CHRONIQUES DE CONCERTS

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Beth Hart
Avec : French Tobacco01, Beth Hart02
Date du concert : 15-11-2015  
Lieu : Le Transbordeur - Villeurbanne [ 69 ]  
Affluence : NC  
Contact organisateur : http://www.lesdernierscouches.com/  
Interview :  
   
Date de la chronique : 21 novembre 2015 - Chroniqueur : Franckenstrat - Photographe : Franckenstrat  


En ce dimanche soir, ça démarre vraiment de bonne heure au Transbordeur. Enfin bon, on ne va pas râler, c’est déjà un coup de chance que le concert n’est pas été annulé compte tenue des évènements.

C’est le concert de French Tobacco qui m’accueille dans la salle. Oui je suis un peu à la bourre mais ce n’est pas de ma faute puisque je suis tombé sur le roi des casses couilles qui se trouvait devant au guichet et qui étalait toute sa vie, donc j’ai mis pas mal de temps à récupérer mon accréditation. Comme toujours, les gens se croient seuls sur terre, rien ne change.

French Tobacco, c’est genre de mec beau brun ténébreux qui est seul sur scène avec sa gratte et sa valise, sa suitcase folk rock, qui lui sert de grosse caisse comme de tambourin.
Sacha de son vrai prénom et Stacy du vrai prénom de sa valise, revisitent un folk rock très épuré avec de magnifiques ballades plutôt feutrées qui sentent le vent, la poussière et la route.

Durant son set très court de trente minutes, French Tobacco trouvera la place pour une petite reprise de Dépêche Mode célèbrement revisitée par Johnny Cash, vous l’avez deviné : « Personal Jesus ».
Sa musique n’est ni triste, ni désenchantée, elle est simplement empreinte d’une certaine nostalgie. Le son de sa guitare est feutrée et sa voix plus ou moins de velours. C’est un musicien un peu dans un style hobo qui est très agréable à écouter.

A la fin de son set, il va finir à capella avec une petite marseillaise des familles reprise en chœur par le public du Transbo.
Personnellement, je ne suis pas spécialement un adepte de ces élans patriotiques que les gens prennent comme une envie de pisser. Voyez, c’est un peu comme croire en dieu quand ça arrange et lui envoyer des prières que lorsque l’on est dans la merde.
J’aurai trouvé plus approprié une magnifique et longue minute de silence car les silences font parties intégrantes de la musique et que toutes les personnes atrocement assassinées à Paris méritaient plutôt un recueillement discret.

Le changement de plateau prend un peu de temps, ce qui me permet d’aller investir le pit photo et de me préparer pour les trois premiers morceaux, parce qu’après c’est dehors que ça se passe.

L’obscurité tombe sur la salle et dans la pénombre Beth Hart et son Band font leur entrée sous une véritable ovation.
Avant de s’installer à son piano, la belle californienne va au devant de la scène pour s’adresser au public avec des mots émouvants, empreints de tendresse, d’affection et d’incompréhension. Choquée et touchée par les terribles assassinats qui ont eu lieu à Paris le 13 novembre, elle placera son concert sous le signe de la paix et de la compassion.

A 43 ans, Beth est toujours la même bête de scène qu’elle a été, mais en plus assagie avec ce nouvel album « Better than home » qui est sorti début 2015.
Beth Hart c’est déjà neuf albums au compteur, agrémentés de deux live. C’est aussi un parcours chaotique, jalonné de difficultés personnelles dues à ses problèmes de santé et à son ancienne addiction.
Beth est une véritable combattante de la vie et toute sa musique s’en ressent. Animée d’un vrai charisme, elle sait communiquer à son public une vraie force, un véritable espoir, comme seules les personnes qui ont vraiment souffert savent le faire.

Toute la première partie du set va se dérouler principalement avec Beth derrière son piano.
En intro Beth va donner un ton bien mélancolique à son set avec « Leave The Light On », puis lentement le feu va s’allumer entre soul et blues avec des titres comme « Better Man » ou « One Eyed Chicken ».

L’énergie passe comme un court jus et la sauce prend direct. Le public décolle de terre et moi aussi par la même occasion.
La voix surpuissante et déchirée de Beth est une vraie thérapie. Elle chante et puis soudain tu oublies tout, même que tu es là.
Des titres de folie s’enchaînent les uns après les autres, comme « Waterfalls » ou encore «Lifts you up », Beth le blues dans la peau donne tout ce qu’elle a et fout ses tripes sur la scène du Transbo.

Quelle gifle, quelle émotion, ça te prend à la gorge et ça ne te lâche plus.
Beth est tout à la fois. Elle est l’ultime réincarnation de Janis Joplin avec une pointe d’Aretha Franklin et de Tina Turner, une touche de Rickie Lee Jones et j’en passe.
Son Band avec lequel elle a une véritable complicité est composé de musiciens totalement incroyables qui prennent un pied énorme à l’accompagner sur scène et n’hésitent pas à faire le show avec elle.

Si le son est totalement énorme, il va sans dire que le décor de fond de scène l’est aussi. L’illusion d’optique est totalement réussie. La diva californienne a opté pour quelque chose de pur et de grandiose, des formes de colonnes en pierres dont l’éclairage à la fois hypnotique et reposant varie au gré du concert. C’est absolument magnifique et cela apporte une certaine démesure à la scène, comme si Beth jouait dans un immense temple ou un théâtre antique. Pour la petite histoire, sur « Leave The Light On », le fond de scène sera illuminé en bleu, blanc, rouge, image à la fois magnifique et irréelle, une part de sublime dans l’intemporel.

Avec un rappel malheureusement trop court, cela aura fait 1h30 de show intense où Beth a su encore trouver le parfait équilibre entre groove et mélancolie.
C’est le cœur serré que nous la regardons partir. L’ovation qu’elle reçoit en compagnie de ses musiciens est digne de la prestation qu’elle nous a offerte.
La reine du blues et de la soul s’en va dans la nuit vers d’autres routes, d’autres villes et d’autres salles. La magie de sa voix et de sa musique restera encore un moment, planant dans l’atmosphère de la salle comme un écho, un message qui nous dit que la musique à reprit ses droits, ceux de la liberté.

Je tiens à remercier chaleureusement Laurent et l’Association Les Derniers Couchés qui ont eu la gentillesse de convier Pavillon 666 à cet évènement exceptionnel.
Merci également au Transbordeur et à son accueil chaleureux.







 


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