CHRONIQUES DE CONCERTS

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MOTOCULTOR FESTIVAL - JOUR 3
Avec : Ministry, Testament, Soulfly, Batushka, Dying Fetus, Arkona, Nashville Pussy, Obscura, Bongzilla, Secrets of the Moon, Conan, Fractal Universe, Vektor, Svarstot, Lost Society, Black Bomb A, Stonebirds, Leng Tch'e, Recueil Morbide, Big Sure, Poésie Zéro
Date du concert : 21-08-2016  
Lieu : Motocultor Festival Open Air - Saint Nolff [ 56 ]  
Affluence : 20000  
Contact organisateur : http://www.motocultor-festival.com/wordpress/home/  
Interview :  
   
Date de la chronique : 29 août 2016 - Chroniqueur : Azmep - Photographe : Nicolas Chaigneau https://www.facebook.com/nicolaschaigneauphoto/  


En cette matinée du dimanche 21 août le temps semble moins menaçant que la veille mais connaissant les caprices de la météo bretonne je ne préfère présumer de rien. C’est tout de même sous un soleil de plomb que je me dirige vers le site et la main stage pour le premier concert de la journée. Celui-ci démarrant une heure plus tôt que les autres jours, les festivaliers sont un peu moins nombreux.
L’ouverture est donc assurée par Poésie Zéro. Premier constat : ils portent bien leur nom ! Nous sommes accueillis par un magnifique « Alors, on a bien dormi comme des grosses merdes ? » Point positif : le son est bon et la voix du chanteur ressort mieux que ce qu’on a pu avoir la veille. Son utilisation pour insulter le public et l’organisation du festival est par contre d’assez mauvais goût à mon avis. Le public semble plutôt amusé et ne prend pas vraiment le groupe au sérieux.

Les membres de Recueil Morbide prennent le relai avec un brutal death dont l’équilibre entre lourdeur et rapidité est à mon goût très bien géré. Je regrette que le public n’ait pas été très dense, je pense que beaucoup de festivaliers auraient pu s’éclater sur ce set.

On enchaîne ensuite avec les Belges de Leng Tch’e qui secouent également le public et le réveillent totalement avec leur grind (tout en s’excusant de tirer les festivaliers de leurs sacs de couchage à une heure aussi matinale que 13h20 !) Le courant passe entre la scène et le pit et le chanteur descend même quatre fois au contact de la foule pendant le set. Petit bonus : un festivalier est invité à monter le rejoindre le temps d’un morceau ; un peu désemparé et étonné au départ, il a soutenu le chanteur avec un scream plutôt puissant.

Changement de niveau avec l’arrivée de Black Bomb A. Ceux qu’on ne présente plus étaient très attendus au Mototcultor et la quasi-totalité des festivaliers se masse dans la pente surplombant la petite Suppositor Stage. Sans chichis les Français lancent un set explosif qui ravage les oreilles d’un public surexcité. La fosse n’est qu’un tapis roulant déversant ses slammeurs sur les vigiles entre les multiples pogos et circle pits. Malgré la cuisson imposée par la météo, tout le monde se défoule danc ce joyeux bordel. Et cette joie se voit aussi sur scène : les membres de Black Bomb A sont visiblement très contents de cet accueil.

Si l’ambiance dans le public ne peut rester à ce niveau d’excitation non contenue, les Finlandais de Lost Society maintiennent avec brio une ambiance électrique et dynamique qui semble ne pas vouloir retomber depuis le passage de Recueil Morbide deux heures et demie plus tôt. C’est un véritable plaisir.

Le chroniqueur reste humain et va donc se sustenter. C’est l’occasion pour moi d’aller voir les stands de restauration dont je n’avais pas vu l’organisation cette année. Comme beaucoup des festivaliers de l’année dernière j’avais été très déçu par les temps d’attente et la baisse de qualité de la nourriture proposée. Cette année on est revenus dans le raisonnable : si les galettes, sandwiches et autres croques (une nouveauté très plaisante !) n’arrivent pas à une vitesse folle, on n’a plus du tout l’impression de perdre notre temps devant le stand. Les frites sont peu cuites mais avec une friteuse pour 20 000 festivaliers on ne peut pas demander aux bénévoles de faire des miracles… Ceux-ci semblent beaucoup moins exténués que lors de l’édition précédente, j’espère que cela témoigne d’une meilleure rotation des postes parce que j’avais compris que qu’on sortait d’une édition calvaire. Bref : il y a toujours des choses à peaufiner mais on profite tout de même. Des tables installées sous des tentes permettent de prendre le repas à l’abri… du Soleil ! On regrettera juste que les chapiteaux empêchent de profiter des concerts de loin en mangeant.

Le ventre plein, il est temps pour moi de retourner devant la scène. Et bien m’en prend parce que c’est le tour des Lorrains de Fractal Universe. Les co-vainqueurs du Headbang Contest (avec Gaidjinn qui est passé vendredi) nous délivrent un set à la fois brut et technique qui convainc le public. Tout le monde bouge sous le chapiteau et on observe d’ailleurs l’un des plus beaux wall of death du festival.

Est-il nécessaire de préciser que l’arrivée de Graveyard sur la Dave Mustage est synonyme d’un changement radical d’ambiance ? Les suédois qui flirtent avec le blues et le rock psyché nous emmènent loin. Par contre, seul un petit noyau du public semble réellement profiter des morceaux, les autres festivaliers n’ont pas l’air de goûter au style de Graveyard dans le contexte du Motocultor qui nous habitue il est vrai à des sons plus violents.

Je quitte les chapiteaux pour rejoindre la Suppositor Stage : il est temps d’apprécier le set d’Obscura. Personnellement j’aime beaucoup le death mélodique et très technique des allemands mais c’est la première fois que je vais les voir sur scène. Je ne suis pas déçu et ceux qui ont fait le déplacement non plus à ce que je vois même si le chant aurait gagné à un peu plus ressortir. Seul bémol à mon avis : le jeu de scène quasiment absent et la communication très froide avec le public (même si en tant que photographe j’apprécie des poses un peu plus statiques de temps en temps)

Stop ! Arrêtez tout ! Soulfly va bientôt jouer et les festivaliers quittent les deux scènes secondaires avant la fin des sets en cours pour rejoindre le chapiteau de la Dave Mustage.
Extrêmement attendu, Max Cavalera provoque une explosion de cris de joie à son arrivée devant le public. Le rouleau compresseur Soulfly se met alors en route et l’ambiance devient indescriptible. Alors que les pogos servent de support aux slammeurs la totalité du chapiteau saute sur place. Là-dessous, un nuage de poussière s’élève, transformant l’atmosphère en un brouillard suffocant et épais qui n’arrête pas le moins du monde les festivaliers déchainés. Poussé par la nostalgie (j’écoute Soulfly depuis le collège) et l’envie de me défouler (oui, c’est compliqué de voir les autres s’amuser quand on est photographe), je réussis à me débarrasser de mon matériel pour m’éclater lorsque Prophecy démarre. Après deux morceaux au sein du public je m’offre une sortie rapide en slam et je profite du mythique Roots Bloody Roots depuis la périphérie du pit. Ma seule déception : Jumpdafuckup exécutée en sautant simplement les parties de voix claire effectuées par Corey Taylor sur la version studio.
Sortir de ce set, c’est compliqué, on a envie que ça ne s’arrête jamais. Mais fort heureusement le festival lui continue !

D’ailleurs je retourne face à la Suppositor pour profiter de Dying Fetus. Les Américains auraient à mon avis dû bénéficier d’une scène un peu plus grande pour balancer leur death metal mais au moins on apprécie les dernières lumières de la journée. Sous-entendu rien que par leur simple présence : on ne quitte pas l’ambiance défouloir ; cet après midi est décidément extrêmement dense. De nouveau le public répond présent mais la quantité de slams et de circle pits diminue.

Retour sous le chapiteau pour une nouvelle tête d’affiche : les routiers du metal américain de Testament sont venus s’emparer de la scène bretonne. La poussière qui s’était reposée après la fin de Soulfly ne tarde pas à s’élever de nouveau même si l’heure est moins aux pogos. Etonnement cette fois c’est plutôt le chant clair qui pêche en termes de puissance ; la batterie par contre sonne devant tous les autres instruments et impose son rythme à la foule. Tout le monde reprend en chœur l’air de The Preacher dans une ambiance chaleureuse et sombre à la fois.
Encore une fois 55 minutes ne sont pas assez.

Batushka ou Arkona ? Pagan ou… messe noire ? Je me laisse convaincre par l’ambiance construite sur la Suppositor, ce sera donc Batushka pour moi. « J’irai courir profiter un peu d’Arkona ensuite » me dis-je… Lecteurs, oubliez cette idée : Batushka m’a mis une des plus grosses claques de ce festival et j’en ai totalement oublié l’existence d’une seconde scène.
L’ambiance sur scène était déjà très sympa avant que le set ne commence : autel recouvert d’un velours rouge, encensoir, cierges et musiciens au visage dissimulés sous les capuches de grandes bures noires… et la musique a commencé. Un mélange parfait en tout point de guitare électrique lourde et mélodique à la fois, de gutturaux lointains et de chants liturgiques traditionnels. Une messe noire musicale qui a soufflé tout le public : personne n’a pipé mot de tout le set. Devant Batushka on se sent transporté vers quelque chose de plus grand, on est embrassé par cette ambiance d’église qu’ils créent sur scène et le frisson qui nous parcourt le dos est un frisson de plaisir.

La journée aurait pu se terminer en point d’orgue mais il reste la cerise sur le gâteau. Une grosse cerise : Ministry. Le dernier moment de folie de la journée, la dernière montée d’adrénaline sous le grand chapiteau. La dernière grosse baffe du Motocultor 2016 qui commence par Punch in the Face tout en puissance. En fond de scène une compilation de mèmes de Donald Trump se prend à répétition des coups de gants de boxe. Ministry impose un train d’enfer qui secoue les tripes pendant une heure de set où on saute d’un morceau à l’autre sans pause. La fin nous laisse tout retournés et un peu perdus quand le silence se fait de nouveau et qu’il faut intégrer que le festival vient de se terminer alors qu’on vient d’ingérer un spectacle aussi efficace que de la caféine en intraveineuse.

Cette troisième journée a été ma préférée de cette édition 2016. Autant hier je n’ai pas fait l’enchaînement de groupes que j’aurais le plus apprécié, autant aujourd’hui je me suis pris claque sur claque, défouloir sur défouloir et ambiance géniale sur ambiance géniale tout au long de l’après midi et de la soirée. Les quelques manques au niveau du son n’ont pas non plus gâché les performances donc on les oublie vite.


Bilan général du festival selon votre chroniqueur :

Si on commence par les basiques, on a été très chanceux au niveau du temps : la seule vraie saucée qu’on a eue était au début de journée le vendredi et on n’a eu que deux averses le samedi. Le dimanche on était limite à se plaindre du soleil trop fort, c’est pour dire que la météo bretonne ne nous a pas joué de mauvais coups !
La nouveauté de cette année a bien sûr été la présence de chapiteaux. De mon point de vue il y a du positif et du négatif. En point positif il y a ce pourquoi ils ont été montés : la protection des caprices de la météo. Je pense notamment à comment le set de T.A.N.K a pu se dérouler sans encombre vendredi alors que la pluie qui tombait au dehors aurait en temps normal perturbé la prestation. Il y a aussi le côté rassembleur : les groupes n’ont pas joué devant des publics trop clairsemés parce que les festivaliers devaient venir sous le chapiteau pour suivre les sets. Mais c’est aussi un défaut : il est devenu impossible de s’asseoir dans l’herbe et de ne profiter d’un groupe que d’une oreille, ce qui change radicalement l’ambiance puisqu’il n’y a plus d’intermédiaire entre aller voir un groupe devant la scène et ne pas écouter ce qui est joué. En tant que photographe un peu plus qu’en tant que festivalier j’ajouterais que les chapiteaux font perdre l’ouverture vers la lumière naturelle, le Motocultor n’est plus si « Open Air » que ça.
La programmation a été dans l’ensemble très bien : si à mon goût la qualité des groupes a été un peu plus faible le samedi, globalement les festivaliers semblent avoir profité de bout en bout.
Ce que je ne m’explique pas par contre est la quasi disparition de l’ambiance festive au sein du public. Pour moi le Motocultor est indissociable des jeux débiles improvisés, des déguisements ou des pseudos rondes bretonnes exécutées à l’arrache sur le site juste dans un esprit de n’importe quoi. Et ce grain de folie je ne l’ai pas vu cette année.

Dernière information : il nous a été dit à la conférence de presse que le festival a été loin de ses objectifs d’entrées cette année. Sur les 25 000 festivaliers de prévus sur le weekend il n’y en a eu que 20 000 contre 22 000 l’année dernière. Les questions sur l’avenir du festival restent donc malheureusement toujours d’actualité. Aucune annonce précise n’ayant été faite, il n’est pour l’instant pas nécessaire de s’attarder sur les rumeurs qui circulent.

A l’année prochaine j’espère.






 


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