CHRONIQUES DE CONCERTS

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NEIL YOUNG
Avec : Charles Pasi01, Neil Young02
Date du concert : 15-06-2016  
Lieu : Halle Tony Garnier - Lyon [ 69 ]  
Affluence : nc  
Contact organisateur : http://www.eldorado.fr/  
Interview :  
   
Date de la chronique : 24 juin 2016 - Chroniqueur : Franckenstrat - Photographe : Franckenstrat  


Ce n’était pas un 10/10 que méritait ce concert résolument gigantesque, mais un 20/20. Toutefois à cause de certaines déconvenues, je ne lui ai attribué que 9/10. Vous me direz que cela ne change pas grand-chose, mais tout de même.
Il est évident que ce soir on joue dans la cour des grands puisque Neil Young officie à la Halle Tony Garnier, ce qui me change des salles de moindres capacités que j’ai l’habitude de fréquenter. Cela va sans dire, on s’y sent déjà bien moins à l’aise. Toutefois, il faut bien aller traquer le « gibier » où il se trouve et tâcher d’être le plus adaptable possible.
Il y a juste à déplorer quelques incidents photographiques à cause du caméraman qui était littéralement placé devant moi avec pour parfaire le tout un agent de sécurité qui me bouchait complètement le dernier angle de vue qu’il me restait.
Par conséquent j’ai du m’éclipser dans la fosse quasiment devant la scène afin de pouvoir vous ramener quelques photos potables.
Il m’était impossible professionnellement parlant de ne rien vous ramenez d’un concert aussi mythique que celui-ci. Cela aurait été une injure au rock’n roll et à Neil Young lui-même que de revenir les mains vides et de ne pas pouvoir vous faire profiter de quoi que ce soit, ne serait ce même qu’un souvenir.
C’est un peu dans la douleur que ma mission fut accomplie, mais écoutez plutôt la magnifique histoire que je vais vous conter, celle d’une légende, celle de Neil Young sous les feux de la Halle Tony Garnier ce soir à Lyon…

L’histoire musicale a bien débutée comme prévue à 20h pétantes avec Charles Pasi et son guitariste. Deux musiciens à la saveur artistique exceptionnelle, c’était un vrai régal.
Une demi-heure de show acoustique d’une intensité rare à mi chemin entre Simon & Garfunkel, Tom Waits et Roy Rogers & Norton Buffalo.
Digne des meilleurs bluesmen, Charles Pasi va faire hurler, chanter et pleurer son harmonica sur des blues tout comme sur des folk song. Le guitariste qui l’accompagne n’est pas en reste non plus car il a vraiment un toucher de guitare d’une légèreté incroyable que ce soit en picking, en strumming ou encore en slide.
Les deux musiciens chantent particulièrement bien et le duo réussi à lui seul à gagner le cœur de toute la Halle Tony Garnier où le public est arrivé d’un coup en masse pour écouter ces deux artistes vraiment talentueux.

Franchement si j’étais venu au hasard ne sachant pas que Neil Young était derrière, j’aurai facilement pu croire qu’il s’agissait de l’affiche principale de la soirée.
Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas vu un si gros niveau en première partie d’une grosse affiche.
Grâce à la virtuosité de ce duo incroyable, on se promène dans les méandres acoustiques du jazz, du blues et du folk avec un son dépouillé d’une grande pureté. Que ce soit sur l’harmo ou les guitares, il n’y a aucun artifice et le son n’en est que plus prenant.

Charles Pasi qui est principalement au chant et à l’harmonica va même donner la réplique à son compagnon en jouant lui aussi sur guitare acoustique.
Au vu du triomphe que le public leur a fait à la fin de leur set, on peut dire qu’ils ont fait un vrai carton et que nous sommes surs de les revoir très bientôt dans l’une de nos salles et je vous promets que je m’arrangerai pour y être. C’était fabuleux, du pur bonheur…
Je vous invite à découvrir d’urgence Charles Pasi et ses musiciens via sa page facebook et son site officiel dont vous trouverez les liens ci-dessous.
https://www.facebook.com/charlespasi/
http://www.charlespasi.fr/


Il n’est pas 21h lorsque des figurants déguisés en agriculteurs viennent semer des graines sur les planches de la Halle. Nous sommes en plein au cœur du nouveau combat contre Monsanto que mène Neil Young depuis quelques années.
Même à l’extérieur sur le parvis de la Halle des stands d’Earth and Young sont dressés à l’attention du public avec distribution de tracts concernant le procès Monsanto.

Soudain au cœur de l’obscurité la magie émerge avec la voix de Neil Young installé au piano et qui va nous livrer de façon intimiste dans une pénombre bleutée, vingt minutes de show acoustique.
Les titres désormais légendaires qui s’enchainent font frissonner. Tantôt au piano ou à la gratte, mais toujours avec le porte harmo autour du coup les chefs d’œuvre tombent les uns derrières les autres.
D’After The Gold Rush, en passant par le mélancolique Heart Of Gold ou encore Comes A Times et le sombre The Needle And The Damage Done.
C’est une entame de set puissante et émouvante que nous offre ici le canadien qui maîtrise l’art de faire vibrer son public à grands coups de poésie et de nostalgie.

Arrivent ensuite pour faire le break d’autres figurants affublés de combinaisons chimiques qui vaporisent une sorte de neige carbonique stigmatisant les pesticides déversés à longueur de temps sur les récoltes du monde entier.
Quelques huées timides émergent du public. Monsanto est conspué dans la Halle mais dans un style plutôt light. Le public ne semble pas être venu pour assister à un meeting sur l’audit de la planète et trépigne. Il veut du Neil Young, du folk, du rock, de la musique et croyez moi il va être servi.
Cet interlude à coups de pulvérisateurs à permis à Neil de s’installer à l’orgue pour une interprétation résolument émouvante du traditionnel irlandais Mother Earth.
La partie Neil solo touche maintenant à sa fin et c’est une pléiade de jeunes musicos qui rentrent en piste et qui vont accompagner Neil tout au long d’un show particulièrement électrique.

Les cinq musiciens qui composent le groupe de Neil sont tous des jeunes sans exception avec un niveau absolument énorme.
Neil pourrait facilement être le père de chacun d’entre eux et la complicité intime qu’ils affichent sur scène avec ce monstre sacré du rock fait vraiment plaisir à voir.
Neil va continuer de jouer un moment sur sa vieille Martin avant de passer à la phase supérieure avec sa magnifique hollow body couleur crème et là, c’est l’avalanche de titres légendaires qui s’abattent sur le public de la Halle avec des chefs d’œuvre comme Alabama, Out Of The Week End, Someday, Winterlong, From Hank To Hendrix ou encore Western Hero.
On revisite avec émotion tout le répertoire qui a fait la légende de Neil Young et toute la grandeur de son œuvre car on ne devient pas une légende du rock par hasard.

Neil et ses musiciens vont totalement lâcher les chiens et entrainer avec eux le public dans des sphères musicales résolument hallucinantes. Les intros comme les fins sont fouillées et beaucoup de titres se terminent dans des délires musicaux tantôt progressifs ou encore psychédéliques tant et si bien qu’à chaque fois on a l’impression qu’un morceau ne s’achève jamais car le band redémarre aussi sec sur un autre.
Très franchement, depuis la fosse nous ramassons la grosse gifle. Je ne suis pas en mesure de dire si ce concert est historique, mais il est néanmoins exceptionnel et d’une qualité hors normes.
Neil Young et sa clique vont envoyer un Révolution Blues du tonnerre à vous décoller de terre. D’autres titres comme Like An Inca, Words ou encore Love To Burn me laissent un peu plus pensif. Mais ce Révolution Blues que je n’avais écouté que sur les réseaux sociaux est carrément énorme avec un Neil Young plus engagé que jamais.

Deux écrans géants placés de chaque coté de la scène diffusent ce concert majestueux aussi puissant en son qu’en lumière. En effet, il y a très peu de variations dans les lights et le canadien et son band jouent sous une pluie de light trop claires et bien trop blanches.
Toutefois, cela n’entame aucunement la qualité du set, ni l’énergie musicale qui fait un peu l’effet d’un tsunami sonore sur la Halle.
Malgré la montre qui tourne, Neil Young est très loin d’en avoir terminé avec nous. Ce sont presque dix autres titres non moins colossaux qui vont encore nous attraper par les oreilles et nous secouer dans tous les sens. Ainsi, c’est avec un pur plaisir que nous allons avoir le droit à un Mansion On The Hill et Un Country Home tous deux issus de la grande période où Neil était encore avec son fameux band « The Crazy Horse ».

Par la suite s’en suivra un morceau que je n’aime pas beaucoup, The Monsanto Years, non pas que j’apprécie Monsanto, bien au contraire, mais ce genre de titre me fait penser à du Johnny Clegg revisité à la sauce bio et ça, vraiment ce n’est pas mon truc.
Encore quelques titres et Neil Young va s’éclipser de scène avec sa troupe puis va revenir pour un magnifique rappel très rock dans la pure tradition Neil Young avec Cortez The Killer. Sa vieille Gibson noire va rugir comme jamais mais malheureusement minuit sonne. Nous sentions Neil Young encore bien chaud pour nous en balancer encore trois ou quatre, mais c’est la direction de la salle qui a du dire stop.

Presque 3h30 de concert mes amis, c’est tout simplement énorme !! A 71 ans Neil Young qui est un homme qui n’a pas eu une vie facile a le visage marqué par les rides, je peux vous assurer que son cœur reste jeune et qu’une fois de plus il a encore tout donné.
Mon désespoir pour cette soirée est que nous n’aurons pas eu Hey,Hey, My, My, mais le principal reste d’avoir cet ultime privilège d’avoir eu Neil Young et son éternel heart of gold.
Je tiens vivement à saluer avec respect l’immense artiste qu’il est et ce qu’il représente. Merci Mr Neil Young.


Pavillon 666 tient à remercier chaleureusement toute l’équipe d’Eldorado Lyon et de Gérard Drouot Productions pour nous avoir convié à partager cet évènement exceptionnel à leur côté. Nous tenons également à remercier tout particulièrement François car sans son intervention, cette chronique n’aurait pas pu voir le jour.







 


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