Organiser un concert de metal à Lyon un 2 juillet, alors que pour beaucoup les vacances vous emmènent loin des villes, et que pour d'autres, les fatigues du Hellfest se font encore sentir, c'est un peu un défi. DREAM FACTORY l'a relevé avec bonheur, puisque la famille Cavalera, en visite dans notre cité, a permis au CCO de Villeurbanne d'atteindre quasiment sa cote maximale. Cinq formations se partageront la scène en ce mardi soir estival, X-SYNDICATE de Cholet (49), ABYSSE d'Ile de France, LODY KONG et INCITE (USA) et bien entendu la tête d'affiche SOULFLY, avec son fondateur et leader incontesté, le charismatique Max Cavalera. Jusqu'à 21h, le public hésitant à l'extérieur, plutôt clairsemé à l'intérieur, a pénétré en force dans la salle à l'instant où INCITE a entamé son set. On notera que ce soir, des affiches disposées à l’entrée et partout dans la salle indiquent « les photos ne sont pas admises ». Et pourtant, un photographe d’un webzine dont je ne citerai pas le nom, posséde lui le précieux « sésame » attribué directement par le promoteur. Alors nous pouvons nous poser la question de savoir si il y a deux poids et deux mesures et si cette restriction de photos provient des groupes ou du promoteur de la tournée…

Cinq groupes, donc pas de temps à perdre, et c'est dès 18h45 que le quatuor francilien majoritairement féminin (seul le batteur est un homme), monte sur scène où , pendant 30 minutes, X-SYNDICATE "chauffera" la salle qui, bien vite, se transformera en étuve ou en hammam. Ces quatre musiciens du Maine-et-Loire, sont gentiment accueillis par la partie du public sensible au hardcore, dit « metalpunk », qu'ils pratiquent depuis quelques années, dans un genre finalement assez classique. La chanteuse tient le devant de la scène et tente, avec son énergie et sa puissance vocale – voix aiguë, voire stridente – de remuer les foules, sans y parvenir, tout simplement parce qu'il n'y a pas (encore) de foule dans la salle. Au demeurant sympathiques, les artistes franciliens recueilleront des applaudissements polis avant de céder la place au groupe ABYSSE originaire de Cholet.

Timing serré, rapide changement de plateau. A 19h 30, un autre quatuor, originaire du Maine et Loire et qui se classe dans le genre « metal progressif expérimental », j'ai donc nommé ABYSSE, va d'emblée capter l'attention des spectateurs qui apprécient le « metal atmosphérique ou ambient », musique agréable, musiciens à l'air grave, concentrés sur leurs instruments, en particulier un batteur doué qui nous gratifie d'un bref solo de batterie. Á leur crédit, il faut également retenir de jolis accords, un rythme tantôt lent, tantôt plus accéléré, une musique qui sonne par moments doom, mélodique... Bref, ABYSSE, indiscutablement talentueux, donne toutefois l'impression de chercher une voie qui les définisse mieux, mais qu'ils gardent leur originalité ! Ils tournent depuis 2004 et ont à leur actif un album, « En(d)grave » et plusieurs démos. Bonne chance à eux !

Il est presque 20h 30 lorsque les jeunes Américains du groupe LODY KONG, originaires de l'Arizona, se présentent sur scène, avec leur look d'adolescents, pas du tout intimidés, visiblement motivés et mus par l'énergie de leur jeunesse. Chez les Cavalera, « le metal, c'est dans les gènes ». Les deux fils de Max, Zyon à la batterie (20 ans) et Igor JR (18 ans) au chant constituent avec leurs camarades bassistes et guitaristes un groupe de « néo-metal » de bonne facture. Le chanteur se signale par une voix rauque et gutturale, bien maîtrisée. Le public les observe et les encourage. L'avenir leur appartient, tant leur bonne volonté saute aux yeux ...et aux oreilles. LODY KONG aura eu droit, comme les deux groupes précédents, à une demi-heure seulement pour faire ses preuves.

Je crois pouvoir dire sans grand risque que la première grande partie de cette soirée s'achève là. Trois formations différentes les unes des autres, des styles guère en accord avec celui de la tête d'affiche, à savoir SOULFLY. Un public bienveillant et perplexe à la fois – en tout cas la fosse est restée bien calme jusqu'à 21h. Un deuxième concert va commencer maintenant, et comme il a été dit plus haut, la salle du CCO va se remplir comme par enchantement. INCITE, groupe fondé en 2004, par Richie Cavalera – entre autres- , beau-fils de Max, et chanteur actuel de cette formation que l'on pourrait qualifier d'américano-brésilienne, va tenter de tirer le public de sa torpeur, et il y parviendra rapidement. Il règne en effet dans cette salle une chaleur moite. Au même titre que CAVALERA CONSPIRACY et SOULFLY, INCITE est « un enfant illégitime » de SEPULTURA. Ce n'est qu'une métaphore assez juste. Quoi qu'il en soit, dès les premières minutes, sous l'impulsion du chanteur notamment, INCITE, groupe de death / thrash va déclencher les premiers pogos de la soirée, suivis de slams, circle-pits et autres walls of death... Richie s'adresse, avec une émotion sincère, au public pour lui exprimer, à plusieurs reprises son plaisir de jouer à Lyon et en France. Tandis que sur la partie gauche de la scène, sous les yeux de son père émerveillé, un petit garçon – qui promet – participe à sa façon au spectacle, les gens d'INCITE nous offrent un set de haut niveau, une musique variée, puissante et énergique, la voix thrash/death de Richie, qui, avec Lennon à la batterie, Gene à la guitare et Christopher à la basse, a réussi à faire de INCITE une formation reconnue et appréciée. Leur set de 40 minutes se termine par la belle chanson « Army Of Darkness », Richie serre les mains qui se tendent. INCITE, une belle découverte, un bon moment. SETLIST DE INCITE : Rage-Intro, The Aftermath, Die Alone, Down and Out, Tyrannys End, Feel The Flames, Hopeless, Divided We Fall, End Result, The Slaughter, Army Of Darkness.

22h 10 – SOULFLY, enfin ! Encore un groupe composé de quatre artistes, sous la houlette de Max Cavalera. Ce dernier, né au Brésil, vivant aujourd'hui à Phoenix (USA), fondateur avec son frère Igor du groupe de thrash légendaire SEPULTURA, a choisi en 1997 une autre voie, sans renier pour autant son "enfant prodige". CAVALERA CONSPIRACY, souvent critiqué et moqué, poursuit son chemin, bénéficiant peut-être d'une notoriété moindre que « son frère » SOULFLY. Ce soir, ici et maintenant, c'est un public nombreux tout acquis à sa cause, qui reprend en chœur certains morceaux dont des titres classiques de SEPULTURA (quatre), et qui répond toujours avec le même entrain à la rituelle question : "Are you ready ? ", suivie d'une véritable hystérie collective. Derrière ses fûts, c'est bien son fils Zyon, qui officie avec un talent qui n'a d'égal que celui de Marc Rizzo à la guitare et Tony Campos à la basse. Leurs textes traitent, comme c'est souvent le cas, des défauts de l'être humains, des religions. Leur musique ,elle, est parfois teintée de sonorités brésiliennes. SOULFLY est une belle machine humaine, bien huilée et il est heureux que les détracteurs de ce groupe qui ont essayé, sur les réseaux sociaux, de dissuader leurs « amis » de se rendre aux concerts de Max C. n'aient pas été suivis. Au bout de 45 minutes, on marque une pause...pour mieux reprendre le set. Max brandit sa guitare aux couleurs du Brésil. Ses « gruiks » font fureur, toutes les conditions sont réunies pour qu'on ait affaire à un vrai carnage dans la fosse. Après le traditionnel rappel, devant une fosse baignant dans la sueur au parfum de bière, SOULFLY mettra à regret un point final à sa prestation. 1H 45 de bonheur ! Mention « Très bien », sans hésitation, avec les félicitations du jury. SETLIST DE SOULFLY : Intro-Prophecy, Intro Primitive, No Hope- No Fear, Defeat U, Seek'n'Strike, I and I, Babylon, Refuse-Resist, Territory, Cockroaches/Wasting, Arise/D.E.S., Intro World Scum, Straighthate, Porrada, Rise On The Fallen, Bloodshed, Revengeance, Roots, Jump/ Eye For An Eye. (un passage d'IRON MAIDEN a été joué : « The Trooper ».)

En attendant les festivals de metal de cet été, en France et à l'étranger, remercions bien amicalement l'association DREAM FACTORY (et Julien), qui vise toujours juste, pour son initiative, merci aux 5 groupes et à tous ceux qui se sont déplacés et ont ainsi démontré que les concerts de metal ont un avenir assuré, à Lyon tout au moins. Nous vous souhaitons un bel été, rendez-vous à la rentrée pour d'autres dates !