CHRONIQUES DE CONCERTS

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LES RAMONEURS DE MENHIRS
Avec : Les ramoneurs de menhirs01
Date du concert : 20-06-2016  
Lieu : Ninkasi Kao - Lyon [ 69 ]  
Affluence : nc  
Contact organisateur : http://www.ninkasi.fr/  
Interview :  
   
Date de la chronique : 02 juin 2016 - Chroniqueur : Franckenstrat - Photographe : Franckenstrat  


Pour ne pas changer, je suis encore légèrement à la bourre et là Ô surprise, je me retrouve en arrivant devant la salle de concert du Ninkasi avec l’entrée habituelle grillages complètement fermés. S’en suit un léger moment de panique et de solitude, jusqu’à ce que mon éternel instinct de diplomate reprenne le dessus et que je me retrouve à secouer les grilles comme un sauvage. Du coup un mec de la sécurité est sorti au pas de charge et m’a tout de même reconnu immédiatement et m’a indiqué le nouveau dédale à suivre afin de pouvoir espérer rentrer dans la salle de concert.
Et vas-y que je te tourne à gauche, passer par l’entrée principale, reprendre à gauche, traverser le bar, changer à Opéra puis à Concorde, reprendre à droite, tu parles d’un cirque !!

Bref, ce soir c’est fest noz version punk au Ninkasi et c’est toujours un plaisir de retrouver les Ramoneurs de Menhirs sur les planches lyonnaises.
Le concert vient juste de débuter et c’est déjà la furia dans la fosse qui bouge au rythme des danses bretonnes.

C’est donc parti pour un show de plus de deux heures, un set « dans an diaoul » emmené à la cadence des plinn, des ronds, des pilées menus, des ridées etc. Impossible d’arriver à nommer toutes ces danses et ces chants qui jadis rythmaient le travail, les fêtes et le quotidien de la vie rurale du peuple de Bretagne.
En tout cas je vous assure que le kan ha diskan et le gwerz arrangés à la sauce punk façon Béru, ça le fait grave. Impossible de s’ennuyer dans un pareil concert. De plus, Loran qui s’impose sur scène en tant qu’historien du genre, nous fait partager à travers ses explications l’origine et le but de chaque chant qui allait souvent de pair avec une danse spécifique et appropriée. Par conséquent si on est novice en la matière, on sort déjà moins con du concert, c’est toujours ça de gagné.
On comprend aisément pourquoi Louise Ebrel, illustre chanteuse et fille d’Eugénie Goadec, s’est prise d’affection pour les quatre garçons et n’a pas hésité à aller plusieurs fois chanter sur scène à leur coté.

Pour en revenir au set lui-même, il n’y a pas un instant de répit et les titres s’enchainent à la vitesse de la foudre. Le public est complètement galvanisé et s’agite dans tous les sens. La scène est devenue un quai et la fosse une marée humaine avec des flux et des reflux d’agités qui s’éclatent au son de la musique traditionnelle bretonne revisitée.
Les Ramoneurs De Menhirs ont réussi une fois de plus leur pari, ils ont retourné le Ninkasi !!
C’est un vrai spectacle et chaque membre du groupe est sans cesse en mouvement. Ils échangent les voix, les instruments, c’est un véritable déferlement d’énergie.
Ce qui est intéressant chez les Ramoneurs de Menhirs ce sont les personnalités uniques qui composent le groupe. Aucun des membres ne ressemblent à l’autre que ce soit au travers de la personnalité ou de l’empreinte sonore.

Gwenaël Kere possède une voix très folk et mélodique qui se marie parfaitement avec le chant du traditionnel breton qui n’est pas une langue particulièrement facile à chanter.
Lorsqu’Éric Gorce prend le micro, s’est déjà moins tendre et l’on rentre immédiatement dans un style totalement punk et bien sauvage.
Quand c’est Loran qui tient le crachoir, là non plus, ce n’est pas une sinécure. Malgré ses 52 balais, Loran n’a toujours pas mis sa langue dans sa poche et ce n’est pas près d’arriver. Toujours proche du public avec lequel il aime dialoguer, il joue cartes sur table et ne mâche pas ses mots. Le contexte social particulièrement dégueulasse dans lequel nous vivons depuis déjà pas mal de temps lui file du grain à moudre et tous les saligauds en prennent pour leur grade.
Par contre, Loran est déjà un vieux de la vieille et personne ne va la lui faire. Ainsi lorsque certaines personnes réclament à corps et à cris « Porcherie », Loran n’hésite pas à répondre en toute franchise que désormais ça le fait chier de chanter ce titre car aujourd’hui, la jeunesse n’emmerde plus le front national, elle vote carrément pour lui. Quand on y regarde de plus près, on ne peut pas lui donner tort.
Toutefois le public sera satisfait car Loran balancera un bon vieux medley des Béru qui enchantera toute la salle, moi y compris, puisque mon grand âge fait que j’ai été de ceux qui ont eu la chance de voir les Béru sur scène dans les années 80. Par conséquent, une certaine nostalgie demeure…

Mais revenons en aux Ramoneurs De Menhirs car c’est bien eux le sujet de ce live report. Leur message est clair : « sortez vous les doigts, responsabilisez-vous et auto-dirigez-vous ». Jamais de message de haine, encore moins de violence, il est simplement question de se motiver et de se prendre en charge face aux inégalités et face aux injustices. Bref, c’est au fond un message plein de maturité qui mérite que l’on s’y attarde pour mesurer nos responsabilités à chacun dans ce monde où tout va de travers.

Pendant ce temps là sur scène la tempête bretonne ne faibli pas et le vent va grossissant. Les Ramoneurs naviguent vent arrière et ça défouraille sévère d’un morceau à l’autre. Eric et Richard, les talabarders et sonneurs s’en donnent à cœur joie à souffler dans les bombardes et les binious koz qui font tout le charme de cette musique énergique et entraînante.
Les drapeaux noirs seront également de sortie sur pas mal de titres avec notamment le jeune Erwann qui s’occupe de leur matos et qu’on retrouvera en train de faire tournoyer l’étendard noir juste derrière Loran, Erwann qui viendra même pousser la chansonnette avec ses potes.
Pour vous la faire simple et brève, on assiste à un vrai concert punk dans un style purement festif comme on en fait plus.

Je tiens tout de même à ouvrir une parenthèse sur une intervention de Loran que j’ai particulièrement appréciée et qui était consacrée à M. Léonard Peltier dont je suis également un fervent défenseur. Emprisonné depuis 40 années au pénitencier fédéral de Lewisburg en Pennsylvanie juste pour avoir défendu ses droits légitimes et la liberté de son peuple sur une terre qui était la sienne, Léonard Peltier fut condamné en 1977 à la peine de deux fois perpétuité sans que son procès fût une seule fois révisé.
Loran interpelle alors le public sur l’importance des libertés tout en rappelant que Barack Obama se doit de libérer M. Peltier avant la fin de son mandat pour justement faire de la liberté un symbole et rendre une action juste.
Bien entendu s’en est suivi un superbe titre dédié tout spécialement à Léonard Peltier.

A la fin du concert, c’est toujours dans une ambiance énorme que le groupe rend hommage à toutes les personnes qui ont contribué à la venue des Ramoneurs De Menhirs au Ninkasi.
Loran s’offrira une petite bière bien méritée qu’il boira dans une corne qu’il partagera avec des membres du public et tandis que le reste du groupe s’échappera par l’entrée des artistes, Loran lui sautera dans la fosse pour un petit bain de foule dans un pur style anti héro comme il sait si bien le faire…
Un immense merci à vous les Ramoneurs De Menhirs, je vous dis juste que vous êtes absolument énormes car je ne trouve plus les qualificatifs !!

Pavillon 666 remercie Corentin et toute l’équipe du Ninkasi pour nous avoir convié à partager cette affiche à leur côté. Nous tenons également à remercier Julie, l’araignée qui tisse les réseaux pour sa gentillesse et sa disponibilité.







 


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