CHRONIQUES DE CONCERTS

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AS THEY BURN
Avec : Worms Eat Her, Novelists, Karma Zero, As They Burn
Date du concert : 06-03-2014  
Lieu : Le Ferrailleur - Nantes [ 44 ]  
Affluence : 116  
Contact organisateur : https://www.facebook.com/events/662178077156613/?fref=ts  
Interview :  
   
Date de la chronique : 08 mars 2014 - Chroniqueur : Simius - Photographe : Ghislain Leblanc http://www.facebook.com/photo.leblanc?fref=ts  


C'est le cœur léger, la bonne humeur jusqu'au bout de mes rangers, et la furie du pit frétillante dans mes doigts que je me rendis au Ferrailleur ( une fois n'est pas coutume) ce jeudi 6 mars pour assister à ce qui s'annonçait comme un véritable champ de bataille. WORMS EAT HER, NOVELIST, KARMA ZERO et pour embellir le tout, le retour du groupe qui fait la fierté du hardcore français : AS THEY BURN. Une affiche qui ne laissait présager que de bonnes choses, à supposer que l'idée du mosh pit ne vous face pas tourner de l’œil, bien entendu. Du reste, c'est une prog de tous horizons qui nous fut présentée hier soir, sans pour autant délaisser la scène locale, bien mise à l'honneur avec deux groupes de qualité que sont Worms Eat Her et Karma Zero. On pourrait sûrement penser que je m'avance un peu trop vite sur la qualité et la réussite de ce concert certes. Néanmoins, la prestation de Worms Eat Her à la scène Michelet un mois auparavant avait laissé un sacré bon souvenir dans la tête d'un public conquis (voir live report de la dite date). Les autres groupes présents étant dans une lignée beaucoup plus professionnelle, et surtout au vue de leurs expériences, on ne saurait donc se montrer dubitatif quant au déroulement de cette soirée. Et pourtant …

Le public semble étonnement calme pour un concert de HardCore. On remarque même une certaine diversité d'âge, de style, coreux, ou simples néophytes. Chose surprenante quand on sait que la scène HardCore peut faire preuve d'un certain extrémisme au sein du pit. La scène finit enfin par s'éteindre après un léger retard. L'ambiance se pose, le son d'un sample se fait entendre, empli la salle d'une atmosphère lourde, épique, sombre laissant présager l'apocalypse dans la foule... Qui outre mesure reste à bonne distance de la scène. Première partie oblige, on a beau s'immerger lentement dans l'ambiance, il faut généralement attendre quelques titres avant que la thermomètre ne s'enflamme. WORMS EAT HER fait son apparition, acclamé gentiment par la foule, avant de s'élancer sur un de leur plus furieux titre : « Born to destroy these fucking worms ». De quoi mettre le pied à l'étrier et commencer en beauté cette première partie du concert. Titre après titre, malgré la bonne humeur du groupe, et son énergie intarissable, le public ne semble pas s'élancer à corps perdu dans un pit digne de ce nom. Ça écoute, c'est réceptif à ce magnifique bordel sonore, mais ça se contente de bouger gentiment de la tête. Rien d'étonnant à cela me diriez vous pour une première partie, mais on aurait pu s'attendre à un peu plus de réactivité au vue de la prestation plus qu'attrayante par son énergie. Peu importe, les « Worms » semblent prendre leur pied sur cette scène et après tout c'est bien ce qui compte le plus. Bouky et Marsou n'ont décidément rien perdu de leurs compétences scéniques et se révèlent être un duo de choc sur une telle scène. Les strubs suivent tant bien que mal cette formation atypique qui à tendance à pencher vers le grind/ death lorsque Marsou s'en va tirer la chansonnette de son fameux pig squeal. Les « Worms » en profitent pour nous faire découvrir quelques morceaux de leur dernier EP, dont la fameuse « Sheitan Hurlant ». Lente et lourde, cette piste est au antipode de ce à quoi nous avait habitué Worms Eat Her. La puissance est toujours de vigueur mais on se retrouve devant un son plus torturé, plus travaillé également comme le montre quelques plans d'instru sortant de l'ordinaire... Un son plus mûr et d'autant plus prenant, démontrant la réelle capacité instrumentale de la formation. Le léger retard d'avant scène vient malheureusement raccourcir le set d'un titre, et l'on en vient directement à s'écraser sur la fameuse « Necrophalus 2,0 ». Ce moment où Marsou délaisse sa basse pour donner au chant duo une ampleur tout autre, me rappelant avec nostalgie la furie avec laquelle le public avait répondu un mois plus tôt. Mais voilà ce soir, les attentes du public sont toutes autres semblerait-il. Il n'y aura pas de rappel, retard de set oblige. Le premier set se termine. Worms Eat her rassemble ses affaires à la hâte, ravi d'avoir joué dans une telle salle même si l'ambiance aurait pu être à mon sens bien plus déchaînée. Mais vous connaissez l'adage aussi bien que moi : on ne peut pas avoir la salle le groupe et l'ambiance qui va avec.

Il y aurait tant à dire sur NOVELISTS. Pas forcément que du positif par ailleurs … Je ne saurais malheureusement vous dire avec précision quel titre inaugura la prestation des parisiens, vu qu'il n'y avait tout simplement pas de set-list. En revanche, dès le début la distance entre le groupe et le public se réduit fortement, on en vient même à former un premier rang ! L'ambiance se réchauffe, je regrette que ce ne fut pas le cas auparavant, mais mieux vaut tard que jamais après tout. Alternant entre des moments plus mélodiques, plus calmes et d'autres bien plus rythmés et puissant, la formation de Novelists se fait rapidement maîtresse dans l'art du contraste. Tantôt strubs ultra éclatants, tantôt lumière bleuté, l'ambiance vient accompagnée la musique avec beaucoup de précision ce qui vient redonner un coup d'énergie à chaque dissonance. Mais tandis que Matt partage toute l'énergie qu'il a en exultant son chant, le public ne semble pas être réceptif. Pas de quoi s'inquiéter pour le moment à mon humble avis : il faut plus d'une chanson pour chauffer une salle. Mais il serait grand temps pour le concert de décoller de cette léthargie … Un titre, puis deux, puis trois … Une chanson exclusive n'ayant pas encore de nom emplie de break tous plus violents les uns que les autres redonnant quelques soubresauts d'énergie à un public qui a décidément décidé de ne pas trop se fatiguer. Je cherche en vain d'où peut provenir le problème : pourquoi l'ambiance ne monte t-elle pas ? Peut-être la qualité du son qui avait tendance à étouffer complètement la voix de Matt. Peut-être le manque d'énergie du groupe , le manque d'implication, de communion avec le public. Peut-être les contrastes sonores trop présents, alternant entre des parties atmosphériques (voir très atmosphériques) et "cores". Toujours est-il que ce n'est pas la prestation qui fit réellement défaut au parisien, mais irrémédiablement le public qui continue à applaudir gentiment ce groupe. Un groupe qui s'épuise techniquement et énergiquement sur scène … Le malaise deviendrait presque général quand la formation s’aperçoit également qu'il y a définitivement un soucis. C'est donc avec déception que Matteo annonce la dernière chanson. Pas de réaction … Et malgré une envolée de guitare absolument sublime, tous se contentèrent de quitter la scène sous des applaudissement fades. Certains groupes ont plus de facilité dans certains domaines plus que d'autres. C'est le cas, d'une certaine façon, de Novelists qui reste un excellent groupe de studio,mais qui sur scène manque de conviction. Une très bonne communication, un très bon merchandising, de beaux clips, ne sont pas les uniques fondamentaux d'un groupe de metal. Le travail de prestation scénique est à mon humble avis ce a qui fait le plus grand défaut de Novelists ce soir...

KARMA ZERO est ce qu'on appelle une véritable bombe de scène. Aux antipodes de Novelists, Karma Zero cultive un lien très fort avec le public, et le maintient. A peine l'intro commence t-elle que l'on ressent une certaine tension au sein du public, quelque chose d'à peine palpable, un je ne sais quoi qui menace de prendre flamme d'un instant à l'autre. « Approchez vous, approchez vous un peu plus », Simon galvanise ses troupes et le fait bien. Tous se rassemblent au pied de se meneur avant même qu'une quelconque note ne soit produite. A quoi bon tergiverser, à peine le premier coup de semonce est-il donné que l'enfer se déchaîne sur terre, et croyez moi ce n'est qu'un gentil euphémisme. Le groupe, tel un seul homme du haut des retours, fait face à un pit monstrueux dans lequel coagulent des démons. Je trouvais que ça tapait plutôt mal sur les deux derniers groupes, hé bien je m'étais allègrement trompé : les strubs et les lumières fusent au rythme endiablé des instruments aux allures de pachydermes. Un circle pit se forme au bout de 2min … J'ai du mal à décrire la situation tant le déchaînement est total. La salle est en effervescence comme si durant tout ce temps un couvercle s'était posé sur le public, libérant d'un seul coup une pression et une énergie hors du commun. Pendant un instant je me suis même inquiété pour toutes ses personnes moins habitués aux pits que j'avais aperçu avant le concert... l'énergie et la communion est telle entre le groupe et la fosse qu'à peine l'annonce d'un circle pit est elle lancée que c'est une dizaine d'enragés qui se lancent dans la bataille sans la moindre hésitation. Le son est clean, précis, efficace, un plaisir de sauvagerie, parfait pour du harcore digne de ce nom. « Storm » est lancée, après quelques déchaînements, quelques mosh oh combien surprenants, on se fatigue doucement le sourire au lèvre. A la plus grande stupéfaction, l'un des photographes (par ailleurs qui a bien cassé les couilles en prenant des photos de près avec flash durant tout le set, merci à toi) monte également sur scène, reprendre en chœur le refrain avec Simon, le tout en moshant bien entendu. Une bien bel prestation aussi intense que courte. « Hidden Law » vient finir en beauté ce set irréaliste, aussi intense que court, a moins que ce ne soit le temps qui fut suspendu dans un excès de folie.

Il faut désormais délaisser la place aux gars tant attendus de AS THEY BURN. Fort de leur dernier album sorti il y a tout juste un an portant le doux nom de « Will, Love, Life », le groupe de Hardcore parisien dispose d'un set complet et maîtrisé. Et me voilà nostalgique, alors que j'entame tranquillement ma cigarette, patientant à la fraîcheur du quai. Nostalgique de la prestation furieuse et impeccable que le groupe avait justement offert il y à peine un an à l'occasion du « Wormstock » premier du nom. Je me rappelle encore des mimiques si particulières de Ronald, je me rappelle encore de l'ambiance démentielle qui m'avait valu de bien belles courbatures … Ah le bon temps. C'est donc « Medecin »,l'une des piste phare du dernier album en l'occurrence, qui vient nous cueillir avec violence d'entrée de jeu. La basse frappe avec un son juste parfait, ingrédient plus qu'indispensable dans la formation du triangle. Kevin, Ronald et les autres membres sont au meilleur de leurs formes et le montrent, tandis que le public épuisé après le passage cyclonique de Karma Zero a du mal à suivre le rythme écrasant du groupe. Pour autant ce dernier reste très réceptif au compresseur auditif qu'est As They Burn. « Philo » vient raviver des braises mourantes en lançant de nouveaux des mouvements de foules en tout genre. Kevin domine de son charisme chaque poussé de voix, chaque impulsion du haut des retours , insufflant l'énergie qu'il manque à la plupart des mosheurs. Entre chaque morceau vient se poser un sample reflétant très bien l'esprit dans lequel évolue le groupe, entre lenteur et puissance, le concert prend alors des allures de messes tant l'ambiance se veut complète et le public absorbé. Je ne m’empêcher de supposer la rage qui aurait pu avoir lieu si le public ne s'était vidé sur le groupe précédent … Involontairement Karma Zero a volé la vedette à As They Burn. Un aspect que l'on pourrait qualifier de regrettable, mais il reste néanmoins une étincelle qui brûle ardemment encore pour le groupe parisien et ces derniers le voient bien. S'échangeant quelques sourires entre membres , avec le public, on sent que la formation prend définitivement son pied à jouer ce soir. Il faudra attendre « Frozen Vision » pour que dans un ultime sursaut (d'agonie peut-être) le pit se transforme en véritable brasier ! En hommage certainement à la superbe prestation du groupe qui, même après 1 an, n'a perdu rien de sa superbe.

Pour résumé ce concert je pense qu'un classement serait plus pertinent pour tout le monde après tant de blabla en tout genre :

Le groupe de la soirée (mais de très peu) :

A mon grand étonnement, KARMA ZERO vient voler par un concours de circonstances la vedette à la tête d'affiche de la soirée. Avec son HardCore surpuissant, et le charisme de Simon au chant, Karma Zero a littéralement embrasé la salle et tout Nantes dans son sillage. On comprend pourquoi le groupe fut tant attendu par des fans impassibles après de tels shows. Karma Zero, un groupe en pleine effervescence qui n'a pas finit de faire parler de lui.

La deuxième place :

AS THEY BURN a encore et toujours un savoir faire scénique incomparable. Être capable de tenir en halène une bande de dégénérés complètement rincés ce n'est pas à la porté de tout le monde. Mais voilà la fatigue était néanmoins là , ce qui a malheureusement beaucoup joué sur l'ambiance générale. Le corps a ses limites que le HardCore repousse. Néanmoins, un grand bravo encore à cette prestation carré, propre et maîtrisée. Du As They Burn tout craché .




La troisième place (et la grande surprise) :

WORMS EAT HER reste sur la même longueur d'onde. La compétence scénique et technique est plus qu’acquise par le groupe local. Reste à se forger un public, à se faire connaître pour donner une prestation digne de ce nom et enfin dépasser le stade de première partie. Mettez vos couilles sur la table les gars, l’enjeu en vaut la chandelle ! Les « Worms » ont une bien belle route qui s'étend devant eux, nul doute qu'il va falloir les suivre de près.

La quatrième place :

NOVELISTS a eu le coup de « pas-de-bol ». Ne jouant pas à domicile, les anciens de A CALL TO SINCERITY n'ont pas réussi à passer le stade du simple échauffement de public. Erreur de programmation ? Je ne pense malheureusement pas. Les gars de Novelists sont suivis, connus et reconnus, ce ne sont pas de simples chaton lâchés à l'abattoir. Un public friand d'un Hardcore plus brut, un léger manque de galvanisation, d'implication avec le public, le tout appuyé par quelques erreurs de réglages... Une réelle déception pour le groupe que l'on peut amplement comprendre, d'autant que la prestation était assez réussie.






 


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