La dernière fois que j’avais eu l'occasion de participer à un concert de WATAIN à Lyon, c’était en 2010, déjà quatre ans ! Me restait en mémoire le décorum propice aux messes noires du groupe, le sang frelaté aspergé sur ceux des premiers rangs et cette descente dans le monde de la mort, aux tréfonds des enfers. Cette messe occulte, sale et putride voulue par un groupe de black-hors normes alors en pleine ascension dans le monde des ténèbres avait marqué les esprits.
Depuis, le groupe a évolué musicalement parlant selon ses enregistrements, mais sur scène que va-t-il se passer ce soir ? Nul ne le sait vraiment après un dernier album « The Wild Hunt » controversé à sa sortie par les puristes du genre.
Nous sommes donc le Lundi 31 mars 2014 devant le Ninkasi Kao de Lyon, et il n’y a pas foule c’est le moins que l’on puisse dire. Mais où sont passées les black-métalleux Lyonnais et ceux de la région en général ? Nul ne se sait vraiment en fait et après l’ouverture des portes à 19heures 30, les inconditionnels, les purs et durs, les « true » fans des Suèdois attendent fièvreusement le début du concert.

Mais avant WATAIN, il faudra apprécier (ou pas !) DEGIAL, le groupe de première partie chargé de nous faire entrer dans l’ambiance du métal noir. Cette horde de death-métal venue d’Uppsala, Suède également se présente devant nous à 20heures. Au menu du death old-school lorgnant parfois vers le thrash d’un SLAYER, vers un black/thrash parfois à la VENOM. Nous n’échapperons pas à des partie plus death n’roll avec aussi des soli presque heavy et des riffs vicieux semant le désordre bien souvent dans nos têtes. Peut-être que DEGIAL rend hommage au vieux métal de la mort Suédois, peut-être qu’il n’invente rien dans le style, mais je crois bien que le public de ce soir a apprécié cette déferlante brute, sale et sauvage qui s’est avérée idéale en ouverture de la bande à Erik Danielsson.

Après cette entrée en matière remarquée, il va falloir attendre un bon moment. En effet la mise en place du décor propre aux incantations Lucifériennes de WATAIN va prendre un certain temps, on peut comprendre. Mais l’impatience gagne peu à peu tous ceux déjà collés contre la scène attendant fébrilement la messe occulte de WATAIN avec cette profondeur ésotérique et diabolique qui devrait contribuer à nous propulser dans le monde de la nuit, du sang noir et de la mort avec des compositions maléfiques au possible.
Et puis « Night Vision », le fameux instrumental du dernier album résonne, laissant entrer les musiciens que l’on devine dans cette lumière noire et rouge sang tels des fantômes sortant de la brume. Erik va « fouiller » dans le coffre situé devant la batterie comme pour plonger ses mains dans les ossements le garnissant. Ce rituel macabre nous emmène soudain au milieu de l’office rituel voulu par le groupe. Les lumières rougeoient, les flammes éclairent de façon spectaculaire la scène, et de nombreuses bougies éclairent les tentures décorées de restes macabres derrière les croix renversées.
Oh Lucifer, roi des enfers, es-tu- là ? peut-être pas mais le maitre de cérémonie Erik est bien présent, gesticulant, se tordant devant le micro sur une scène pourpre où de temps en temps un éclairage blanc maladif vient éclairer son visage faisant ressortir des yeux hallucinés et des traits crispés. Les participants les plus fidèles de cette cérémonie sont aux anges (au diable pardon !). les titres défilent son stop faisant la part belle aux compostions du nouvel album comme par exemple « De Profundis » très brutal et technique en début de set, « Sleepless Evil » au tempo implacable et « Black Flames March » imposant et massif. Ces compositions nouvelles passant bien l’épreuve du live. Et puis nous avons eu droit aux fameux titres « Legions of The Black Light » et « Sworn To The Dark », tirés de l’album « Sworn To The Dark ». L’ancien « Malfeitor » extrait de « Lawless Darkness », un classique maintenant fut de la partie. Et « Devil’s Blood » (Casus Luciferi) fut l’occasion de vous asperger de sang comme vous le savez maintenant !
La cérémonie va s’achever avec le très long (15 minutes) « Waters Of Ain » tiré de « Lawless Darkness » morceau qui n’en finit plus de finir… L’assistance semblait majoritairement comblée après ce concert de WATAIN. Reste que personnellement je ne suis pas entré vraiment dans la liturgie des Suédois ce soir, pourquoi ? Peut-être que le son était (surtout en milieu de set) assez « brouillon ». peut-être que les lights n’étaient pas à la hauteur du spectacle, peut-être que la faible assistance n’était pas favorable à une ambiance black-métal digne de ce nom. En tous cas je suis resté un peu sur ma faim par rapport aux précédents shows du groupe et le fameux « c’était mieux avant » à pointé le bout de son nez devant moi. Reste un concert honnête, bien travaillé, bien vécu, qui à su contenter les quelque 200 personnes venue à l’office black du Lundi soir, et c’est tant mieux.

Merci aux organisateurs Sounds Like Hell Productions et Dream Factory music Inc., organisateurs de cette soirée qui valait largement le déplacement même si le public concerné n’a pas suivi malgré force « battage » médiatique.