CHRONIQUES DE CONCERTS

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GRAEME ALLWRIGHT
Avec : Graeme Allwright01
Date du concert : 30-05-2015  
Lieu : Palais de la Mutualité - Lyon [ 69 ]  
Affluence : NC  
Contact organisateur : http://www.athouboutdchant.com/  
Interview :  
   
Date de la chronique : 03 juin 2015 - Chroniqueur : Franckenstrat - Photographe : Franckenstrat  


Attachez vos ceintures, éteignez vos portables, écrasez vos mégots car voici venir chers amis, bien plus qu’un simple chanteur francophone dont beaucoup de chansons sont désormais immortelles, voici venir une légende et une légende encore vivante qui plus est.

Monsieur Graeme Allwright âgé de 88 ans nous revient une fois de plus en concert, dans un Palais de la Mutualité sold out où l’on ne peut plus rien rentrer. Franchement, c’est la grande classe !!
Bien entendu, vous devinerez bien que je ne suis pas accrédité car si Black Roger et moi avions demandé une accréditation pour Pavillon 666 afin de pouvoir chroniquer Monsieur Graeme Allwright, je pense très sincèrement que l’on nous aurait ri au nez
Qu’à cela ne tienne. Un appareil photo de circonstance dans la poche, se trouver assis dans les trois premiers rangs et le tour est joué.

Pour faire simple, Graeme Allwright est en quelque sorte notre Bob Dylan francophone. Graeme compte parmi les derniers des grands songsters et fait résolument partie des chanteurs contestataires qui ont accompagné toutes les grandes luttes du 20ème et aussi du 21ème siècle, que l’on retrouve sur des titres comme « Larzac 75 », « Johnny » ou encore « La ballade de la désescalade » etc.

Parmi les grandes références de Graeme, on trouve Bob Dylan, Pete Seeger, Tom Paxton, Woody Guthrie, ainsi que son vieil ami Léonard Cohen.
Graeme adaptera en français un grand nombre de leurs textes. C’est très certainement grâce à lui qu’en France nous les avons découverts.

Avec son ami le banjoïste et guitariste Steve Waring, il va contribuer à amener le folk américain en France, notamment le hillbilly, le old time et le bluegrass.
Steve et Graeme vont également beaucoup œuvrer pour l’enfance avec des chansons magnifiques pour petits et plus grands, ainsi que des spectacles de découvertes musicales.

Le blues aura également une importance énorme dans la carrière de Graeme Allwright qui incarne complètement le rôle du hobo francophone.
Nous retrouverons ainsi des titres phares comme « Emmène-moi » (Take me home) de Johnny Cash, « Je perds ou bien je gagne » (Blues run the game) de Jackson C Frank etc.
La philosophie de vie du hobo se traduit par des titres tels que « Le trimardeur », « Le clochard américain », « Sacrée bouteille » de Tom Paxton, « Ne laisse pas partir ta chance », «Jusqu'à la ceinture » de Pete Seeger et tant d’autres encore, qu’il serait difficile de tout nommer ici.

Franchement je suis complètement scotché. Quelle soirée au palais de la Mutualité !!
La salle est comble et Monsieur Graeme Allwright, accompagné de ses deux musiciens, va nous faire un set de deux heures. Pour son jeune âge (88 ans) je trouve qu’il tient plutôt bien la barre et que cela relève de l’exploit. Je pense qu’au même âge que lui, il y a longtemps que je boufferais les pissenlits par la racine.
Par contre Graeme tient sacrément bien la distance et entame son set avec sa « Marseillaise » revue et corrigée en hymne pacifiste. Il n’a rien perdu de sa verve et de ses idées et toute la salle reprend avec lui.

Entouré de ses deux musiciens malgaches, Erick Manana à la guitare et Dina Rakotomanga à la contrebasse, Graeme Allwright déroule son set avec passion, force et mélancolie. Ses deux musiciens sont de véritables virtuoses issus du courant jazz et cela transpire complètement dans leur jeu résolument fluide et harmonieux.
Par moment, il est vrai que Graeme a quelques difficultés sur son accordage et certaines paroles, mais ses deux comparses sont là pour le soutenir. De toute façon, je me demande bien qui n’aurait pas la moindre difficulté à son âge.
Quoiqu’il en soit Graeme prend tout cela avec son éternel humour et sa simplicité d’homme naturel qu’il est et n’hésite pas à en rire et à recommencer un morceau depuis le début si ça ne convient pas. Malgré l’âge, il est toujours aussi exigeant avec lui-même pour satisfaire son public qu’il aime tant.

Sa voix est toujours aussi magnifique et vous prend aux tripes. C’est un véritable voyage musical que nous offre Graeme à travers sa vie de hobo et de songster folk. Et l’on passe de chansons sentimentales en ballades folks ponctuées de blues ou de chansons engagées. On traverse bien plus qu’une vie d’horizons en horizons, d’univers en univers.
Graeme déroule avec mélancolie toute cette poésie qui a bâti sa carrière et sa vie. Il y a toujours la petite anecdote qui accompagne chaque titre. Chanteur, musicien, poète, conteur, il est tout cela à la fois, une personnalité unique et hors du commun qui nous emmène avec lui sur la route pour nous conter combien son cœur est triste et qu’il a mal aux pieds.

Si Graeme était jadis un excellent guitariste, aujourd’hui il ne joue plus qu’en accompagnement laissant la part mélodique à Erick Manana. Je pense qu’à presque 90 ans, les rhumatismes gagnant, il n’est plus du tout possible de jouer en finger picking comme il savait si bien le faire avant. De toute manière, on ne peut que se réjouir de le voir encore sur scène à s’amuser comme un gosse en mettant son nez rouge pour chanter l’immortel « Sacrée bouteille » de Tom Paxton, en imitant à la perfection le type qui se prend cuite sur cuite.

Littéralement standing ovationné par tout le public du Palais de la Mutualité, il fera tout de même un rappel en glissant avec humour qu’il commence à être un petit peu fatigué.

Quel bonhomme, quelle classe, merci Monsieur Graeme Allwright. Merci d’être encore là et de continuer l’aventure pour nous faire encore rêver et espérer que malgré la désescalade, il n'est pas trop tard pour commencer loin de toutes ces salades qui retardent la venue du jour de clarté.








 


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