Alors que je devais logiquement aller voir Saison de Rouille sur Lille, leur annulation soudaine m'a permis de changer mes plans et de retourner à Oignies dans cette salle à l'architecture étonnante qu'est le Métaphone, en plein coeur du bassin minier à 30 minutes de la capitale Nordiste. Et quelle date ! C'est pas tous les jours que l'on peut se targuer d'avoir vu UN "Big 4 Français" seule et unique soirée regroupant quelques vétérans de la scène extrême Française avec au programme AGRESSOR, MERCYLESS, NO RETURN et LOUDBLAST... Autant dire que celle-ci devrait envoyer sévère alors que tous ont plus ou moins une actualité chargée. L'occasion aussi de retrouver des collègues Nordistes qui ont fait le déplacement en nombre ce soir, nombre certes moins élevé que lors du passage de SUICIDAL TENDENCIES en septembre dernier, mais qui valait le déplacement !

D'ailleurs, ceux d' AGRESSOR qui ouvrent ce soir, démarrent à l'heure, mais devant 30 personnes... N'ayant que peu d'actualités si ce n'est quelques concerts par-ci par là, et la diversité géographique du combo qui laisse que peu de temps de répétition légitime leur présence en premier. Et heureusement qu'il n'y a pas de détecteur de fumée car avec ce qui est balancé sur la scène, c'est à peine si on les distingue ! Ceci étant, sachant qu'on vient les voir pour leur musique, le son est plutôt bien calibré et réparti entre les instruments, laissant la part belle à une set-list bien ficelée (enchaînement "Medieval Rites / Bloodshed"), avec une grosse partie reservée aux "derniers" morceaux enregistrés ("Warrior Heart" ou "When Darkness" issus de "Deathreat", dernier enregistrement du groupe), Alex et consorts en veulent, même si, je préférerai entendre ce qu'il se compose derrière, ceux-ci n'ayant rien de nouveau depuis 2006 à nous mettre sous la dent. Et de là, certains titres sont plutôt bien éxécutés alors que par moment, je trouve que quelques solos d'Alex laissent à désirer... Surtout si on le compare à son nouvel acolyte Kévin Verlay (ex-Aborted), recruté cette année, et qui connaît ses morceaux sur le bout des doigts (tout comme leur nouveau batteur Kévin Paradis). Des "jeunes" à côté des "anciens", voilà qui relancera l'une des pierres angulaires de la scène Death Metal Française ! Bon on y croit, on a eu une bonne mise en forme, et maintenant, on attend de la nouveauté !

SETLIST : Intro / Medieval Rites / Bloodshed / Antideluvian / Deathreat / The Sorcerer / Overloaded / Warrior Heart / God from the Sky / When Darkness / Hyaloid.

Direction l'étage pour passer par la case bar, discuter dehors en fumant une petite clope et parler des potins du moment, et surtout laisser le temps à MERCYLESS de s'installer. Je ne connais que très peu la première époque du groupe, mais ayant beaucoup entendu parler d'eux depuis leur retour, il était temps de voir ce que valent les Mulhousiens sur scène d'autant que "Unholy Black Splendor" qui a signé leur retour m'a mis une bonne trempe l'an dernier !
A l'instar d'AGRESSOR, le duo guitares/chant est ici resté le même, rejoint depuis la reformation par Matthieu (ex-Öbszön Geschopf, et prochaînement dans Carnival in Coal) à la basse et Laurent (Hollow Corp) derrière les fûts depuis 2011. Et là on revient au début des années 90 avec du Death old school, brutal et qui ne laisse pas de concessions, Max n'a pas perdu de la voix (la caverneuse) et laisse un public absorbé qui commence à se montrer un peu en même temps que la sauce monte, "Infamy" et sa dose de brutalité en sont la preuve ! Aucun soucis techniques à déclarer, et on y voit même mieux que durant AGRESSOR, la fumée ayant cette fois le temps de se dissiper ! Beaucoup de vieux morceaux sont joués ce soir et celà va me faire me pencher sur une discographie qui m'avait l'air plus qu'intéressante à la grande époque, "Unholy Black Splendor" est juste représenté avec 4 titres, mais tous bien placé et me faisant rester jusqu'à la fin pour y entendre "I vomit this World" (mais tout autant en découvrir d'autres) et un final de toute beauté sur une reprise de DEATH "Evil Dead", qui nous montre que c'est toujours dans les vieilles chaussettes que l'on trouve les meilleurs pieds. Et une prestation de haute volée pour MERCYLESS qui montre qu'ils ont leur place sur cette affiche !

SETLIST : Intro / Substance Of Purity / Infamy / A Message for All Those …/ God is Dreaming / Without Christ / Abject Offerings / Probably Impure / Spiral of Flowers / I Vomit This World / Burned at the Stake / Evil Dead (DEATH cover).

Bon, maintenant c'est au tour de NO RETURN... Resté sceptique après leur passage au Motocultor (en 2012 déjà), il faut quand même tout d'abord saluer l'acharnement d'Alain Clément, principal protagoniste qui malgré les incessants changements de line-up, reste toujours présent dans le paysage Français et contrairement à ses collègues de ce soir, n'a jamais fait connaître de "hiatus" à son groupe (tiens, ça me rappelle un certain Chuck S.). Mais malgré tout, les albums de NO RETURN me laissent perplexe depuis la période "Zuul" ("Self Mutilation" et "Machinery"), si ce n'est excepté les remasters des deux premiers albums du combo l'an dernier. Et rebelote, y'a encore du changement depuis ce Motocultor, avec un nouveau guitariste, Jérome; un nouveau batteur, Joël et surtout un "nouveau" frontman car déjà connu par chez nous amateurs de Metal extrême, Mick (ex-Destinity) ! Avec les évolutions qu'ont connu le combo précité et la présence de leur frontman pour assurer avec NO RETURN, ça peut fonctionner ! Et tous sont extrêmement au taquet ! Un peu du "Inner Madness" pour bien se mettre en forme avec un "Bordeline" plutôt bien executé, un Mick qui arpente la scène de gauche à droite haranguant sans cesse la foule, de jolis soli bien exécutés de la part d'Alain comme de Jérome et un calibrage batterie qui ne cesse de passer de sections typiques "thrash" à de parties plus rapides, un line-up qui a l'air de tenir la route en fait, mais jusque là pour ma part pas de titres vibrants, jusqu'à ce que Mick annonce "Self Mutilation" qui s'ensuivra de "Virus" demandant le rappel des "anciens" (2001/02 c'est pas si vieux) mais avec ce morceau, NO RETURN me ramène dans mon adolescence, de quoi placer la soirée à un haut niveau. Se quitter avec un second titre de "Lost" et enfin "Vision of Decadence" qui ont eu raison de moi...
J'étais sceptique, maintenant j'en suis subjugué et heureux, là vos 25 ans se fêtent messieurs, merci !

SETLIST : Intro / Borderline / Rising / Inquisitive Hegemony / New Items / Fanatic mind / Backdoor / Virus / Lost / Vision of Decadence.

Et voilà maintenant le père Buriez et ses collègues qui arrivent avec un nouvel album qui sort quelques jours plus tard "Burial Ground", et qui il faut l'avouer est peut-être l'album que j'attendais depuis leur retour : sombre, old school, puissant, rien à jeter en bref ! C'est donc en toute logique que l'on retrouve LOUDBLAST en tête de soirée, ceux-ci jouant à la maison en plus d'une actualité plus que fraîche !
Et direct on retourne en 91 avec "Steering for Paradise", les Nordistes ont l'air en forme aux vu de leur leader et c'est tant mieux ! La setlist de ce soir pioche dans toute leur disco, même si j'aurais préféré en entendre plus de "Sublime Dementia", mais bon, on peut pas tout avoir ! D'ailleurs, il n'y aura pas de morceau de "Planet Pandemonium" non plus, par choix? Il n'empêche qu'à l'annonce d'un nouveau titre : "From Dried Bones", le public en redemande ! Mais c'est qu'un peu plus tard qu'on aura la seconde "exclu" du nouvel album avec "A Bloody Oath"... D'ailleurs, c'est après celui-ci que j'irai prendre l'air car "Taste Me" n'est pas l'un de mes morceaux préférés, l'occasion d'échanger quelques mots avec Alain Clément, mais aussi Heimoth (Seth) qui accompagne LOUDBLAST sur cette date, le temps de redescendre que c'est l'habituel "Cross the Threshold" qui est joué et c'est sur un "Black Death" des familles que sont invités divers chanteurs (je reconnais juste celui d'Arkanan), chanteurs que l'on entend à peine soit dit en passant et pour bien, on aurait sûrement préféré voir ceux de ce soir, histoire de marquer le coup !
Ceci dit, LOUDBLAST ne déroge pas à la règle et nous sert une prestation rôdée qui les placent vraiment en tête de liste des groupes de Metal Français, et avec "Burial Ground" sorti une semaine plus tard, il tarde de remettre le couvert pour en entendre plus en conditions "live"!

SETLIST : Steering For Paradise / Flesh / Emptiness Crushes My Soul / From Dried Bones / Never Endin’ Blast / Frozen Moments Between Life And Death / The Bitter Seed / A Bloody Oath / Taste Me / The Horror Within / Cross The Threshold / My Last Journey / Black Death

Une soirée qui réunissait peut-être ce qui reste de l'époque des 90's (quoique SUPURATION en plus à l'affiche, ça l'aurait fait !) on en regrette tout de même ce qui ne sont plus tels que MASSACRA...
De très belles prestations de chacun des groupes de la soirée, et si le "French Big 4 United" était une date "test" en vue d'une tournée, j'espère bien que pour la voir reconduite, on voit tout de même plus de monde se bouger (oui, bon on était pas 50 non plus, mais une salle à moitié comble seulement, c'est un peu décevant) !
En tout cas bravo à l'équipe du Métaphone pour l'initiative, aux 4 groupes présents ce soir qui prouvent que le Death Metal existe encore en France et à de beaux jours devant lui , mais surtout qu'il y aura toujours des headbangers présents pour supporter sa scène nationale !