Evènement ! Pour sa première date de tournée européenne, les teutons troubadours de Corvus Corax ont choisi comme unique date en France : Lyon ! Évènement surprise car la date n’a été annoncé officiellement que quelques jours à l’avance. Pas de pré ventes, les intéressés sont conviés directement à se présenter sur place. La place en question : la charmante salle underground du Lyon’s Hall qui après moult rumeurs de fermeture se voit accueillir bien au contraire des têtes d’affiches de plus en plus respectables, voir prestigieuses. Malgré l’annonce tardive du concert, voilà déjà une foule bien animée qui se présente à l’ouverture des portes, mêlant les habitués des diverses scènes des concerts lyonnais.

Comment les membres de Corvus Corax allaient ils pouvoir tenir tous dans la salle ? Telle était la grande question venant immédiatement aux esprits pour ceux connaissant les lieux…quelle fut donc la surprise de ceux-ci en constatant la métamorphose opérée sur la salle pour l’occasion : extensions de la scène, rampes d’éclairage supplémentaires, tentures de velours et méli melo d’instruments traditionnels et d’ossements sur les planches. Le décor est posé ! et quel décor !
Première partie de soirée intimiste avec The Moon and the Nightspirit, bienvenue en France à nos amis hongrois. Le quatuor ne tarde pas à découvrir (à leur dépend) les spécificités acoustiques des lieux, toujours périlleuses même pour les plus aguerris. Gênés par les traditionnels retours sonores peu évidents, il faut un peu de temps aux musiciens pour s’acclimater, la concentration est de mise. Ainsi les parties vocales et de violons se distinguent difficilement, et si la douceur de The Moon and the Nighspirit provoque parfois la chair de poule, une grande partie du public ne semble pas être atteint par cet univers de quiétude peut être plus captivant sur support cd qu’en live. Mais s’il n’atteint pas tout le monde, l’aspect émotionnel est bien présent, mettant en évidence la simplicité touchante d’un groupe qu’il a fait bon de pouvoir rencontrer, bien qu’encore un peu trop discret.

La transition avec la tête d’affiche est pour ainsi dire…brutale ! car voilà Corvus Corax qui arrive en courant, cornemuses en main, se jetant immédiatement à corps perdu dans un show complètement déjanté. Stupéfait par une telle foire sur scène, le public met un certain temps à réagir. Mais comment résister à une telle ambiance ? la folie sur les planches contamine la salle et c’est une joyeuse pagaille qui animera ensuite tous les corps. Véritablement déchaînés, les allemands tourbillonnent avec leurs instruments, alternant avec toute la palette de musique médiévale connue. Le jeu de scène est bien rodé, faisant passer l’ensemble des bagads bretons pour de la musique d’ascenseur. Nul besoin de micros, la force des bras et du souffle suffit, réchauffant la salle pour une atmosphère digne des concerts extrêmes les plus animés. Le concept de médieval/biniou extrême, ou le fait d’imaginer un joueur (ou plutôt quatre joueurs) de cornemuse tournoyant tel un derviche vous parait peut être un peu étrange ? Corvus Corax repousse les limites du visible et de l’entendu, au cours d’une prestation ahurissante et démentielle. Du jamais vu au Lyon’s Hall, du jamais vu à Lyon…du jamais vu tout court en fait. 90 minutes dans ces conditions passent très rapidement, et c’est un public complètement sous le choc que les allemands laisseront scotché au terme de leur spectacle on ne peut plus impressionnant. Cette date croyez moi fera parler d’elle encore dans longtemps !