ce qui d'ailleurs me fera entendre IMMOLATION de loin pendant que je faisais la queue. J'arriverai seulement à me dépatouiller qu'à la fin du set. Et KMFDM, c'est pas trop ma came, je vais donc m'installer tranquillement au bar VIP pour manger et attendre tranquillement ce qui va être la tête d'affiche, à savoir ARKONA.

KiLa : Pour ma part, j'aurai joué la sécurité et attendrai d'aller manger plus tard ! (J'avoue, la file d'attente m'a découragée). Et puis hors de question de louper IMMOLATION. Bien calée contre les grilles, me voilà prête à savourer une heure de show à la hauteur de toutes mes espérances. Retraçant l'ensemble de leur discographie, les américains font beaucoup d'heureux ! Les musiciens s'en donnent à coeur joie, et je peux difficilement quitter la scène des yeux. Voilà une heure que je n'aurai pas vu passé. Un énorme MERCI !

J'avoue que KMFDM m'a poussée très vite à la redescente. Le Rock/Metal Indus des Allemands me laisse totalement de marbre, et bien que les artistes soient tout visuellement subtilement lookés, le folklore ne fait pas tout. Bon soit, le concert semble être apprécié par les fans, mais j'avoue qu'après avoir été blastée par IMMOLATION, KMFDM... Non quoi.

Après une heure d'indus, ARKONA prend enfin le relai. Je ne connaissais absolument pas ce groupe et je dois avouer qu'il probablement là d'une des meilleures découvertes que j'aurai eu l'occasion de faire au MOTOCULTOR. Le son est, à l'image du reste de la journée, excellent, et favorise là encore l'impression laissée par les groupes. J'aurai suivi ARKONA de loin et pourtant, ça ne m'aura pas empêchée de me laisser entraîner sans soucis dans la setlist des Russes, principalement de l'album “Slovo” (sorti en 2011) qui tourne en boucle dans mon lecteur mp3.

Doc Douggy : Ne connaissant les Russes que de nom et de réputation, je m'attend à un énième concert de cette vague de Metal Epique et Folklorique. Mais que nenni ! Tels des troubadours en guerre, vêtements d'époque et peau de bête pour leur leader Masha “Scream” Arhipova, le combo m'en met plein les yeux par un son surpuissant, tellement que j'ai d'ailleurs du mal à entendre les parties de leur flutiste... Mais le groupe possède une énergie à laquelle je ne m'attendais pas avec des passages se rapprochant parfois du Pagan/Black Metal. Bien sûr leur dernier album “Slovo” est à l'honneur ce soir représentant une bonne partie de la setlist, mais sans oublier des titres plus vieux tirés des précédents albums. Une très bonne découverte en cette fin de première soirée.

SETLIST: Az'/Arkaim/Ot Sercda K Nebu/Goi, Rode Goi !/Leshiy/Slovo/Plamiat/Slavsia, Rus/Zakliatie/Po Siroy Zemle/Kupalets/Stenka Ns Stenku/Yarilo/Kupala I Kostroma

C'est la fatigue qui m'assaille lors du début du set de TREPALIUM qui pour le coup avec les annulations, retards, etc... Se retrouve à fermer cette première journée à Theix. Avec un nouvel album à promouvoir, je me dis que je reverrais les gaillards dans d'autres conditions. N'empêche que le groupe carbure, et même du camping on peut se retrouver à apprécier un set avec beaucoup de punch, que je n'ai plus en cette fin de soirée. Ca ne sera que partie remise !

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